Des bords du Nil aux plages du Liban, une exposition sur les divas arabes est organisée par l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris. (L’exposition se poursuivra jusqu’à la fin du mois de septembre).
Un vibrant hommage a été rendu aux plus fameuses stars de la chanson et du cinéma, dont Oum Kolthoum, Leila Mourad, Dalida, Warda, Samia Gamal, Souad Hosni, Sabah et aussi Fayrouz. Un moyen de ressusciter un passé où les années d’or de l’art enchantent encore autant le public arabe qu’occidental.
Un parcours inspirant. L’exposition de l’Institut du Monde Arabe est intéressante. “Accueilli en musique et par un spectaculaire et mystérieux rideau de fils oriental sur lequel apparaissent les portraits des divas en noir et blanc dans une lumière filtrée, le visiteur est invité à pénétrer dans l’exposition”, décrit-on sur le site “resmusica”.
La créativité féminine par excellence est mise à l’honneur. L’expo de l’IMA est organisée dans l’amour de ces stars arabes épiques, qui ont marqué l’histoire du cinéma et celle de la chanson, laissant leurs traces immortelles et aussi intemporelles, vibrantes et marquantes, comme fidèles témoins d’un âge d’or de la chanson et du cinéma, peut-être non-répété jusque-là.
Un parcours abondant de photographies, de portraits, d’extraits de films ou de concerts de musique, plus des souvenirs inédits et intéressants captent les visiteurs de ladite exposition.
Le site “Arts City” parle de femmes légendaires et d’avant-gardistes émancipées et visionnaires.
L’expo présente des tenues exceptionnelles, avec de magnifiques robes et des accessoires glamour de ces divas, leurs bijoux, des mobiliers et des documents d’archives qui restituent avec fidélité l’éclat glorieux de ces stars au milieu de l’effervescence artistique que l’on connaissait au cours du siècle dernier. L’on trouve aussi des objets personnels et de rares interviews de ces divas. Une expérience inédite et intéressante.
“Icônes intemporelles, femmes puissantes, symboles adulés dans les sociétés arabes d’après-guerre, ces divas aux carrières exceptionnelles s’imposent du Caire à Beyrouth, du Maghreb à Paris, incarnant une période d’effervescence artistique et intellectuelle, une nouvelle image de la femme, ainsi que le renouveau politique national qui s’exprime du début des années 1920, notamment en Égypte, jusqu’aux années 1970”, lit-on sur le site “France inter”.
Tout commence en Egypte. C’est ce que cette exposition de Paris affirme. L’exposition est établie sur une superficie de 1000 m2 et est répartie en 4 sections principales. L’idée de l’expo est de jeter la lumière sur ces divas indétrônables de l’art arabe, tout en les liant aux vagues et aux nouvelles tendances contemporaines.
Jack Lang, directeur de l’IMA, qualifie cet événement haut en couleur en disant que l’exposition célèbre la magie des divas qui ont enrichi l’âge d’or de la musique et du cinéma arabes.
La première scène : Les années 20
Les années 20 au Caire connaissent les pionnières d’une émancipation de la femme, marquant l’âge d’une renaissance intellectuelle. C’est là, la première section de l’exposition. Une évocation donc des beaux jours où les femmes égyptiennes ont réussi à briser l’hégémonie des hommes sur la scène artistique et culturelle.
Des photographies et des objets diversifiés sont exhibés, montrant la naissance de l’Union féministe égyptienne, dont les pionnières sont Hoda Chaaraoui et Céza Al-Nabaraoui.
L’expo présente également les produits et publications des femmes pionnières, dont par exemple le magazine “Rose Al-Youssef”, pour son instigatrice Fatma Al-Youssef, ou encore le magazine “La Femme égyptienne”.
“Pionnières de cette émancipation, Hoda Chaaraoui et Ceza Nabaraoui seront les premières femmes à se dévoiler publiquement après avoir fondé l’Union féministe égyptienne en 1923. Un salon littéraire fait l’objet d’une reconstitution. Modelé sur le diwan ottoman, il est le lieu d’une prise de parole et d’une réflexion sur la modernité arabe qui vont favoriser l’émergence de musiciennes, d’actrices et de danseuses – parfois simultanément – avec le phénomène des cafés chantants, puis avec l’essor du disque et du cinéma au début des années 1930”, écrit-on dans Le Monde.
Parallèlement à cette effervescence intellectuelle, une vibrante activité artistique est à noter dans les années 20, grâce à la star Mounira Al-Mahdiya. Celle-ci est parmi les premières femmes égyptiennes à entrer dans le domaine de la chanson et du théâtre, avec un succès foudroyant. Assia Dagher et Aziza Amir n’ont pas tardé à suivre les pas de Mounira, laissant de vraies empreintes mémorables dans l’industrie du cinéma.
Studio Misr révolutionne le cinéma égyptien
Cette exposition événement est donc un voyage au coeur du gala artistique. Elle nous transporte des années en arrière lors d’une grande révolution dans le secteur du cinéma, avec la naissance du “Studio Misr”. Ce dernier a présenté une gamme d’oeuvres cinématographiques pour les fameuses divas, dont notamment le film Widad d’Oum Kolthoum, ou Al-Ghandoura de Mounira Al-Mahdiya.
L’exposition de l’IMA met notamment en exergue le grand succès d’Oum Kolthoum. Les responsables de l’exposition évoquent une pionnière qui a présenté une chose encore peu connue à l’époque : les longs concerts de musique sur les scènes de théâtre. Les concerts d’Oum Kolthoum ont remarquablement impacté la vie artistique et culturelle en Egypte et dans le monde arabe.
L’expo dresse également une présentation sur l’art d’Asmahan. Une expérience artistique concise et une vie personnelle turbulente mais enrichissante.
Fayrouz, une diva au rôle politique
Fières de leurs origines arabes, les divas comme la Libanaise Fayrouz jouent souvent un rôle politique. Les chansons de Fayrouz pour la Palestine, comme nous montre l’exposition de l’IMA, font vibrer tout le monde arabe. Ces pionnières ont également ouvert l’espace public aux femmes pour favoriser la mixité dans les salles de spectacles.
Dalida, quant à elle, est représentée pour sa période égyptienne de 1954 principalement. Un extrait du film “Un verre et une cigarette” (1957) la montre incendiaire, chantant en italien et dansant, non sans faire penser à Rita Hayworth dans “Gilda” (qu’elle double d’ailleurs à la même époque).
“Cette expo est un retour aux origines à la fois du féminisme et des divas qui nous permet notamment de comprendre l’influence et l’héritage que ces icônes ont encore aujourd’hui. On s’immisce dans l’intimité des plus grands noms de la chanson arabe. Cette expérience captivante continue de nous transporter à travers une riche programmation culturelle. Des spectacles, des projections, des rencontres, débats et ateliers seront organisés afin d’élargir la question du féminisme et de la place des femmes au sein des sociétés arabes contemporaines”, souligne le site “Le bonbon”.