Par: Walaa El-Assrah





On la surnommait l’“Astre d’Orient” ou la “Quatrième Pyramide”. L’Égyptienne à la voix et l’aura inégalables a quitté ce monde un 3 février, il y a cinquante ans. La presse arabe rend hommage à celle qui est toujours considérée, à ce jour, comme la plus grande chanteuse du monde arabe. Elle demeure incontestablement un monument de la musique arabe
Lorsque l’image de la grande Oum Kalthoum nous vient à l’esprit, nous perdons littéralement la parole et restons pendant un instant submergés par un profond silence. Comme elle-même le disait dans une de ses chansons : « Les mots m’échappent et je les oublie. » Elle est étonnante quand elle chante, quand elle parle, quand elle se tait, quand elle est présente et quand elle est absente, nul autre n’est pareil à elle.
50 ans après sa mort, elle accompagne toujours les Egyptiens dans leur quotidien. Oum Kalthoum n’a pas disparu, elle est toujours là dans les cafés, dans les rues et ruelles de l’Egypte, créant toujours une ambiance agréable à travers ses chansons. Elle a donné des concerts inoubliables pendant des années.
En dépit de sa disparition en ce 3 février fatidique de 1975, la diva de la chanson arabe, Oum Kalthoum, est à jamais omniprésente dans tout le monde arabe. De Bagdad à Damas, de Tunis à Beyrouth, sa voix continue à résonner et à chanter l’amour, le désir et la perte du bien-aimé.
L’émotion que procure la voix d’Oum kalthoum continue à bercer le quotidien du monde arabe
Un chignon pharaonique, de grosses lunettes noires et un mouchoir de soie tendu vers le ciel ont campé l’icône pour l’éternité : Oum Kalthoum s’est éteinte en 1975, après un demi-siècle de règne sur la chanson arabe. Mais elle est restée « l’Immortelle »,« l’Astre de l’Orient », objet d’emphase et de dévotion.
Un demi-siècle s’est écoulé depuis que des millions de personnes lui ont dit adieu, mais au cours de ces cinq décennies, aucun chanteur, homme ou femme, n’a imaginé pouvoir s’approcher de sa place ou de son statut.
Elle a consacré sa vie, sa santé, son talent et ses efforts à rechercher l’authenticité, pour devenir une icône de la musique orientale, aimée à travers le monde entier. Elle s’est imposée à une époque où il était difficile pour les femmes de surpasser les hommes dans ce domaine.
« Un jour sans sa voix est un jour perdu »
Dans le quartier huppé de Zamalek se dresse une statue en bronze de l’icône et de l’autre côté du Nil, se trouve son musée. À l’intérieur, sont exposés ses enregistrements originaux, ses robes emblématiques, ses lettres manuscrites et ses lunettes de soleil incrustées de diamants. Étonnamment, les visiteurs sont en majorité des adolescents. Rodina Mohamed, 15 ans, loue son talent : «Elle ne se démode pas car elle était perfectionniste dans les paroles, les mélodies et l’interprétation.»
Témoignages sur son humanité
C’est un témoignage qu’il faut beaucoup considérer, car c’est le témoignage de ceux qui lui ont été proches humainement et professionnellement, dont deux membres de son groupe qui ont joué avec elle les plus grands morceaux et partagé avec elle les longues nuits de répétitions et les inoubliables concerts du jeudi. Ils ont vécu avec elle des moments de créativité, d’anxiété et de recherche incessante de succès.
Tout a commencé avec le musicien Magdy Boulos, violoncelliste, qui a immigré en Australie avec sa famille au milieu des années quatre-vingt. Il a expliqué que sa première rencontre avec Oum Kalthoum s’est produite par hasard, à l’époque où il était encore étudiant à l’Institut Supérieur d’Éducation Musicale et jouait en même temps dans l’un des groupes, et a effectivement participé avec le musicien Riad Al-Sunbati à l’une de ses œuvres. Boulos raconte : « Un jour, j’ai eu une répétition et je suis arrivé tôt comme d’habitude. J’ai été surpris par le musicien Riad Al-Sonbati derrière moi qui écoutait ce que je jouais, puis il m’a surpris avec la question : « Voudriez-vous travailler avec Oum Kalthoum ? » Ma réponse a été : « Qui n’espérait pas cela ? » c’est ainsi que commence son histoire avec la diva.
Mohammad Ahmed Al-Sonbati, fils du musicien Riad Al-Sonbati, raconte que la première rencontre entre son père et Oum Kalthoum a eu lieu à la gare. Riyad était dans ses premières années et était surnommé “le rossignol d’Al-Mansoura”. Elle était aussi à ses débuts à cette époque-là, mais elle avait quelques années de plus que lui et était plus populaire. Al-Sonbati et Oum kalthoum ont formé un duo de succès, composant pour elle environ 107 de ses chansons les plus réussies.
Le troisième témoignage nous est raconté par le musicien Magdy Al-Husseini à propos de l’histoire de sa rencontre avec Oum Kalthoum. Il dit : « Tout comme ma rencontre avec le grand musicien Farid Al-Atrach et le grand artiste Abdel Halim Hafez , la rencontre s’est faite par hasard et sans aucun arrangement. Ma rencontre avec la dame comme on l’appelait était également le résultat d’une pure coïncidence. J’étais un ami de l’artiste Ahmed El-Sonbati et nous jouions ensemble des chansons occidentales. Puisque je me rendais chez lui, il était naturel pour moi de rencontrer le grand musicien Riad Al-Sonbati, amateur de rythmes orientaux. Après le succès de l’introduction de la guitare dans la mélodie de « vous êtes ma voix » par le grand musicien Mohamed Abdel Wahab et la présentation du sxa et de l’accordéon par Baligh Hamdy, Al-Sonbati a également souhaité présenter un nouvel instrument qui lui était propre avec Oum Kalthoum.
Deux concerts à l’Olympia à Paris
La diva égyptienne a profondément influencé l’histoire de la chanson arabe, laissant un héritage indélébile dans le monde musical, avec notamment un concert mémorable à l’Olympia à Paris.
En novembre 1967, Oum Kalthoum s’est lancée dans une tournée internationale et a donné notamment deux concerts mythiques à l’Olympia à Paris pour soutenir l’effort de guerre du gouvernement égyptien.
Ce voyage a été considéré comme un moment marquant d’échange culturel et artistique entre l’Egypte et la France. L’un de ces deux concerts animés à l’Olympia s’est tenu en présence du défunt roi de Jordanie Hussein ben Talal, qui se trouvait alors à Paris, et de 13 ambassadeurs arabes en poste dans la capitale française. Des membres de la communauté arabes en Europe ont également assisté à ces deux concerts.



El Shennawy : Oum Kalthoum, un phénomène capable de franchir les barrières du temps
Oum Kalthoum est un phénomène capable de franchir les barrières du temps, indiquant que personnellement, dans tous les concerts auxquels il assiste, le programme du concert doit inclure une chanson d’Oum Kalthoum interprétée par une voix jeune. Elle est également une invitée incontournable sur toutes les plateformes de réseaux sociaux, qu’elles soient apparues jusqu’à présent ou non.
Il est clair que le projet artistique dans lequel Oum Kalthoum a passé toute sa vie ne visait pas à réussir ou à surpasser les gens de son temps, mais regardait plutôt bien au-delà. Ses yeux étaient tournés vers des époques lointaines où ces chansons résonneront sans fin.