Il était une fois, dans un marché animé du Caire, deux ingrédients que tout opposait : les pâtes et le riz. Chacun d’eux était fier de ses origines et de sa réputation dans la cuisine égyptienne, mais aucun ne supportait l’idée de partager un plat.
Le riz, avec son éclat doré, se considérait comme l’ingrédient phare de nombreux plats traditionnels, indispensable dans les repas des grandes familles. Quant aux pâtes, elles venaient d’horizons lointains et se vantaient de leur popularité internationale, se moquant souvent du riz pour sa simplicité. “Regarde comme les gens m’apprécient dans tous les coins du monde, du spaghetti à la lasagne. Toi, tu n’es qu’un simple accompagnement !” disait-elle, avec une pointe de condescendance.
Le riz, piqué au vif, répliquait : “Peut-être, mais ici, en Égypte, c’est moi qui règne en maître. Sans moi, il n’y aurait ni maklouba, ni mahshi ! Les plats où je brille sont légendaires.”
Et ainsi, la compétition entre le riz et les pâtes ne cessait de s’intensifier. Dans les cuisines des foyers égyptiens, ils se disputaient constamment la première place, créant une tension palpable dans chaque recette.
Un jour, un cuisinier exaspéré par leurs querelles incessantes eut une idée audacieuse. Il décida de les réunir dans un seul plat, accompagné d’autres ingrédients tout aussi puissants : les lentilles, les pois chiches, une sauce tomate épicée, et des oignons frits croustillants. C’était un pari risqué, mais il était déterminé à les faire cohabiter dans une harmonie gustative.
Le plat prit forme sous ses mains expertes. Au début, le riz et les pâtes s’ignoraient, chacun essayant de dominer le plat, mais quelque chose de magique se produisit. Dans la bouche, l’alliance des textures et des saveurs créa une symphonie inédite. Les lentilles ajoutaient de la profondeur, les pois chiches une touche de robustesse, la sauce tomate relevait l’ensemble, et les oignons frits apportaient une douceur croustillante. Chaque ingrédient trouvait sa place, aucun ne cherchant à effacer l’autre.
Peu à peu, le riz et les pâtes comprirent que, loin de les diminuer, leur union renforçait leur impact. Ensemble, ils donnaient naissance à quelque chose de plus grand, de plus savoureux, que tout ce qu’ils auraient pu accomplir seuls.
Le plat devint si populaire qu’il fut nommé “Koshari”, en hommage à cette rencontre improbable entre des ingrédients concurrents, désormais devenus partenaires. Le Koshari devint un symbole de l’unité à travers la diversité, un plat adoré par tous les Égyptiens.
Dans chaque assiette de Koshari, ils cohabitaient en parfaite harmonie, offrant au monde une leçon précieuse : parfois, la concurrence peut mener à une amitié profonde, surtout lorsqu’on apprend à partager le même espace.