
Chaque peuple a ses petites pépites linguistiques pour exprimer son exaspération, et les Egyptiens – en particulier les Cairotes – n’échappent pas à la règle. Quand la patience atteint ses limites et que le trop-plein menace de déborder, le lexique local prend le relais avec des expressions aussi imagées que percutantes.
Voici un florilège de ces perles du quotidien, à savourer sans modération (sauf si vous êtes la cible de l’agacement).
L’âme au bord des narines
Rohi fi manakhiri : Littéralement, «j’ai l’âme dans le nez».
Non, il ne s’agit pas d’une expérience de méditation avancée ou d’un exercice de respiration profonde.
Cette expression annonce plutôt que la personne n’en peut plus et qu’elle est sur le point d’exploser comme un volcan en activité. Un conseil ? Reculez lentement et évitez tout commentaire susceptible de déclencher l’éruption.
Le seuil de tolérance atteint
Ana ala akhri : Traduction simple et efficace : «Je suis à bout». Si un enfant égyptien entend cette phrase sortir de la bouche de sa mère, mieux vaut pour lui disparaître immédiatement du champ de vision. L’alternative ? Se préparer mentalement à une punition imminente.
Le trop, c’est trop !
Ana mech naqesse : Autrement dit, «Je ne supporte plus rien». Si quelqu’un prononce ces mots, c’est que la jauge de patience est non seulement vide, mais qu’elle a été réduite en miettes. Insister ? Mauvaise idée. Proposer un café ou un chocolat ? Pourquoi pas, mais à vos risques et périls.
Proverbes pour râler avec classe
L’art de l’offre empoisonnée
Yéghour el labane men wech el-erd : «Qui veut du lait offert par le singe ? » L’image est éloquente : même si le produit est de qualité, qui voudrait le recevoir d’une source douteuse ? Ce proverbe rappelle que parfois, ce n’est pas l’offre qui pose problème, mais bien celui qui la propose…
Crier plus fort pour ne pas écouter
Khoudouhoum el-sout abl layéghlboukoum : Littéralement, «Prenez-les par le volume sonore avant qu’ils ne vous battent».
Autrement dit, hurlez et imposez-vous avant que l’autre ne puisse ouvrir la bouche.
Une stratégie hélas bien rodée par certains, qui pensent que crier le plus fort, c’est forcément avoir raison.
Bref, si vous entendez ces expressions lors d’un séjour au Caire, observez bien la situation et, surtout, préparez-vous à dégainer votre plus beau sourire diplomatique.
Car en Egypte, on râle avec panache !