Les mots d’Ebrahim Raïssi, élu, samedi 19 juin, à la présidence de la République islamique, traduisent la volonté du régime de faire aboutir les pourparlers en cours afin d’obtenir une levée rapide des sanctions.
Lors de sa première conférence de presse, le 21 juin, le président iranien fraîchement élu, Ebrahim Raïssi, confronté à une question à propos de l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran, a adopté, contre toute attente, un ton mesuré.
Il n’a nullement menacé de quitter la table des négociations en cours à Vienne, qui visent à relancer le « deal » nucléaire, selon l’édition du Monde le 25 juin 2021.
Il n’a fait aucune mention d’un quelconque délai adressé aux Etats-Unis pour qu’ils reviennent dans le cadre de l’accord qu’ils ont unilatéralement quitté en 2018, sous la présidence de Donald Trump. « Nous ne permettons pas que les négociations soient usantes », a lancé M. Raïssi, toujours chef du pouvoir judiciaire et qui ne prendra ses fonctions présidentielles qu’au début du mois d’août. « Il faut que chaque réunion ait un résultat concret », a tenu à préciser ce membre du clergé et descendant du Prophète.
Autant d’éléments qui font que le Guide suprême, Ali Khamenei, voit en lui un homme de confiance.
Le futur chef du gouvernement n’a pas non plus menacé de s’affranchir davantage de ses engagements, comme l’Iran le fait depuis 2019 en augmentant le nombre de ses centrifugeuses ainsi que le degré d’enrichissement de son uranium.
Comme tous les présidents iraniens, Ebrahim Raïssi ne devrait jouer qu’un rôle secondaire dans l’élaboration de la politique étrangère du pays.
Il en sera le visage austère, quand son prédécesseur, le modéré Hassan Rohani, pouvait afficher sa bonhomie et un visage souriant.
A l’instar des questions essentielles au sein de la République islamique, le dossier nucléaire restera entre les mains de l’ayatollah Ali Khamenei, la plus haute autorité du pays, dont les gouvernements ne font qu’appliquer les directives.
Les mots d’Ebrahim Raïssi traduisent au contraire la volonté actuelle de Téhéran de faire aboutir les négociations. Cette fois, alors que tous les piliers du pouvoir, élus et non élus (parlementaire, exécutif et judiciaire), sont aux mains des plus conservateurs du régime, le risque que les pourparlers soient sabotés de l’intérieur est très faible, voire inexistant.