La crise énergétique plane sur le Vieux Continent. Depuis l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre Moscou, Vladimir Poutine n’a cessé de restreindre l’accès au gaz russe, dont l’Europe est tragiquement dépendante. L’ampleur de la “gaztastrophe” exige des dirigeants européens qu’ils sortent de leur torpeur, estime cet hebdomadaire britannique.
Si vous avez passé ces derniers jours à griller sur une plage de Méditerranée ou à rôtir à petit feu dans les rues de Berlin, Londres ou Rome en pleine vague de chaleur, les températures hivernales sont certainement le cadet de vos soucis. Mais ne vous y trompez pas, l’hiver approche, et il s’annonce brutal et conflictuel. En cause, la crise énergétique, qui s’envenime à toute vitesse depuis que Vladimir Poutine restreint les livraisons de gaz russe.
Ces dix dernières années, plusieurs catastrophes ont bien failli sonner le glas de l’Union européenne, notamment la crise de la dette au début des années 2010 ou la crise migratoire de 2015, et le choc énergétique de l’hiver 2022 pourrait bien être la prochaine. L’unité et la détermination du Vieux Continent vont une fois de plus être mises à rude épreuve.
Plans de sauvetage
nationaux
Si la plupart des citoyens européens ne flairent pas encore la “gaztastrophe” qui s’annonce, les marchés envoient déjà des signaux d’alerte préoccupants. Les prix de la livraison de gaz pour l’hiver atteignaient 182 euros par mégawattheure [à la mi-juillet, 207 euros au 1er août], soit presque autant qu’au début du mois de mars, juste après l’invasion de l’Ukraine, et sept fois plus que leur niveau à long terme.
Les gouvernements français et allemand préparent des plans de sauvetage de leurs fournisseurs d’énergie [EDF et Uniper], bien mal en point, et certains investisseurs lancent des paris sur les entreprises qui finiront sur la paille en fin d’année, terrassées par les rationnements. La plupart des dirigeants européens se refusent à annoncer clairement à leurs concitoyens la difficulté des décisions qui s’annoncent, et même les négociants les plus avertis du secteur, habitués aux guerres et aux coups d’État, commencent apparemment à s’inquiéter.
La menace d’une grave crise énergétique plane sur l’Europe depuis que les chars russes ont franchi la frontière ukrainienne. Les sanctions et le chantage russe pourraient finir par priver l’UE de son principal fournisseur, et le gaz constitue l’enjeu le plus critique. Ce dernier couvre un quart des besoins énergétiques du Vieux Continent, et Moscou assure un tiers des livraisons, voire plus dans certains pays comme l’Allemagne. Contrairement au pétrole et au charbon, qui sont transférables et vendus dans le monde entier, le gaz ne peut être acheminé que par gazoduc ou sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), ce qui requiert des infrastructures dont la construction ou la reconversion prennent des années. ( …)