Qui dit célébration de l’Aïd, dit kahk. Aucun foyer égyptien n’en manque en cette période de fête. Bien que des femmes voient que préparer le kahk à la maison est une idée démodée, d’autres acceptent le défi d’en préparer à la maison, redonnant vie à une tradition ancestrale qui a marqué bien des générations. Le kahk est le symbole du petit Baïram et les gens ont même surnommé cette fête celle du kahk. Débat

Un scénario que chaque femme parmi nous l’a vécu au moins une fois au cours de sa vie. La scène est la même dans beaucoup de foyers: assises autour d’une ou plusieurs tables, les femmes de la famille sont en train de battre et malaxer la pâte pour façonner du kahk, des biscuits traditionnels faits avec de la farine, du beurre et du sucre, quelquefois fourrés aux noix, à la pâte de datte ou de miel et que l’on sert au petit déjeuner annonçant l’arrivée de l’Aïd El-Fitr ou le petit Baïram. Car pas de fête sans kahk, c’est la coutume. Et comme le veut la tradition, la préparation du kahk est un événement important dans toutes les maisons et tout le monde s’y met, dès la dernière semaine du mois de Ramadan. En général, les repas servis à l’heure de l’iftar durant les quelques jours qui précèdent le petit Baïram sont préparés à la va-vite et sont plutôt modestes à comparer aux semaines d’avant, car toute l’énergie est consacré au kahk, c’est la priorité. Cette scène qui se déroulait jadis dans toutes les maisons égyptiennes avait pratiquement disparu depuis quelques années. Les kahk et les biscuits faits maison ont pris place par rapport à ceux préparés par toutes les pâtisseries du pays en cette période de fête. Changement des modes de consommation, évolution des coutumes, manque de temps pour les femmes actives, la tradition s’était quelque peu dissipée, le tout prêt prenant petit à petit la place du fait maison, même si certaines préservaient la tradition envers et contre tout.


Qui parmi nous n’a pas vu sa grand-mère ou sa mère en train de préparer le kahk ? L’état d’urgence est déclaré, l’odeur du beurre fondu envahit les couloirs et les escaliers des immeubles. Des bassines remplies de pâtes sont entreposées partout, ainsi que des plateaux servant à transporter les galettes dans les fours publics ou pour les cuire à la maison. Tous les enfants participent à cet événement qu’ils attendent impatiemment, car ils considèrent cela comme un jeu, surtout qu’ils sont chargés en général de la décoration du kahk en les estampant à l’aide d’une petite pince en métal dont la pointe est faite en forme de zigzag. Ces figures permettent au sucre de se fixer sur le kahk. Un travail collectif auquel participent la famille, les amies et les voisines. Elles viennent donner un coup de main ou demander des ustensiles ou des ingrédients qui leur manquent. Une fois cuits, les kahk sont déposés délicatement dans des boîtes en attendant le jour du petit Baïram pour les servir avec d’autres types de biscuit et bien entendu, en offrir aux voisines aussi et en recevoir en retour, car chacune est fière de sa production.

Mais de temps à autre, les idées changent et les femmes veulent plutôt retourner aux anciennes traditions sur lesquelles elles ont été éduquées.
Le kahk retrouve le chemin des ménages égyptiens. Avec une nouveauté qui n’existait pas du temps de nos grands-mères: des recettes et des expériences qui s’échangent sur les réseaux sociaux. « Versez de l’eau chaude dans un récipient, ajoutez la levure puis la farine, mélangez le tout au fouet et couvrez-le pour faire lever la pâte ». « N’oubliez pas rihet al-kahk, un mélange d’épices indispensable à la préparation de ce gâteau ». « Si vous voulez un goût exquis, utilisez de la samna baladi (beurre traditionnel) ». Autant de messages qui s’échangent, en plus des photos entre les femmes.
Mais si la tendance à en préparer à la maison a reproduit l’ambiance d’antan et créé un climat de gaieté dans certains foyers, brisant avec la routine et le stress, les pâtissiers, eux, ne sont pas contents. D’ordinaire, dès la mi-Ramadan, les files d’attente s’allongeaient devant les entrées des boulangeries et des pâtisseries. Mais, avec ces idées, ces magasins verront bien moins de queues. Et maintenant, êtes-vous pour ou contre l’idée de préparer le kahk à la maison ?