La période estivale invite au repos et à la tranquillité. C’est, en principe, le moment de faire le vide pour pouvoir ensuite faire le plein au travail. Ce qui n’est pas donné à tout le monde, selon Les Echos.
Si le droit à la déconnexion est inscrit dans la loi depuis, protégeant ainsi les salariés de certains abus, il n’est pas certain que beaucoup en aient pleinement conscience. Nombreux sont ceux qui peinent à couper avec le travail et à se préserver des sollicitations qui en émanent et passent par les canaux les plus divers : e-mails, applications de messagerie, téléphone… D’autant que le monde du travail a changé depuis 2016. « L’hybridité » est devenue la norme, ou presque, et nombreux sont les salariés qui télétravaillent deux ou trois jours par semaine, souvent depuis chez eux.
Courriels reçus le soir, la nuit, durant le week-end ou pendant les vacances… Les sollicitations en dehors des heures « de bureau » – excessives et intrusives – sont nombreuses et il appartient à chacun de fixer ses limites. La généralisation du télétravail est un progrès incontestable à bien des égards, mais elle a aussi cet inconvénient de faire entrer chez soi la sphère professionnelle et d’accroître la porosité entre vies pro et privée. Résultat : le temps gagné sur le transport s’est parfois converti en temps de travail, au lieu d’être consacré aux loisirs ou à la famille.
L’intention derrière autant de messages ? En aucun cas de vous stresser ni de vous demander de vous remettre au travail. La réponse, du reste, peut attendre le lendemain ou votre retour de vacances. On ne voudrait surtout pas vous embêter… Il n’empêche que vous recevez ce message, e-mail ou notification, parce que votre smartphone pro est à proximité de vous. Parce que vous étiez justement sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur vos applis et que l’hyperconnexion est désormais au cœur de la civilisation moderne.
Là où le bât blesse, c’est que les outils de notre vie personnelle sont, à peu de chose près, les mêmes que ceux que nous utilisons pour le travail. Voilà qui explique que certains se sentent pris dans un cercle vicieux, car il n’y a plus de réelle coupure entre les sphères professionnelle et privée.
Conscients de tout cela, nous peinons cependant à nous protéger. La tentation est grande de répondre aux sollicitations, par politesse ou par réflexe, parfois hélas par obligation. Quelques outils efficaces peuvent toutefois nous épauler.
Celui, par exemple, de cette entreprise française de cybersécurité dont une fonctionnalité se consacre à la déconnexion. Intégrée à une solution, elle informe l’expéditeur – via un e-mail automatique – que son message a été transmis en dehors des horaires de travail du destinataire et que celui-ci en prendra connaissance à son retour.
Ce principe simple est doublement vertueux : il protège le destinataire et donne matière à réflexion à l’expéditeur. Voilà qui est plutôt bienvenu quand on sait qu’un quart de nos e-mails sont reçus en dehors des heures de travail !
Pour un droit
à la déconnexion mentale
Mais, pour de nombreux salariés, une déconnexion numérique ne suffit pas. En dehors de toute sollicitation ou notification, et même loin de notre smartphone, il arrive (souvent) que nos pensées demeurent tournées vers le travail.
S’en libérer requiert une forme de rigueur ou de discipline, car même quand nous sommes à nos loisirs ou en compagnie de nos enfants, nous pouvons insidieusement continuer à être aspirés par notre vie professionnelle et tout ce qui s’y rattache. Ce n’est parfois même pas le travail lui-même qui se rappelle à nous mais des aspects purement sociaux ou relationnels.
Il faudrait pouvoir étendre le droit à la déconnexion (numérique) à la sécurité et à la vacance psychologique. Autrement dit, à la déconnexion mentale.
Or, puisqu’il s’agit d’un mécanisme individuel, le rôle de l’entreprise ne peut guère aller au-delà d’une politique plus volontariste en la matière.