Le 19 mai 1798, quelque 150 civils de toutes spécialités, ingénieurs, techniciens, astronomes, mathématiciens, chimistes, médecins, pharmaciens, naturalistes, architectes, dessinateurs, musiciens, littérateurs, orientalistes, imprimeurs… quittent Toulon sur la flotte, de plus de trois cents navires, que conduit le général Bonaparte vers une destination tenue secrète. Ils forment la “ Commission des sciences et des arts “ qui va s’illustrer en Egypte, trois années durant, en menant dans ce pays une enquête comme on n’en avait encore jamais connue : archéologique certes, mais aussi géographique, naturaliste, ethnologique même. Les plus notables d’entre eux appartiendront à cet Institut d’Egypte, installé au Caire par le général en chef pour faire briller dans la vallée du Nil les lumières de l’Europe et servir sa politique orientale. Dans la lignée des voyages scientifiques qu’à connus le XVIIIe siècle, ils tiennent une place d’exception : la monumentale Description de l’Egypte, fruit de leur travail, dont la publication a demandé un quart de siècle, en témoigne. Même si leur action a ses limites, ils ont transformé une défaite militaire en exploit culturel et ils ont été les premiers fondateurs de l’amitié francoégyptienne.
Sur le passionnant sujet de l’exposition organisée au printemps 1998 par le Muséum national d’Histoire naturelle, le présent volume apporte une réflexion, due aux meilleurs spécialistes, qui va bien au-delà de l’actualité d’un bicentenaire et constitue une précieuse contribution à un chapitre important de l’histoire des sciences.