Qui n’a jamais rêvé de passer l’hiver à Alexandrie? Pour nous, les Égyptiens, la perle de la Méditerranée est un plaisir en toute saison. En été, on y grille au soleil, et en hiver, on y sirote son café en admirant les vagues en furie. Mais ce qui fait aussi le charme d’Alexandrie, c’est son dialecte bien à lui. Là-bas, une seule interjection suffit pour exprimer la joie, la surprise, la colère… ou même rien du tout : «Ayou !»
Si vous entendez ce mot, ne paniquez pas ! Cela ne veut pas dire qu’un drame s’est produit (quoique), ni qu’un miracle vient d’avoir lieu (enfin, peut-être). C’est juste l’Alexandrin qui s’exprime à sa façon. Et ce n’est pas le seul mot qui diffère du parler cairote…
Goma : Quand la gomme devient française !

Alexandrie a toujours été une ville cosmopolite, et cela se reflète jusque dans son vocabulaire. Prenons l’exemple de la gomme, cet objet indispensable à tout écolier et à tout employé maladroit. Au Caire, on dira «astika», mais à Alexandrie, on fait chic et on demande une «goma» ! Pas étonnant quand on sait que la ville a été bercée par la culture française. Alors, si vous êtes francophone et que vous vous retrouvez à Alexandrie, pas de panique : ici, on gomme à la française !
Mastika : Le chewing-gum à la sauce méditerranéenne
Les Alexandrins, lorsqu’ils débarquent au Caire, ont souvent un petit choc linguistique. Certes, on parle tous la même langue, mais il y a des subtilités… et des pièges! Exemple typique : le chewing-gum. À Alexandrie, on mâche de la «mastika», tandis qu’au Caire, on achète du «lébane». Un détail ? Pas du tout ! Car «mastika» témoigne encore une fois de l’influence française sur Alexandrie, une ville qui a toujours été un carrefour des cultures.
Baskoutta : Plus qu’un biscuit, un compliment !
Si quelqu’un vous dit que vous êtes une «baskoutta» à Alexandrie, pas de panique, il ne vous prend pas pour un gâteau. Dans cette ville, le mot «baskoutta» signifie bien «biscuit», comme au Caire, mais il a aussi une autre signification. Qualifier une fille de «baskoutta», c’est dire qu’elle est douce, sensible, et qu’elle ne pourrait pas survivre dans un monde brutal. Bref, un terme sucré pour parler d’une âme tendre.
Proverbes : La sagesse à l’Alexandrine
“Men bahari we ben hebou”
Traduction littérale : «Il vient de Bahari (un quartier d’Alexandrie) et on l’aime !»
À l’origine, c’était une chanson, mais c’est devenu un proverbe qu’on sort à chaque fois que quelqu’un tombe amoureux d’un(e) Alexandrin(e). Parce qu’après tout, qui pourrait résister au charme méditerranéen ?
“Al’emni el sayed we la t’aatini samaka”

Autrement dit : « Apprends-moi à pêcher, au lieu de me donner un poisson. » Ce proverbe est universel, mais puisqu’on parle d’Alexandrie, de sa mer et de ses poissons, autant le rappeler. Car ici, on préfère attraper soi-même son poisson… ou du moins, faire semblant d’apprendre avant d’aller l’acheter chez le poissonnier du coin !
Bref, Alexandrie, ce n’est pas seulement des paysages de carte postale, c’est aussi un dialecte savoureux et des expressions qui sentent bon la Méditerranée. Alors, la prochaine fois que vous y mettez les pieds, entraînez-vous bien… et surtout, n’oubliez pas de lâcher un «ayou !» au bon moment !