Les conservateurs allemands ont franchi un nouveau pas vendredi dans leur rapprochement avec l’extrême droite du pays en tentant ensemble de faire adopter une proposition de loi sur l’immigration, du jamais vu dans le pays depuis la Deuxième guerre mondiale, selon l’AFP.
Le texte a été rejeté de peu par les députés mais, à trois semaines d’élections législatives, l’initiative, la deuxième de ce type en trois jours, marque une nouvelle césure dans le monde politique allemand: les partis politiques avaient jusqu’ici maintenu un “cordon sanitaire” face à l’extrême droite en refusant toute coopération au niveau national.
Le chancelier social-démocrate Olaf Scholz a mis en garde contre le risque de voir bientôt ces deux formations s’allier pour gouverner le pays, comme dans d’autres pays.
Vendredi à la chambre des députés, les élus ont rejeté, par 350 voix contre et 338 voix pour, la proposition de loi de l’opposition démocrate-chrétienne (CDU/CSU) visant à restreindre le rapprochement familial et faciliter les placements en rétention des étrangers sans papiers.
Les conservateurs n’ont pas fait le plein au sein de leur propre groupe, ce qui traduit certaines dissensions sur la stratégie suivie visant à assumer des majorités parlementaires y compris grâce au parti Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Leur candidat Friedrich Merz a indiqué après le vote que 12 députés de son camp n’avaient pas soutenu la proposition, ce qu’il “respectait”.
Le résultat “apporte de la clarté”, avant les élections, sur la position de chaque parti vis-à-vis de la politique migratoire, veut-il croire.
L’offensive des conservateurs sur l’immigration fait suite à une récente agression au couteau meurtrière à Aschaffenbourg (ouest) par un Afghan, dernier épisode d’actes de violences impliquant des étrangers, qui ont suscité une grande émotion dans le pays.
Favori actuellement des sondages pour succéder à Olaf Scholz comme chancelier après le scrutin législatif du 23 février, avec autour de 30% des intentions de vote, il ressort néanmoins affaibli de la séquence.