L’investissement dans les projets de production d’énergie renouvelable et d’hydrogène vert a largement retenu l’attention des investisseurs et des responsables européens et égyptiens au cours de la Conférence Egypte-UE sur l’investissement. La majorité des protocoles de coopération signés pendant les deux journées de cet événement important entre l’UE et l’Egypte ont été consacrés aux projets énergétiques. De même, quatre accords dans le domaine de l’ammoniac vert ont été signés au deuxième jour de la conférence, d’une valeur d’investissement totale s’élevant à 33 milliards de dollars.
Trois projets clés déterminent l’avenir «éolien» de l’Egypte
L’avenir des énergies renouvelables en Egypte semble prometteur, avec un engagement clair du gouvernement pour diversifier ses sources d’énergie, augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique et réduire sa dépendance aux combustibles fossiles.
L’Egypte attire des investissements étrangers dans le secteur des énergies renouvelables. Plusieurs entreprises internationales ont déjà investi dans des projets d’énergie éolienne et solaire, ce qui contribue à la croissance de ce secteur. Le gouvernement égyptien collabore avec des organisations internationales et des pays pour développer ses capacités en matière d’énergies renouvelables. Cela inclut des partenariats pour la technologie et le financement. L’Etat envisage également de devenir un hub régional pour l’électricité verte, en exportant l’énergie renouvelable vers d’autres pays, notamment en Europe et dans les pays voisins.
Avec des politiques favorables, des investissements croissants et une volonté de développer
des infrastructures durables, l’Egypte est bien positionnée pour devenir un leader en matière d’énergies renouvelables dans la région.
En effet, il existe plusieurs grands projets dans le domaine de l’énergie éolienne. Voici trois projets des plus importants dans ce secteur :
1. Le parc éolien de Gabal El-Zeit, situé sur la côte de la mer Rouge, est l’un des plus grands en Afrique et au Moyen-Orient. En juillet 2023, le Fonds souverain d’Egypte avait reçu une offre de la britannique Actis pour acquérir le complexe éolien. Pour rappel, le complexe de Gabal El-Zeit se compose de trois projets d’une capacité totale de 580 MW : Gabal El-Zeit 1, d’une capacité de 240 MW, Gabal El-Zeit 2, d’une capacité de 220 MW, et Gabal El-Zeit 3, d’une capacité de 120 MW. Le projet a été mis en œuvre en coopération avec le gouvernement espagnol. Pouvant alimenter un demi-million de ménages, le parc a été construit en 30 mois. Il a couté au total 285 millions de dollars qui ont été mobilisés par le biais de prêts consentis par la Banque allemande de développement (Kwf) et la Banque européenne d’investissement (BEI) et d’une subvention de la représentation de la commission européenne en Egypte. « Cette centrale permettra d’économiser 175 000 tonnes d’équivalent pétrole qui pourront être utilisés pour produire de l’énergie à partir des centrales thermiques », a déclaré Wael Salah, l’ingénieur en chef du projet.
2. Un autre projet notable est le parc éolien de Ras Ghareb, également situé sur la côte de la mer Rouge. Ce parc éolien a une capacité de production d’électricité importante et contribue à l’objectif de l’Egypte d’augmenter sa part d’énergies renouvelables dans son mix énergétique. Un protocole d’accord (memorandum of understanding / MOU) a été signé par les partenaires du consortium composé d’Orascom Construction PLC, Toyota Tsusho Corporation et ENGIE, avec l’Egyptian Electricity Transmission Company (EET) et la New & Renewable Energy Authority (NREA) pour la construction et l’exploitation d’un nouveau parc éolien de 3 GW. La cérémonie s’est déroulée lors de la COP27 à Charm El-Cheikh, en présence du Premier ministre Dr Moustafa Madbouli. Le nouveau projet de parc éolien de 3 GW s’appuie sur les succès obtenus par le consortium dans le développement de parcs éoliens, d’une capacité totale de 762,5 MW, sur ce même modèle «BOO» (« Build, Ownand Operate »)en Egypte : Le consortium a achevé le parc éolien de Ras Ghareb, le premier projet de producteur indépendant d’énergie renouvelable (IPP) de ce type et de cette taille en Egypte, d’une capacité de 262,5 MW, avec deux mois d’avance sur le calendrier en octobre 2019. Le 31 octobre 2022, a été posée la première pierre d’un autre parc éolien de 500 MW. Egalement situé sur les rives du golfe de Suez, à 40 km au nord-ouest de Ras Ghareb, ce projet sera la plus grande centrale éolienne terrestre du portefeuille d’ENGIE une fois pleinement opérationnelle, fin août 2025. Ce projet sera capable de fournir de l’électricité renouvelable à plus de 800 000 foyers égyptiens. Il accélérera la transition de l’Egypte vers la production d’énergie renouvelable et permettra de réduire les émissions de CO2 d’environ 1 million de tonnes par an. Les parcs éoliens du consortium soutiendront de manière significative les efforts de décarbonisation du pays. Ils contribueront aux objectifs du pays en matière de production d’énergie renouvelable, qui vise 42% d’électricité produite à partir de sources renouvelables d’ici 2030.
3. Un autre projet important est le parc éolien de Zaafarana, l’un des premiers parcs éoliens d’Egypte. Ce parc est en opération depuis plusieurs années et a contribué à la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne dans le pays. Il s’agit d’une centrale de production d’électricité à partir du vent, située dans la ville de Ras Ghareb, dans la province de la Mer Rouge. Elle fait partie des premières fermes éoliennes établies pour produire de l’énergie éolienne en Egypte. Sa superficie est de 120 kilomètres carrés et elle produit un tiers de la production du Haut-Barrage. La construction du parc s’est déroulée en 8 phases, de 2000 à 2010, et il est le deuxième plus grand parc éolien en Afrique de l’Est après celui de Jabal El-Zeit, qui produit 580 mégawatts. Le parc de Zaafarana, dédié à la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne, compte 700 turbines, générant des quantités d’énergie variées. La création de la centrale de Zaafarana a été financée par des prêts à taux préférentiels provenant du Danemark, d’Espagne, du Japon et d’Allemagne, et sa construction a coûté 110 millions d’euros. La centrale est entièrement sous la responsabilité de l’Autorité de l’énergie nouvelle et renouvelable.
L’Egypte mise sur les énergies renouvelables
Soucieuse de renforcer ses capacités de production d’électricité et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, l’Egypte mise sur les énergies renouvelables. Malgré une surcapacité de génération électrique, le gouvernement égyptien réaffirme sa volonté de transformer son bouquet énergétique en annonçant de nouveaux projets renouvelables (1 GW solaire et 2 GW éolien). Dans sa stratégie de diversification énergétique (Integrated Sustainable Energy Strategy 2035), l’Egypte se fixe comme objectif de porter la part des énergies renouvelables à 42% de son mix énergétique en 2035. Pas moins de 7 600 km² de terrains désertiques ont été alloués par décret présidentiel aux projets d’énergie renouvelable. En 2023, la part des EnR dans le mix électrique a atteint 12%. A cet effet, l’ambition est d’atteindre les 42% de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030. En ce qui concerne 2035, l’objectif est que l’éolien puisse fournir 14%, l’hydroélectricité 2% et le solaire 25%
Le développement de l’hydrogène vert en Égypte représente un investissement stratégique dans l’infrastructure énergétique du pays. Il crée des emplois et stimule la croissance économique locale. En s’associant avec des entreprises internationales et des institutions financières, l’Égypte renforce sa position sur le marché mondial de l’énergie verte et diversifie ses sources de revenus.
La Stratégie énergétique 2035
Le ministère de l’Electricité œuvre à la mise en œuvre de la Stratégie énergétique 2035 de l’Egypte, qui vise à atteindre un équilibre entre les sources d’énergie renouvelables et traditionnelles, à promouvoir la durabilité environnementale et à réaliser une transition vers une économie respectueuse de l’environnement. Cette étape s’inscrit dans le cadre de l’engagement de l’Égypte à atteindre les objectifs de développement durable. Les énergies renouvelables et l’hydrogène constituent l’un des fondements principaux pour atteindre l’objectif du développement durable, car elles dépendent des ressources naturelles renouvelables et ne provoquent pas d’émissions nocives pour l’environnement.
Cette stratégie doit contribuer à la réalisation d’une transformation majeure dans le secteur de l’énergie en Égypte, car la part des énergies renouvelables dans le mix électrique doit atteindre 42% d’ici 2035. Des travaux sont actuellement en cours pour modifier la Stratégie pour inclure l’hydrogène en tant qu’élément essentiel des sources d’énergie durables dans le pays.
Cette étape reflète l’engagement de l’Égypte à aller de pair avec les derniers développements mondiaux en matière d’énergie et de transition vers une économie verte. L’application de cette stratégie et la dépendance aux sources d’énergie renouvelables et à l’hydrogène vert auront de nombreux avantages économiques et environnementaux pour l’Égypte, y compris la des émissions nocives de gaz à création de nouvelles opportunités d’emploi et la réductioneffet de serre.
Phase plus durable
La signature d’un accord entre les deux ministères de l’Electricité et du Pétrole et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement pour obtenir une subvention afin de financer les travaux consultatifs de l’élaboration d’une Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène traduit la volonté du gouvernement de passer à une phase plus durable. La mise en œuvre de cette stratégie doit avoir un impact significatif sur le secteur de l’énergie en Égypte et sur l’économie. En général, l’augmentation de la dépendance aux énergies renouvelables et à l’hydrogène vert contribue à fournir une énergie durable, qui favorise le développement économique et à réduire la dépendance aux sources d’énergie.
Quant à l’interconnexion électrique avec les pays voisins : Un projet d’interconnexion électrique est en cours entre l’Égypte et l’Arabie Saoudite. Il vise à faciliter les échanges d’énergie entre les deux pays d’une capacité de 3000 mégawatts. La première phase du projet est prévue se terminer en 2025.
La première phase du projet de liaison électrique entre l’Égypte et le Soudan est déjà entrée en service, d’une capacité de transmission de 80 mégawatts. Des préparatifs sont en cours pour mettre en œuvre la deuxième phase, qui vise à porter la capacité de transmission à 240 et 300 mégawatts, en installant des compensateurs de puissance, du côté soudanais.
Des travaux sont en cours pour augmenter la capacité de la ligne d’interconnexion électrique entre l’Égypte et la Jordanie pour promouvoir la coopération économique et les échanges d’énergie entre les deux pays. Plusieurs réunions ont eu lieu en 2022 pour examiner l’interconnexion électrique entre l’Egypte et la Grèce dans le cadre des protocoles de coopération et de l’échange d’énergie durable, signés entre les deux parties.
L’Autorité de l’énergie nucléaire a fait plusieurs réalisations en contribuant activement à un certain nombre de projets nationaux liés au programme nucléaire pacifique égyptien, surtout son rôle vital dans le cycle du combustible nucléaire. L’Autorité a réalisé pendant cette période des progrès tangibles dans le domaine de l’exploration et de l’extraction des ressources nucléaires.
L’Autorité a également mené des études techniques et économiques pour exploiter les gisements de sable noir et de minéraux économiques existants dans le Littoral Nord de l’Égypte. Elle a également participé à la création de la Compagnie égyptienne de sable noir en coopération avec l’Agence du service national. Elle a également participé à la création de la Compagnie égypto-chinoise de sable noir pour exploiter le sable noir dans la région de Glion. Un partenariat a été formé entre l’Autorité de l’énergie nucléaire et la Compagnie égyptienne de sable noir pour exploiter les matières premières dans la région du Rachid-Adkou, y compris les travaux de dragage dans le lac Manzala et de purification du port de Damiette.
Les étapes de la mise en œuvre du premier projet de centrale nucléaire à Dabaa se poursuivent, car le projet comprend quatre unités nucléaires d’une capacité totale de 4 800 mégawatts en coopération avec la partie russe. Il est prévu que la première unité soit achevée d’ici 2029.
En ce qui concerne le projet des compteurs intelligents prépayés, plus de 213 000 compteurs intelligents ont été installés dans le périmètre de six compagnies de distribution d’électricité. Le projet vise à remplacer tous les anciens compteurs du réseau électrique par des compteurs intelligents ou prépayés. En outre, les réseaux de communication et les centres de données liés à ces compteurs seront mis en place pendant les dix prochaines années. 15 millions de compteurs prépayés ont été installés dans les compagnies de distribution d’électricité. Ces efforts visent à améliorer d’une manière significative le système de facturation des compteurs, à améliorer l’efficacité énergétique et à améliorer les services de distribution pour les utilisateurs.
Les projets d’énergie solaire, un net essor
Les projets d’énergie solaire en Egypte connaissent actuellement un net essor, car le pays est situé dans la ceinture solaire, ce qui le qualifie pour un rayonnement solaire direct. L’Egypte bénéficie d’une richesse de sources d’énergie renouvelables, en particulier dans les domaines de l’énergie éolienne et solaire, et le pays a alloué environ 7 650 000 kilomètres carrés de terres à la mise en œuvre de projets d’énergie renouvelable, pouvant accueillir des capacités allant jusqu’à environ 35 gigawatts d’énergie éolienne et 55 gigawatts d’énergie solaire, afin d’augmenter la capacité de production d’électricité renouvelable à 42% d’ici 2030.
La quantité de rayonnement tombant sur l’Egypte atteint plus de 6 000 milliards de kilowattheures par jour, soit plus de 100 fois l’énergie électrique produite pendant toute l’année 1996-1997, selon le service d’information égyptien.
L’Egypte affirme mettre en œuvre des projets d’énergie solaire dans des zones caractérisées par une forte luminosité solaire tout au long de l’année, sans être liées à une saison spécifique, ce qui exclut l’arrêt d’aucune des stations d’énergie solaire du pays, coïncidant avec la baisse des températures. .
La région de Kom Ombo, dans le gouvernorat d’Assouan, reçoit la plupart des projets d’énergie solaire en Egypte, ainsi que Hurghada et la région de Zaafarana.
Complexe d’énergie solaire de Benban
Le parc d’énergie solaire de Benban est l’investissement le plus important de l’Égypte dans les énergies renouvelables et figure sur la liste des plus grands parcs d’énergie solaire au monde.
La production électrique du complexe solaire de Benban équivaut à environ 90% de l’électricité produite par le Haut-Barrage, car le complexe contient 32 stations solaires, d’une capacité de 1 465 mégawatts, avec des investissements s’élevant à deux milliards de dollars.
Le complexe est situé dans la région de Benban, dans le gouvernorat d’Assouan, qui se caractérise d’être l’une des zones les plus radioactives, dépourvue de plaines et de hauts plateaux.
Selon les données gouvernementales citées par les rapports internationaux, le gouvernorat d’Assouan dispose d’un avantage comparatif dans la mise en place de projets d’énergie solaire, grâce au fait que le village de Benban bénéficie d’un taux d’ensoleillement tout au long de l’année.
Il convient de noter que les étapes de mise en œuvre du complexe solaire de Benban ont commencé en 2015, puisque le pays a réussi à exploiter commercialement le complexe en avril 2018 et que le ministère égyptien de l’Electricité l’a inauguré en décembre 2019.
La Société financière internationale, affiliée à la Banque Mondiale, a financé une partie des investissements du complexe Benban d’une valeur de 653 millions de dollars, avec la participation de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et d’un certain nombre d’autres sociétés.
Le nombre de panneaux solaires utilisés dans le complexe de Benban atteint environ 200 000 panneaux solaires.
Station d’Al-Kouraïmat
L’Egypte possède également une station solaire thermique dans la région d’Al-Kouraïmat, dans le gouvernorat de Gizeh, qui repose sur la connexion du cycle combiné au champ solaire.
La centrale solaire thermique d’Al-Kouraïmat est l’un des 3 projets mis en œuvre sur le continent africain, en Egypte, au Maroc et en Algérie.
Selon l’Autorité des énergies renouvelables, la capacité de la station solaire d’Al-Kouraïmat est de 140 mégawatts, dont 20 mégawatts de composants solaires.
L’Egypte a commencé l’exploitation commerciale de la centrale solaire thermique le 1er juillet 2011, avec un taux de fabrication locale du composant solaire atteignant 50%.