Dans son allocution, le ministre Abdel Aati s’est adressé à son audience en ces termes :
“Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,
Monsieur le Président de l’Assemblée générale, ‘Philimon Patja’,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, ‘Antonio Guterres’,
Je m’adresse à vous de cette tribune en ce moment critique, au milieu de crises complexes qui secouent le Moyen-Orient et le monde… portant la vision de l’Égypte ancrée dans l’histoire et tournée vers l’avenir, une Égypte qui a connu les défis et les guerres et qui a adopté la paix, la justice et le travail comme approche pour construire une région et un monde où tous vivent dans la liberté, la dignité et la justice.
Je m’adresse à vous au nom d’un État fondateur des Nations Unies, dont le rôle dans la construction de ponts et le tissage de consensus internationaux est reconnu par tous, près et loin, et dans la défense des intérêts de ses cercles arabes, africains et en développement… Notre conviction est ferme quant à l’importance de préserver un système multilatéral efficace pour construire des relations internationales stables basées sur le respect du droit international et la propagation de la paix et de la coopération.
De ce point de vue, nous estimons qu’il est impératif de sonner l’alarme face au danger dans le contexte international actuel… Le système international, établi il y a près de huit décennies, est confronté à un dysfonctionnement fondamental qui menace de l’éroder et de mettre en péril sa survie en raison de l’absence d’efficacité, du manque d’égalité et de la prévalence de doubles standards.
Les jeunes générations du monde posent des questions légitimes sur l’utilité du système international multilatéral et son impact sur la vie de l’homme contemporain… Leur assure-t-il la sécurité ? Les aide-t-il à faire face à la pauvreté et à la faim ? Les protège-t-il des risques du changement climatique ? … Leur fournit-il les connaissances et les prépare-t-il à faire face aux horizons des technologies avancées ? … Intervient-il pour les sauver face à l’occupation, au terrorisme, aux meurtres et à la destruction ? Applique-t-il des normes unifiées et transparentes et utilise-t-il la même mesure pour toutes les questions ?
Face à cela, et à la lumière des préparatifs du “Sommet du futur” qui ont vu des questions légitimes similaires, et des résultats positifs que le sommet a atteints, que nous saluons pour ce qu’ils représentent comme un pas correct vers le renouveau de la vitalité et de l’efficacité du système multilatéral, avec les Nations Unies en son cœur, permettez-moi de proposer une vision spécifique pour restaurer la confiance et la crédibilité et faire face aux doubles standards… et une conception pour une plus grande activation du système onusien et le renforcement de sa capacité à construire un meilleur avenir pour nos peuples, à travers cinq principes fondamentaux, à savoir :
Premièrement : Accepter qu’il n’y ait pas d’alternative au système onusien multilatéral, et que les défis de notre monde interconnecté et transfrontalier dépassent les capacités de tout État individuel ou groupe d’États à y faire face, il est donc inévitable de reconnaître que l’intégrité des Nations Unies, et par conséquent sa légitimité et sa survie, sont en jeu.”
Le ministre égyptien des Affaires étrangères a poursuivi son allocution en ces termes :
“L’agression israélienne continue sur Gaza depuis près d’un an, ainsi que l’agression en Cisjordanie, représentent une véritable honte pour la communauté internationale et ses institutions, incapables de fournir le minimum d’efforts et de pression pour arrêter cette agression qui a engendré une catastrophe humanitaire complète dans la bande de Gaza… Il a fallu des mois à la communauté internationale pour simplement commencer à demander l’arrêt de l’agression.
Nous condamnons fermement l’escalade israélienne dangereuse et sans limites, qui pousse la région au bord du gouffre… L’Égypte réaffirme son rejet total et sa condamnation complète de l’agression israélienne actuelle contre le Liban frère, qui constitue une violation flagrante de sa souveraineté, de son unité, de son intégrité territoriale et de son indépendance politique.
Notre priorité absolue maintenant est d’obtenir un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel, d’acheminer l’aide humanitaire, et de s’opposer fermement à toute tentative de liquider la cause palestinienne par le déplacement forcé ou les politiques de substitution démographique.
L’Égypte a déployé des efforts intenses de médiation en coopération avec nos frères au Qatar et avec les États-Unis, mais Israël a entravé ces efforts pendant plusieurs mois, empêchant le cessez-le-feu et l’acheminement complet de l’aide. Nous réaffirmons que l’établissement d’un État palestinien uni sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, reste la seule voie vers une solution juste et globale qui ramènera la stabilité dans la région et le monde, considérant cela comme la question centrale et le cœur du conflit dans la région.
Je tiens ici à saluer les positions courageuses du Secrétaire général des Nations Unies et des autres dirigeants onusiens, en particulier l’UNRWA… Nous présentons nos condoléances pour les martyrs de l’agence et les autres martyrs des agences de l’ONU qui sont tombés sous les balles de l’occupation israélienne brutale, dans l’exercice de leurs responsabilités et de leur devoir de défendre le droit international et d’arrêter la machine de mort et de destruction.
Deuxièmement : La condition d’égalité est la participation réelle – et non formelle – à la prise de décision internationale… La participation n’est pas une faveur ou une concession de certains États envers d’autres… Elle est plutôt le fondement et la garantie d’une réponse efficace de la communauté internationale aux crises successives auxquelles le système international est confronté, et pour assurer la propriété commune des décisions internationales… Il est donc inacceptable que l’Afrique et les pays arabes restent sans représentation permanente avec tous les pouvoirs au Conseil de sécurité. L’Égypte s’en tiendra au consensus d’Ezulwini et à la déclaration de Syrte pour lever l’injustice historique imposée à notre continent africain.
Ensuite, on ne peut parler de participation réelle sans une réforme fondamentale de l’architecture financière mondiale et des institutions de financement internationales, y compris le développement des politiques et pratiques des banques de développement multilatérales et la fourniture d’un financement facilité aux pays en développement pour faire face aux répercussions des crises mondiales… Je réaffirme ici le soutien de l’Égypte à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies pour rendre les institutions de Bretton Woods plus justes et plus équitables envers les pays en développement.
Il n’y a pas d’alternative à une approche globale pour traiter le problème croissant de la dette souveraine des pays en développement, en renforçant l’efficacité des mécanismes existants et en créant de nouveaux mécanismes pour une gestion durable de la dette des pays à revenu faible et intermédiaire, ainsi qu’en élargissant la conclusion d’accords d’échange de dettes, contribuant ainsi à transformer le défi de la dette en opportunités de réaliser le développement durable.
La justice économique ne sera pas atteinte sans donner la priorité au développement en Afrique. Stimuler le développement est une garantie pour prévenir les conflits et réaliser une paix durable… L’Égypte s’efforcera, à travers sa présidence actuelle du Comité d’orientation des chefs d’État et de gouvernement de l’Agence de développement de l’Union africaine, et sous la direction du Président Abdel Fattah El-Sisi, d’aborder les questions de reconstruction post-conflit sur le continent africain, afin de stimuler le développement pour réaliser l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Troisièmement : La voie pour transformer les différences de ressources entre les États en avantages relatifs pour réaliser l’intégration et la coopération, plutôt que d’exacerber les disparités et approfondir le fossé entre les sociétés, passe par le renforcement du principe de responsabilité commune mais différenciée, ce qui est particulièrement évident dans la lutte contre le changement climatique et la gouvernance des ressources naturelles limitées de notre planète.
La pierre angulaire pour élever les niveaux d’engagements climatiques est directement liée à la forme et au volume du soutien international en matière de financement et de capacités technologiques avancées pour mettre en œuvre des mesures climatiques au niveau national. L’appropriation nationale des projets et des mesures garantit également la cohérence entre les priorités nationales et les objectifs de développement durable, et réalise l’intégration entre les dimensions environnementales, économiques et sociales, garantissant que la “transition équitable” ne devienne pas un obstacle au droit au développement et à l’élimination de la pauvreté. C’était précisément notre priorité lors de la Conférence des Parties COP27 à Charm El-Cheikh, et c’est la boussole qui guide notre mouvement diligent pour parvenir à des résultats efficaces et pratiques, notamment la conclusion d’un accord sur le mécanisme de financement des pertes et dommages pour aider les pays en développement les plus vulnérables au changement climatique.”