Le Kremlin a souligné que le pacte de défense mutuelle Russie-Corée du Nord, signé en juin par Vladimir Poutine et Kim Jong Un, était « clair », dans un contexte de tensions croissantes entre Pyongyang et Séoul et alors que Kiev assure que des soldats nord-coréennes combattent aux côtés des Russes. Ce texte a été déposé devant la Douma pour sa ratification. Un pas de plus vers l’entrée en vigueur d’un traité aux conséquences potentielles sur plusieurs fronts, rapporte RFI.
« La formulation du traité ne requiert aucune clarification, elle est claire », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe, interrogé sur la possibilité de l’implication de la Russie en cas de conflit armé ouvert entre les deux Corées. L’article 4 du traité prévoit « une assistance militaire immédiate » en cas d’agression armée. La défense mutuelle s’applique en cas « d’invasion » ou de « déclaration formelle de guerre ». La précision concernant l’article 4 de l’accord entre Pyongyang et Moscou a son importance à l’heure où le Kremlin ne parle que d’« opération spéciale » pour sa guerre en Ukraine. Au contraire des deux Corées qui sont, elles, officiellement en guerre.
L’armée nord-coréenne a dynamité mardi des tronçons de routes autrefois utilisés pour les échanges transfrontaliers avec la Corée du Sud, selon Séoul qui dit avoir de son côté procédé à des « tirs de réponse », un nouvel épisode dans la montée des tensions entre les deux pays.
La Russie et la Corée du Nord se sont considérablement rapprochées depuis que Moscou a déclenché une offensive contre l’Ukraine en février 2022, forgeant une alliance anti-occidentale. Pyongyang est notamment accusé par les Occidentaux de fournir quantités d’obus et de missiles à l’armée russe et par Kiev d’y envoyer des hommes.
Pour entrer en vigueur et apporter une éventuelle base légale à l’envoi de munitions et de troupes nord-coréennes à la Russie, le pacte doit être ratifié par les Parlements des deux pays. Mais Pyongyang n’a donné aucun signe en ce sens.
Par ailleurs, contrairement aux affirmations du Kremlin, les contours du texte sont flous sur la nature de l’aide et la collaboration que se doivent les deux pays si l’un d’eux affronte une menace directe. Ainsi, le traité ne précise pas si la Corée du Nord bénéficie du parapluie nucléaire russe.
Le regard que porte la Chine sur ce partenariat entre ses voisins est également mystérieux. Partenaire économique et stratégique essentiel des deux pays, elle reste discrète sur le sujet. « Les tensions dans la péninsule vont à l’encontre des intérêts communs de toutes les parties, et la priorité absolue est d’éviter une nouvelle escalade », a indiqué mardi lors d’un point presse régulier Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Pékin offre un soutien indirect aux transferts d’armes nord-coréennes vers la Russie et bloque toute nouvelle sanction du Conseil de sécurité à l’égard de Pyongyang. Mais elle a plus à gagner au maintien du statu quo dans la région que ses turbulents voisins.