Un à un, les mystères de l’Egypte ancienne sont dénoués par les archéologues et les historiens, qui sont désormais à même d’expliquer bien des mythes fondateurs de l’époque pharaonique. Pour GEO Histoire, l’égyptologue Florence Quentin répond à quelques grandes interrogations sur les premiers Égyptiens, sur leur nourriture, qui était leur premier pharaon, quelle était leur première capitale et quand leur écriture apparure-t-elle? Allons-y à la découverte des réponses à ces questions…
D’où viennent les premiers Égyptiens ?
Le mythe de la création de l’Égypte est présent dans des écrits hiéroglyphiques sacrés que l’on retrouve à l’intérieur de pyramides, de temples, ou sur des sarcophages. Ces textes racontent que le pays des pharaons est né grâce au soleil, Atoum, sorti d’un océan unique, Noun. Dans la réalité, l’évolution du climat a largement favorisé la naissance et le développement de la civilisation égyptienne.
De quoi se nourrissaient-ils ?
Selon la légende, Osiris, dieu-roi du monde, réunit des tribus nomades et leur enseigna l’irrigation pour cultiver blé et orge et repousser les limites du désert. L’archéologie nous donne une version plus… terre à terre. Vers 5000 avant notre ère, période des premiers Égyptiens, le Nil était la source première d’alimentation. Le poisson et les rhizomes de plantes aquatiques étaient au centre de la consommation. Puis les premières cultures néolithiques, les plus anciennes sont datées vers 4500 av. J.-C, se développèrent dans la basse vallée du Nil, au Nord.
Qui fut le tout premier pharaon ?
A en croire le mythe osirien, il s’agit du dieu Horus, fils d’Osiris et de son épouse, Isis. Les pharaons prirent d’ailleurs le nom d’Horus afin de marquer cette lignée divine. Selon les égyptologues, il fallut attendre vers 3150 avant notre ère pour voir apparaître le premier d’entre eux : Narmer (dont le nom en égyptien ancien se lit plutôt «Horus Ab»). Ce pharaon aurait unifié l’Égypte en un seul royaume, Pour l’affirmer, quantité de spécialistes s’appuient sur une palette à fards décorée, dite de Narmer, découverte à la fin du XIXe siècle. Au recto, on y voit le souverain porter la couronne rouge de Basse- Égypte. Au verso, il arbore la couronne blanche de Haute-Égypte.
Quelle fut la première capitale ?
Il ne fait aucun doute que Memphis, à 19 kilomètres de l’actuelle ville du Caire, devint capitale de l’Égypte à la fin du IVe millénaire avant notre ère, prenant la suite d’anciens centres du pouvoir tels Abydos, Hiérakonpolis et Thinis, plus au sud. Autour de 3000 av. J.-C., les pharaons des deux premières dynasties continuèrent toutefois d’être inhumés à Abydos, ville du supposé «premier» pharaon, Narmer. Il fallut attendre le Moyen Empire, vers -2050, pour voir une nouvelle capitale surgir du désert : Thèbes, dans le sud du royaume.
Quand les premiers hiéroglyphes apparurent-ils?
D’après la légende, c’est Thot, le scribe d’Osiris, qui enseigna l’art de l’écriture et du dessin aux Égyptiens. Les égyptologues pensent aujourd’hui que les premiers hiéroglyphes datent de la «dynastie 0». Une forme primaire d’écriture où est née un emblème royal : un signe rectangulaire, le serekh, représentant l’enceinte du palais du souverain, surmonté d’un ou deux faucons. Ces deux éléments donnèrent naissance au premier titre des pharaons, incluant le nom du dieu Horus et que porteront tous les pharaons pour les millénaires suivants.
En outre, l’écriture (née en Egypte plus ou moins en même temps qu’en Mésopotamie, vers 3200-3000 avant notre ère) facilitait les échanges commerciaux. Au départ, seuls quelques substantifs apparaissaient dans les inscriptions hiéroglyphiques. Puis, au cours de la Ière dynastie, émergèrent des signes à une seule consonne («unilitères »), à deux consonnes («bilitères») puis à trois consonnes («trilitères» ), ainsi que des premiers compléments phonétiques et des déterminatifs.