Le quartier Al-Attarin à Alexandrie est connu pour sa riche histoire et son ambiance vibrante. C’est un quartier populaire qui se distingue par ses marchés animés, ses boutiques et ses cafés. Al-Attarin est également célèbre pour ses sites historiques, notamment des mosquées anciennes et des bâtiments qui reflètent l’architecture traditionnelle égyptienne. Le Progrès Egyptien vous invite à faire le tour de ce coin grouillant de vie…
Par : Hanaa Khachaba
Le quartier est souvent fréquenté outre par ses habitants, les touristes et les venus d’autres régions, car offrant une expérience authentique de la vie quotidienne à Alexandrie. Les visiteurs peuvent y découvrir une variété de produits locaux, de l’artisanat et des spécialités culinaires. Al-Attarin est bien situé, ce qui permet d’accéder facilement à d’autres attractions d’Alexandrie, comme le port et la bibliothèque d’Alexandrie. Si vous avez envie de vivre une expérience immersive, Al-Attarin est un lieu qui incarne l’âme d’Alexandrie avec son mélange de culture, d’histoire et de commerce.
Histoire de la rue des herboristes
Mohamed Salam, expert en antiquités, explique que la mosquée éponyme est l’une des rues les plus célèbres de la province d’Alexandrie. Son nom vient du grand nombre d’herboristes qui y résidaient, mais ils ont disparu avec le temps, laissant place à de nombreux magasins de meubles et d’antiquités.
Il ajoute qu’un grand nombre de célébrités visitent la rue des « Attarin » pour profiter de l’achat d’antiquités, parmi lesquelles la reine Sofía d’Espagne, qui a visité Alexandrie et s’est promenée dans ses rues, achetant plusieurs objets anciens.
L’immeuble en forme de bateau
L’un des immeubles les plus célèbres de ce quartier célèbre pour ses anciennes échoppes d’épicerie et d’herboristerie, et d’Alexandrie en général, est un bâtiment conçu par un architecte italien sous la forme d’un bateau. C’est un immeuble unique avec un espace limité, comportant plusieurs fenêtres en verre, ressemblant à celles d’un navire. Cet immeuble abrite des familles égyptiennes, et de nombreux passants s’arrêtent émerveillés devant le bâtiment, pour prendre des photos souvenirs.
La mosquée Al-Attarin
Parmi les sites historiques du quartier Al-Attarin se trouve la mosquée éponyme, considérée comme l’une des plus anciennes mosquées de la cité balnéaire d’Alexandrie. A ses débuts, elle était une église connue sous le nom d’église de Saint « Athanase ». Après la conquête islamique de l’Egypte, elle est devenue une petite mosquée, et au fil du temps, sous la dynastie fatimide, le prince al-Haych al-Badr al-Jamali l’a développée et y a rétabli les prières du vendredi.
Quant à Islam Mohamed, expert touristique, il précise que cette mosquée est l’une des plus anciennes de la ville, ayant traversé de nombreuses phases historiques depuis sa création en tant qu’église en 370 après J.-C. Elle est connue sous le nom de mosquée al-Juyushi en raison de son rôle dans sa réouverture et son développement au fil de l’histoire.
Il ajoute que la mosquée a subi des dommages après la chute d’un pilier en 722 de l’Hégire, mais elle a été restaurée par la suite. Il mentionne qu’il y avait dans sa cour un jardin verdoyant, une tradition suivie dans les mosquées du Maghreb et de l’Andalousie autrefois. Son état s’est détérioré par la suite, mais sous le règne du Khédive Abbas Helmi II, elle a été rénovée et ouverte aux habitants d’Alexandrie. Une plaque, qui est la plus ancienne inscription historique de la mosquée, y est actuellement inscrite et visible à tous ceux qui passent à proximité.
Dans la tradition populaire égyptienne, il existe une chanson dont les paroles évoquent le nom du quartier d’Al-Attarin. « Sept ans chez les Attarin.. et je t’aime, ô Moustafa ». Cette chanson folklorique célèbre était interprétée par le chanteur alexandrin Bob Azam, et chantée par le turco-français Dario Moreno. Cependant, peu de gens savent que son rythme était une combinaison magique issues de nombreux pays comme de la Syrie, du Maroc, de la Turquie, de l’Arménie, de laGrèce, de l’Italie, de Malte et évidemment de l’Egypte, dont les citoyens avaient vécu ensemble dans le quartier populaire d’Al-Attarin à Alexandrie.
Cette magnifique combinaison humaine continue de parfumer les ruelles et les sentiers de ce quartier situé au cœur de « la sirène de la Méditerranée ». On peut en ressentir l’impact dans les enseignes des magasins et des petites boutiques qui brillaient autrefois ; par exemple, le magasin « Paul Chouha », d’origine libanaise, était l’un des magasins de chaussures les plus célèbres d’Alexandrie, et « Lilikan » était cet univers magique qui s’ouvrait devant vous lorsque vos pieds vous conduisaient dans ce vieux quartier des herboristes, vous trouvant entouré de trésors d’antiquités connues sous le nom de leurs célèbres propriétaires, embellissant le site, comme dans une galerie ouverte… où l’obsession de collectionner des antiquités vous emporte.
Certains passionnés suggèrent que le quartier populaire doit son nom à la mosquée des Attarin, qui est liée à l’une des histoires les plus importantes du quartier. A l’origine, c’était un petit temple qui s’est transformé en église de Saint Athanase avec l’arrivée du christianisme en Egypte… puis en « mosquée des herboristes ». Dans une autre version, le quartier a été nommé ainsi en raison de l’existence du marché (des herboristes) au centre d’Alexandrie, lorsque celle-ci était un important centre commercial, célèbre pour son commerce d’épices, surtout durant la conquête arabe de l’Egypte. Le marché des Attarinétait ainsi renommé pour ses épices et ses herbes, et il était considéré comme l’un des marchés d’épices et d’herbes les plus célèbres au monde.
Avec le temps, ces boutiques ont disparu, et des magasins d’antiquités et de meubles anciens et nouveaux ont vu le jour dans les années cinquante, où l’on vend les biens des étrangers ayant quitté la ville, certains datant de l’époque napoléonienne. Les boutiques d’antiquités et d’objets de valeur dans le quartier ont acquis une renommée mondiale, attirant des collectionneurs de tous les pays à la recherche d’une pièce rare ou d’une œuvre d’art originale. Parmi les visiteurs les plus célèbres de ces magasins, on trouve la reine Sofia d’Espagne (d’origine grecque), qui a grandi à Alexandrie, ainsi que la célèbre artiste décédée Dalida.
A la périphérie du quartier, du côté de la gare de Misr, se trouve le célèbre « Café Olba », où se retrouvent les marchands d’antiquités, près du théâtre romain. La « Piazza des Chawams », considérée comme l’une des zones les plus distinctives du quartier, est un terme dérivé du mot italien « la piazza », qui signifie « la place » ou « la cour ». Le restaurant le plus célèbre de cet endroit est « Le roi des cailles », appartenant à Elias, d’origine libanaise, le seul restaurant à Alexandrie connu pour servir de délicieuses cailles rôties. Ce restaurant est fréquenté par des célébrités de l’art, de la musique et de la politique, dont : Farid al-Atrash, Asmahan, Abdel Halim Hafez, Ahmed Zaki, Mahmoud Abdel Aziz et Mostafa Qamar, ainsi que certains ministres égyptiens et hommes d’affaires arabes.
Parmi les boulangeries les plus célèbres du quartier Al-Attarin, on trouve « La boulangerie d’Athènes », qui existe depuis plus de cent ans, et qui appartenait à un Grec nommé Costa avant d’être cédée à l’un de ses employés. Quant au marché « Kanto », il est le plus important, le plus grand et le plus ancien marché de vêtements d’occasion à Alexandrie. L’une des caractéristiques les plus marquantes du vieux quartier était les boutiques de prêts sur gage gérées par des Juifs.
Al-Attarin constitue vraiment un quartier commercial par excellence, car il n’y a pas un seul mètre carré qui ne soit occupé par un magasin ; il y a des magasins d’épicerie tenus par des Grecs, des boutiques de montres tenues par des Arméniens, et des librairies anciennes et rares qui étaient une destination pour les grands écrivains et penseurs égyptiens. Dès que le vendredi matin arrive chaque semaine, le quartier fait l’objet d’une affluence et d’un tumulte hors pair… Ce sont les marchés éphémères qui se tiennent dans la rue « Khédive », parmi lesquels le plus célèbre est le « marché des oiseaux » pour les amateurs d’oiseaux rares, suivi par le marché des poissons ornementaux et le marché des plants de plantes.
Parmi les monuments les plus notables du quartier, il y a l’« institution culturelle grecque » dans la rue « Sidi al-Metwali », qui était à l’origine l’école secondaire pour filles « Aferov », dont l’histoire remonte à plus de cent ans. Il y a aussi dans le quartier l’église évangélique datant de 1854, l’école allemande des sœurs de Saint Charles Borromée, et l’immeuble « Libon » de la société de distribution d’électricité française à Alexandrie, qui a introduit le premier compteur électrique en 1895.
Parmi les rues les plus célèbres du quartier, on trouve la rue Khédive menant au port d’Alexandrie, ainsi que les rues Samani, Widad et Fawli. Le quartier est également connu pour ses ateliers de réparation de différents types de voitures dans la rue Salah al-Din.