L’artisanat est l’un des éléments les plus importants de l’industrie du tourisme. Il reflète l’esprit de l’art dans la société, sa culture et le savoir-faire de ses habitants. Du cœur de ce petit village, Harrania, l’art, la beauté et la créativité se rassemblent avec des mains égyptiennes dans un seul endroit. Là, dans ce village proche du Caire, l’architecte égyptien Wissa Wassef a construit en 1952 un atelier pour permettre aux enfants défavorisés d’explorer leur créativité tout en fabriquant des tapisseries…
Par : Alia Abu El-Ezz
Il a pu présenter au monde des enfants, débrider leur imagination, profitant de la pureté de leur esprit et de leur capacité à affronter les limites de la créativité en toute liberté.
Il a pu transférer cet artisanat des frontières des pyramides aux plus grands musées du monde. L’architecte, tout en ancrant l’art de la tapisserie dans ce village, a favorisé les artisans locaux à fournir le matériel nécessaire aux tisserands. Les bergers du village fournissaient la laine. Certains habitants créaient le fil à partir du coton d’Égypte, et d’autres teignaient la laine avec des colorants naturels du Moyen-Orient. Ce centre d’art a donc développé l’activité artistique et artisanale depuis 70 ans à Harrania, une affaire prospère qui existe encore aujourd’hui.

Cette école a favorisé l’éducation, le travail, l’amélioration de la qualité de la vie et de la santé, et la prospérité aux habitants. Les tapisseries de cette école sont aujourd’hui achetées par des touristes venant du monde entier, et exposées dans des musées. Elles exportent ainsi la réalité des habitants tisserands à travers le monde.
Grâce au centre de Wissa Wassef, l’art fait partie intégrante de la vie et du développement du village de Harrania. Ce projet avait pour but de former des enfants à devenir des tisserands et des artisans. En les formant un jour par semaine à la tapisserie, Wissa Wassef les a rendus indépendants et travailleurs.
Wissa Wassef souhaitait développer la créativité des enfants pour qu’ils l’expriment dans leurs œuvres. Il n’y avait ni modèles, ni erreurs, ni critiques des dessins tissés. Les enfants, protégés des influences esthétiques extérieures et des interférences des adultes, ont ainsi développé leur créativité et leur individualité dans des œuvres étonnantes, très personnelles, qui s’inspiraient de la nature qui les entourait. En grandissant, leurs œuvres et leurs styles ont changé. Une dizaine des tisserands qui avaient commencé à travailler enfant sont aujourd’hui encore présents et continuent de tisser dans le centre de Wissa Wassef.
Le propriétaire de Harrania Handmade Carpet Factory, Hajj Amer Abu Khamis al-Qadi, explique que les différentes générations ont continué la marche de Wassef “afin que cette industrie ne s’éteigne pas”. Il continue: la plupart d’entre eux ont hérité le métier de leurs ancêtres. L’artiste tisse la pièce une seule fois, en se référant à sa mémoire pour visualiser la scène qu’il veut y faire apparaître.

On offre habituellement à l’artiste une idée de la nature de l’inscription demandée sur le tapis, par exemple si le dessin demandé est un village ou un paysage, on lui donne l’opportunité d’imaginer l’inscription et la mettre en œuvre librement. Les artistes rivalisent dans leurs œuvres. Chacun d’entre eux œuvre pour que sa pièce tissée soit la meilleure, et la plus créative.
Les femmes travaillent aussi bien dans ce métier avec les hommes, et certaines d’entre elles l’exercent à domicile. » Abu Khamis explique que les tapis produits à Harrania sont luxueux. Il ajoute: « l’industrie dépend définitivement du coton, de la laine, des herbes et des teintures végétales ».
Ce qui distingue les tapis à Harrania sont les dessins, qui racontent une histoire égyptienne authentique. Les tapis faits à la main sont fabriqués par des fils de fibres naturelles sans l’intervention d’aucune matérielle chimique. L’industrie du tapis commence par chauffer les fils pendant une longue période, puis les teint avec des couleurs naturelles. La laine et la soie sont parmi les matériaux les plus importants utilisés dans la fabrication de tapis faits à la main.
Ces tapis sont considérés comme l’une des plus importantes exportations d’artisanat en Égypte. Ils demeurent un concurrent sérieux des types de tapis faits à la main les plus célèbres, tels que les tapis iraniens et afghans.