Sur la rive occidentale duNil se trouve la ville de Deir El-Médina. Une ville qui renferme la fameuse nécropole de l’Egypte antique, où une grande partie de l’histoire de la période du Nouvel Empire se déroulait. Cette période qui est considérée comme la plus prospère de toute l’histoire égyptienne après l’Ancien Empire.
Deir El-Medina signifie « Le couvent de la ville », et selon les différents sites, le village a pris ce nom parce qu’à l’époque de la conquête musulmane de l’Égypte, le temple ptolémaïque du village fut transformé en église chrétienne. A l’époque, elle s’étend sur une superficie de plus de 5.500 m2 et entouré par une muraille de cinq mètres d’hauteur. Il logea jusqu’à presque 70 familles résidantes à l’intérieur de ses murs et environ 40 en dehors du mur d’enceinte.
Les serviteurs dans la Place de Vérité
Le pharaon Amenhotep 1er, deuxième roi du 18ème siècle a créé une troupe spéciale d’ouvriers nommé « les serviteurs dans la Place de Vérité ». Leurs tâches étaient de creuser le chantier pour bâtir le village, les tombes et les temples. Par conséquent, les maîtres artisans ainsi que leur famille se sont installés dans la ville. C’est avec le pharaon Thoutmôsis 1er que la ville de Deir El-Médina est fondée. Son équipe d’ouvriers dédiés à la décoration des tombes royales. Le village est ensuite agrandi plusieurs fois, d’abord à l’époque Hatchepsout- Thoutmosis III, puis sous les Ramessides, période où il connut son plein développement. Le village fut construit autour d’une allée centrale, avec quelques petites ruelles. Il était constitué de petites maisons avec de brique crue. Leur entrée était parfois ornée d’un petit pylône qui s’ouvrait sur une cour dans laquelle était bâtie une chapelle surmontée d’une petite pyramide. La plu- part des maisons étaient avec un étage. Les maisons comprenaient plusieurs pièces en enfilades, certaines surement jusqu’à 5 : La pièce de réception, la salle de séjour, la chambre à coucher, sous laquelle se trouvait un cellier. Une ou deux pièces qui s’ouvraient sur une cour intérieure équipée d’un four et servant de cuisine. Les maisons étaient équipées d’une cave taillée dans la roche qui abritait les réserves alimentaires et les jarres. Le village fut abandonné au cours de la période d’instabilité qui suivit la mort de Ramsès XI à la fin de la 20ème dynastie.
Avec la Seconde Période Intermédiaire, les nouveaux rois qui forment la XVIIIe dynastie décident d’aménager leurs sépultures au pied de la montagne thébaine, dans une vallée désolée qui deviendra la Vallée des Rois. Puis le village fut pillé, durant la Troisième Période Intermédiaire, mais il fut presque totalement reconstruit sous le règne de Ptolémée IV Philopator. Le travail sur le chantier était très bien organisé. Les ouvriers étaient séparés en deux équipes : l’équipe de droite et l’équipe de gauche, qui se succédaient tous les dix jours. Ils travaillaient huit jours consécutifs puis ils se reposaient deux jours. Sur le chantier, tout ce dont ils avaient besoin est disponible, entre des outils pour leur travail comme les ciseaux, les haches de silex, les lampes à huiles, les pigments et les liants pour les peintures, même l’or et l’argent pour l’ornement. Et quand ils manquaient leur travail, ils devaient enregistrer leurs excuses sur des Ostraca. Quant à leurs femmes, elles aidaient à la mouture du grain, à la cuisson du pain qui était d’une importance primordiale dans ce type de sociétés et aux tâches de blanchisserie. Le bras- sage de la bière était aussi généralement supervisé par la maîtresse de maison. Ce village fut témoin de la première grève dans l’Histoire : la grève des ouvriers, c’était à l’époque du règne de Ramsès III. Les travailleurs et leurs familles n’étaient pas des esclaves, comme cela à longtemps été dit, mais des citoyens libres avec des possi bilités de recours au système de justice.
Temples et tombes
Le village renferme une cinquantaine de tombes des ouvriers du village, dont les plus connues sont : Tombe du serviteur dans la place de Vérité sous la période de Séthi Ier Senedjem et sa famille, tombe du serviteur dans la place de Vérité Pachedou et de sa femme, tombe du scribe dans la Place de Vérité sous le règne de Ramsès II Ramosé, tombe du Chef d’équipe de la Place de Vérité Khâ et son épouse, tombe de l’artisan du village des ouvriers Paneb, … etc. Pour les temples, le village est très connu pour le temple ptolémaïque qui est édifié par Ptolémée IV Philopator. Ce petit temple comporte trois sanctuaires juxtaposés précédés d’un vestibule soutenu par deux colonnes à chapiteau hathorique. On trouve dans un des sanctuaires une très rare représentation de la pesée du cœur devant Osiris. Le chantier renferme aussi le petit temple d’Amenhotep 1er et la chapelle d’Hathor construite par le pharaon Séthi Ier.
Fouilles et recherches
C’est avec l’égyptologue français Auguste Mariette que les voleurs ont cessé de piller le chantier, dont les nombreuses tombes et les maisons étaient encore en excellent état. Et puis des séries de découvertes ont mis à jour l’une après l’autre. Au fur et à mesure, le village est fouillé dans sa partie nord par Ernesto Schiaparelli de 1905 à 1909 pour le compte du Musée égyptologique de Turin. Les années suivantes, le Français Emile Baraize s’intéresse au petit temple ptolémaïque. Il y a ensuite quelques fouilles dirigées par l’Allemand Müller et les Français Girard et Kuentz. Mais le véritable explorateur du site, selon Wikipédia, est Bernard Bruyère qui y consacra près de vingt-cinq ans de sa vie entre 1917 et 1947.