





À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Nubar Pacha, ancien premier Premier ministre d’Egypte de l’ère moderne et figure emblématique de la communauté arménienne du pays, l’Université d’Alexandrie, en collaboration avec l’initiative « La Caricature pour tous », a rendu un hommage artistique inédit. Pour la première fois, une exposition de portraits caricaturaux lui est dédiée, mettant en lumière non seulement son rôle historique mais aussi l’importance de la caricature en tant que témoin du temps.
Organisée sous la supervision de l’éminente professeure Névine Gharib, doyenne de la Faculté des Beaux-Arts d’Alexandrie, cette initiative s’est matérialisée par une semaine de formation intensive. Quarante étudiants ont été conviés à explorer l’art du portrait caricatural, sous la houlette du professeur Mohamed Abdelsalam et du Dr Adel Mostafa. À travers ce projet, la Faculté des Beaux-Arts s’est une fois de plus affirmée comme un haut lieu d’apprentissage artistique, où la caricature devient un outil puissant de réflexion et de transmission.
« L’objectif n’est pas seulement d’apprendre à dessiner, mais aussi de comprendre l’histoire à travers l’art », souligne le Dr Adel Mostafa. Il rappelle ainsi que l’art, loin d’être une simple décoration, est un miroir de la société, une archive visuelle précieuse qui permet aux générations futures de se reconnecter à leur passé.
Le 16 février, la Bibliothèque publique d’Égypte au Caire a accueilli l’exposition issue de cette formation. Le vernissage a réuni des personnalités de premier plan : Armen Sarkissian, ambassadeur d’Arménie en Égypte, Mohamed Reda El-Taifi, directeur du Fonds des bibliothèques publiques d’Égypte, ainsi que Georges Nubar, président de l’Association caritative arménienne du Caire.
L’émotion était palpable parmi les visiteurs, émerveillés par le talent des jeunes artistes. Abdallah Essawy, fondateur de l’initiative « La Caricature pour tous », a exprimé son enthousiasme : « Nous sommes fiers d’offrir aux étudiants un espace d’expression qui honore à la fois l’histoire et la créativité ».
L’événement a également été marqué par une contribution artistique exceptionnelle : un portrait de Nubar Pacha réalisé par la jeune artiste Rita Kevorkian, d’origine arménienne, figure montante de la peinture et du dessin en Égypte.
Ce n’est pas la première fois que l’initiative « La Caricature pour tous » valorise l’histoire égyptienne à travers l’art. L’an dernier, en partenariat avec la Faculté des Beaux-Arts de Mansourah, un projet similaire avait vu le jour autour du centenaire de la Constitution de 1923 et du célèbre caricaturiste Alexander Saroukhan, pionnier de la caricature en Égypte.
Loin d’être une simple exposition, cet hommage à Nubar Pacha ouvre la voie à une réflexion plus large sur le rôle de la caricature dans la société égyptienne. Tantôt satirique, tantôt pédagogique, elle se veut un outil d’éveil et de critique, un moyen de lire l’histoire autrement.
Dans une Égypte en perpétuelle mutation, où les défis culturels et patrimoniaux sont nombreux, cette initiative rappelle une vérité essentielle : l’art n’est pas seulement une affaire d’esthétisme, mais une mémoire vivante, un trait d’union entre les époques, un cri silencieux qui traverse le temps.