Depuis le 21 septembre, les réseaux sociaux sont en ébullition, l’automne fait son grand retour. Et inonde nos feeds sur les réseaux sociaux de ses tons mordorés. Mais comment expliquer cette passion (presque débordante) pour la mi-saison ?
Par: Marwa Mourad
Le hashtag #fall compte près de 77,6 millions d’utilisations. Sa version française #automne, en comptabilise, elle, 5 millions. Depuis le premier septembre, les influenceurs lifestyle de la plateforme sont en effervescence et tournent en boucle : l’automne est de retour. Et leurs feeds se parents des couleurs fauves si caractéristiques de la saison.
Et si on ne peut que reconnaitre les qualités esthétiques de l’automne, sa lumière plus douce et rasante, ses couleurs ocres et la douceur qui s’en émane (n’échappant pas à la règle visiblement, l’auteur de ces quelques lignes doit bien avouer être lui-même partial à la saison), comment expliquer cette frénésie automnale qui s’empare des réseaux sociaux alors que les jours raccourcissent ?
Un besoin de ralentir et de cosy
« C’est ma saison préférée, probablement, depuis toujours. Comme les journées raccourcissent, on a envie de sortir les plaids, les petits pulls pilou-pilou, et de faire des activités relaxantes », confiait d’entrée de jeu Charline, de la chaine YouTube et du compte Instagram « La pause rustique » auprès de nos confrères de Usbek&Rica.
C’est clair que dans l’imaginaire collectif l’automne rime avec grosse chaussette, retour des pull, boisson chaude (et Starbucks l’a bien compris avec son fameux Pumpkin Spice Latte) et autres joyeusetés du jour. La dimension doudou et cosy de l’automne expliquerait donc son succès sur les réseaux sociaux ?
« En été, on préfère peut-être profiter de l’extérieur. L’arrivée de l’automne, c’est se retrouver chez soi et faire ce qu’on ne pouvait pas faire en été, parce qu’on ne va pas allumer le four quand il fait 40 degrés » continue Charline. « En automne, j’ai énormément d’inspiration. Je suis beaucoup de gens qui aiment les activités créatives comme moi, et je remarque que c’est souvent le cas. L’arrivée du froid, le changement de couleurs de la nature, ce sont des inspirations, tout comme les saveurs que l’on retrouve en automne : les pommes, les poires, la cannelle… » Et de noter « ce sont des contenus qui marchent bien, j’ai beaucoup de retours de gens qui eux aussi adorent cette saison ».
Au carrefour de nombreuses esthétiques
Il se trouve aussi que l’automne se trouve au carrefour de bon nombre d’esthétique qui cartonne sur les réseaux sociaux. Du cottagecore (comprendre une vie romancée et idéalisée d’un mode de vie plus rural) au dark academia (comprendre une esthétique idéalisant le savoir, la culture, à la croisée en Draco Malfoy et Mercredi Adams, sortant d’un défilé Ralph Lauren) en s’offrant des détours dans d’autres niches populaires sur les réseaux (comme booktok et son instagram, bookstagram), l’automne s’infiltre très facilement et de manière prolifique sur nos réseaux.
Et ailleurs, de nombreux films par exemple comme Harry Potter, « Quand Harry rencontre Sally » ou même la saga « Twilight » respirent l’automne. De même pour la série à succès « Gilmore Girls » dont de nombreux fans se lancent dans un énième rewatch de la série américaine une fois l’automne venu.
Une fuite en avant ?
Ce besoin de confort, de douceur, cette dimension saison doudou traduirait-elle donc aussi une sorte de fuite en avant ? De moyen d’échapper à la réalité. Pour certaines influenceuses concernées, l’automne apparait comme une pipette de sécurité, comme un moyen de faire sauter la pression.
Une influenceuse disait au Time que cette “fall aesthetic” était comme un retour à l’enfance et qu’elle permettait d’évacuer l’anxiété accumulée dans notre quotidien et que c’est pour ça qu’elle résonne autant avec le public.
Ce que semble confirmer Charline. « Quand on voit les soucis écologiques, on a envie d’un retour aux sources, et peut-être de se débrouiller soi-même, de faire moins partie du système industriel. Je pense que le Covid a beaucoup développé ça. Par exemple, beaucoup de gens ont commencé à apprendre à faire leur pain pendant cette période »,
Comme une sorte de retour à l’essentiel à la dimension quasi-méditative, l’engouement pour l’automne apparait donc aussi comme une réponse au monde actuel et un besoin de reprendre du temps.