Il y a des noms qui ne peuvent être oubliés, même si le temps s’écoule rapidement après leur départ. Des noms éternels par leur authenticité et sincérité. Une sincérité crue qui touche aussi bien les cœurs et les esprits. Parmi ceux-ci figure le grandissime Adel Rahman Al-Abnoudi. Né le 11 avril 1938, l’Egypte a célébré récemment son 85ème anniversaire. Pourtant, il est décédé le 21 avril 2015. Quand on parle de lui, il faut savoir qu’il est une rare perle, une pépite d’or dans le monde de la poésie et de la littérature. Huit ans se sont écoulés depuis son décès et il demeure irremplaçable. Pour beaucoup d’intellectuels, il demeure omniprésent. Les lyriques du générique du feuilleton « Monnaie rare » sont écrites par Al-Abnoudi, en dépit de son départ, son influence est toujours ressentie.
Dans un entretien avec le journal Youm7.com, son épouse, la présentatrice de télévision, Nihal Kamal, a exprimé sa profonde joie qu’Al-Abnoudi soit toujours présent dans les esprits et sur la scène littéraire et artistique. Kamal a expliqué que Dr Médhat Al-Adl, auteur de la série « Monnaie rare », est celui qui a eu l’idée de s’inspirer de la poésie d’Al-Abnoudi pour le générique de son feuilleton. Et de poursuivre : « Al-Adl a ajouté : « Nous ne pouvons mettre en place une œuvre de télévision sur la Haute-Egypte sans qu’il y ait une touche appartenant à Al-Abnoudi, surnommé par ses pairs « Al-Khal » (L’Oncle). Les paroles de la poésie ont été interprétées par le grandissime Mohamed Mounir, qui est aussi originaire de la Haute-Egypte et qui est l’un des chanteurs préférés d’Al-Abnoudi ». Al-Abnoudi faisait partie d’une génération de poètes qui préféraient écrire leurs œuvres dans le dialecte égyptien (dans le cas d’Al-Abnoudi, le dialecte de HauteÉgypte) plutôt que l’arabe standard, la langue officielle de l’État.
Cette position littéraire était associée à un engagement politique militant : Al-Abnoudi et d’autres écrivains égyptiens de cette école ont cherché à inscrire leur production littéraire dans le processus de développement politique et de mouvement vers la démocratie populaire en Égypte. Il est né au village d’Abnoud en Haute-Égypte. Il a écrit son premier poème alors qu’il était lycéen. En 1958, il s’est rendu au Caire. Ses premières œuvres ont été publiées dans l’hebdomadaire Sabah al-Khayr [ar]. En 1961, il s’est installé au Caire où il a travaillé comme auteurcompositeur. Il a épousé l’ancienne vice-présidente du secteur de la télévision égyptienne et animatrice Nihal Kamal avec qui il a eu deux enfants : Aya et Nour. Vers la fin de sa vie, souffrant de problèmes respiratoires, il s’était installé durant plusieurs années à Ismaïlia, sur le Canal de Suez, pour échapper à la pollution de la capitale. Beaucoup de ses œuvres ont été mises en musique par des compositeurs dont Ezz Eddin Hosni et interprétées par des chanteurs populaires tels qu’Abdel Halim, Nagat Al-Saghira, Chadia, Sabah, Magda Al-Roumi, Mohamed Mounir et d’autres.
Les œuvres de poésie les plus célèbres d’AlAbnoudi incluent les cinq volumes Sirat Bani Hilal (La biographie de Bani Hilal), Al-Mashrou’ wal-Mamnou’ (Le permis et l’interdit), Samt Al-Jaras (Le silence de la cloche), et Zahma (L’encombrement). Le poète a ainsi passé 35 ans de sa vie à rassembler les poèmes de l’épopée de Bani Hilal en Egypte, mais également en Tunisie, au Maroc et dans le Hedjaz (Arabie Saoudite), et l’a publiée en plusieurs volumes. Al-Abnoudi s’est attiré une véritable admiration populaire dans le monde arabe pour sa capacité unique à transformer des moments tragiques de l’histoire égyptienne en sonnets géniaux qui ont fourni à la fois un sentiment de clôture et d’espoir à des millions de personnes confrontées à l’adversité. L’un de ses poèmes les plus célèbres, Ada El-Nahar (Le jour est passé), qu’il a écrit au lendemain de l’amère défaite de l’Égypte lors de la guerre des Six jours de 1967, et qui a été rapidement transformé en chanson par Abdel Halim Hafez, reste l’une des chansons patriotiques les plus emblématiques dans la mémoire des millions d’Égyptiens et Arabes.