Si la date de la mort de chacun d’entre nous n’était pas inconnue, que se passera-t-il ? Préférez-vous savoir en quel jour vous allez rendre votre âme ? Ou, en revanche, vous souhaitez que cette information vous soit gardée cachée ? Il s’agit d’une question hypothétique, mais qui, dans certains cas, ne l’est pas. Les médecins peuvent par exemple annoncer une estimation de durée de vie à une personne gravement malade. C’est un sujet de débat qui peut sembler morose à certaines âmes sensibles…mais c’est plutôt philosophique. Débat.
Par : Hanaa Khachaba
La question de savoir si l’on souhaiterait connaître la date de sa propre mort est une interrogation profonde qui touche aux fondements mêmes de notre existence. Elle nous invite à réfléchir sur la manière dont nous vivons notre vie, sur nos priorités et sur notre rapport à l’incertitude.
Connaître la date de notre mort pourrait, en théorie, nous permettre de mieux nous préparer. Nous pourrions organiser nos affaires, dire au revoir à nos proches et nous assurer que nos dernières volontés sont respectées. Cette connaissance pourrait également nous inciter à vivre pleinement chaque jour, à ne pas remettre à plus tard nos projets et nos rêves. Elle pourrait nous aider à prioriser ce qui est vraiment important, à consacrer plus de temps à nos passions et à nos relations.
Cependant, cette connaissance pourrait aussi engendrer une anxiété constante. Savoir que nos jours sont comptés pourrait nous plonger dans un état de stress permanent, nuisant à notre qualité de vie. Nous pourrions devenir obsédés par l’idée de la mort, au point d’oublier de vivre. De plus, cette information pourrait affecter nos proches, créant des tensions et des comportements anticipatoires qui pourraient nuire à nos relations. Elle pourrait également enlever une part de spontanéité et de liberté à notre existence. Chaque décision pourrait être influencée par cette connaissance, limitant ainsi notre capacité à vivre pleinement le moment présent.
D’un autre côté, l’incertitude quant à la date de notre mort nous permet de vivre dans l’instant, de savourer chaque moment sans penser au lendemain. Elle nous offre la possibilité de vivre des surprises, de faire des projets à long terme et de garder espoir, même dans les moments difficiles.

Cela me rappelle l’histoire d’un professeur d’informatique, Randy Pausch, l’auteur du fameux et inspirant « The last lecture », ou la « La dernière conférence ». Ce dernier discours donné dans l’amphithéâtre bondé de la prestigieuse université de Carnegie Mellon, en Californie, a créé une surprenante onde de choc. Dès le début de son discours, il annonce qu’il est atteint d’un cancer mortel qui l’emportera dans quelques mois. Pr Randy Pausch partage alors ses leçons de vie avec l’assemblée.

Père de 3 jeunes enfants, il souhaite transmettre à ses enfants ce que sa courte vie personnelle et professionnelle lui a appris. En septembre 2007, alors qu’il sait qu’il n’a plus que quelques mois à vivre, il donne sa dernière conférence (son dernier discours) devant plus de 400 étudiants et collègues.Au travers de cette dernière conférence, Randy Pausch s’adresse en fait à ses propres enfants. Il sait qu’il ne les verra jamais grandir et cet exposé est pour lui l’héritage qu’il souhaite leur transmettre. Partant de ses propres expériences, ses leçons de vie sont pleines d’espoir et d’optimisme :
– le sérieux est plus important que le brio.
– Ne vous plaigniez jamais, acharnez-vous !
– Traitez le mal, pas les symptômes.
– Ne soyez pas obsédé par ce que l’on pense de vous.
– Recherchez le meilleur chez tout le monde.
– Intéressez-vous à ce qu’ils font, non à ce qu’ils disent.
– Ne renoncez jamais.
Quel plus bel héritage donné à ses enfants !

Sachant qu’il va mourir, Randy Pausch n’acependant pas baissé les bras, comme pourraient le faire beaucoup d’autres qui se laisseront engouffrés dans la dépression. Il a décidé d’exploiter les jours qui lui restent en construisant un legs condensé de valeurs et de leçons, une contribution inestimable non seulement à l’éducation de ses trois enfants mais aussi de toute l’humanité.
Bref, exploiter son existence à l’optimale est un choix personnel que chacun doit assumer connaissant oui ou non la date de la fin de son séjour terrestre. En fin de compte, la question de savoir si l’on souhaiterait connaître la date de sa propre mort est une question personnelle qui dépend de notre vision de la vie et de la mort. Elle nous invite à réfléchir sur ce qui compte vraiment pour nous et à vivre de manière plus consciente et intentionnelle, quelle que soit notre position sur cette question.