Khaled Zidane est un jeune conférencier et romancier, qui a rencontré plusieurs difficultés et relevé maints défis, en partant à la recherche de ce qu’il aime vraiment.
Un parcours plein d’embûches comme il dit, à l’issue duquel il a enfin découvert ce qu’il veut : écrire et faire apprendre aux autres comment le découvrir et comment se distinguer.
Comment vous-vous décrivez… Etes-vous auteur, romancier ou journaliste ? Vous exercez beaucoup de choses. Tout en vous dit que vous êtes hors de la boîte… Dites-moi comment vous le faites ?
• A première vue, cela vous paraît comme un encombrement. J’ai fait des études de Lettres en langue anglaise et j’ai obtenu ma licence en 2008. Je ne savais pas exactement quelle carrière je vais suivre. J’ai commencé tout d’abord en tant qu’enseignant dans une école. Mais je ne m’y trouvais pas. Ensuite j’ai travaillé dans des centres qui dispensent des stages de formation. Vous pouvez dire qu’au cours de cette période, je cherchais Khaled Zidane. En tant que conférencier, je cherchais à m’adresser à d’autres “têtes”, c’est-à-dire, discuter avec d’autres et avoir un débat avec d’autres. On m’a ensuite chargé de donner des cours d’anglais dans des sociétés et des usines, hors de l’école.
Après un certain temps, j’ai trouvé que – même si enseigner est ma passion – cela prend beaucoup de mon temps (je travaillais de 10h00 à 22h00 chaque jour). J’ai donc emprunté la voie de l’enseignement dans les universités privées. Petit-à-petit, j’ai découvert que j’aimais écrire et beaucoup m’ont conseillé d’écrire. Je me suis donc focalisé sur cela en assistant à plusieurs ateliers et stages de formation, jusqu’à ce que j’aie écrit mon premier roman “Aphasia” en 2016 (C’est le nom d’une maladie qui cause des difficultés à une personne de communiquer avec autrui). Dans ce roman, j’ai brisé tous les moules et le roman a réalisé beaucoup de succès, puisque nous présentons aujourd’hui la 8e édition. Le roman a été présenté aussi sur le théâtre en présence de plusieurs stars connues et de deux chaînes “CBC” et “Show Time”, ce qui a été une grande surprise pour moi.
Mon deuxième roman, 4 ans plus tard, est “Sérapium” (C’est le temple des énigmes à Saqqarah). Ce fut mon nouveau défi.
En enseignant, il faut penser à deux niveaux : premièrement, quelle serait votre méthodologie d’enseignement et deuxièmement, quel est le contenu que vous allez présenter. Ce dernier exige beaucoup de lecture et de travail pour sélectionner ce que vous allez assimiler pour le donner ensuite aux gens qui assistent aux ateliers.
Comment avez-vous eu le courage de faire ce chamboulement, en changeant votre activité et ainsi abandonner l’enseignement pour emprunter la voie de l’écriture ?
• Il faut tout d’abord avoir confiance en soi et dans le choix que vous allez faire. Mais, il faut avoir l’audace et être franc avec soi. C’est maintenant ou jamais. Ce fut donc ce jour où je me suis éveillé et tout droit j’ai ouvert mon ordinateur, j’ai écrit ma démission et puis je me suis endormi. Peut-être après mon doctorat, je repenserai l’affaire et enseignerai encore une fois, mais je le ferai en tant que pigiste. J’ai commencé mes propres ateliers en 2017, que j’ai intitulés “Première année d’écriture”.
Comment commercialisez-vous vos ateliers ?
• D’habitude, il y a des parrains. Des bibliothèques, des ambassades. Ce sont ces instances qui font la commercialisation. Cela n’est pas lucratif en pensant, mais il faut accepter tous les challenges et aussi, il faut prendre en considération que cette période n’est pas celle des gains, mais qu’elle est plutôt celle du pré-boom.
Pensez-vous que les “ateliers” font partie de la culture des Egyptiens ?
• Non… pas du tout, ou peut-être pas assez. J’ai trouvé de bizarres réactions à ce niveau, mais lorsque vous avez confiance en vous, vous réaliserez que vous pouvez réussir. Il faut reconnaître que notre génération n’a pas cette énergie ou cette capacité à supporter les critiques et le long chemin. Il faut relever les défis sans trop penser. Nous avons passer par plusieurs évolutions technologiques et nous étions chanceux d’y pouvoir emboîter le pas.
Au niveau de la littérature et des écrits d’une façon générale, pensez-vous qu’il y a une entente et un dialogue ou un choc entre les civilisations en parlant de l’Orient et l’Occident ?
• Je pense que chacun veut faire triompher ses idées. A présent, nous avons la chance de chercher les vérités contrairement au passé dans les 20 ou 30 années passées. Le rôle de la littérature, des romans, des séries, des feuilletons et du cinéma, est surtout de rapprocher entre les populations, mais cela se fera jusqu’à un certain niveau, car déjà, chacun a hérité certaines pensées et convictions. Si par exemple, un feuilleton vous présente le modèle d’un musulman modéré qui s’entend avec son entourage, parfois en Occident, on se demandera pourquoi avez-vous présenté le musulman ainsi, car ils ont un stéréotype du musulman : violent et peut-être terroriste.
Pensez-vous alors présenter quelque chose de pareil dans un roman par exemple, pour rectifier cette image ou idée reçue ?
• Je n’ai pas encore pensé à cette idée. Si je veux faire triompher l’idée de ma civilisation, je présenterai par exemple, dans un roman, une séquence qui reflètera l’Egypte ancienne. Comment par exemple les Hiksous ont occupé le pays et comment on a pu les vaincre et de cette idée, je passerai à une autre pour présenter la vraie image de l’Egypte. Dans mon roman “Sérapium”, je présente une idée – peu connue du public – dans un certain cadre pour la mettre en relief. L’idée est comment pouvez-vous utiliser votre civilisation et la présenter dans un cadre de fantaisie. Présenter les mêmes idées dans toutes les oeuvres, n’attire pas et surtout ne convainc pas. Pourquoi pas présenter Dr Ahmed Zoweil dans une série sur Netflix ou l’autobiographie de Naguib Mahfouz.
•
Que pensez-vous alors du dialogue entre les différentes générations ?
• Mes romans sont adressés à tous. Après mon roman “Aphasia”, une jeune Marocaine m’a contacté pour me dire qu’elle aimerait visiter l’Egypte. Je me demandais, pourquoi, alors que dans le roman, rien ne poussait à cela. Mais, j’ai trouvé alors qu’elle a plutôt aimé la vie en Egypte, la culture et le dialecte égyptiens et donc a voulu visiter ce pays. Cela vous fait penser que vous pouvez atteindre les autres à travers la langue par exemple ou la littérature. Le cinéma égyptien, il y a un certain temps, ne réussit pas à se rapprocher du lecteur arabe. Seulement, vous pouvez atteindre les autres, en adoptant le langage approprié, qu’il s’agisse du classique, du parlé ou du dialecte et ce sera compréhensible par tous. Cela aussi est le sujet de certains de nos ateliers.
Combien de temps prenez-vous pour écrire un roman ?
• Je prends un peu plus de temps en écrivant un roman. J’ai pris plus de 3 ans pour écrire “Aphasia”. De même que pour “Sérapium”, car je fais beaucoup de recherches en écrivant, pour présenter de vraies personnalités et de vrais faits, qui touchent les lecteurs ou les spectateurs, puisqu’il existe une philosophie propre à chaque personnage.
Comment surmontez-vous les difficultés et les défis ?
• La plupart du temps, je rencontre plus de difficultés que de portes ouvertes. Je me sens faible, mais la réussite que je vois avec l’afflux du public après un film ou un roman, me rassure et me redonne la force de continuer et la volonté de réussir. Je dis toujours qu’au début, si beaucoup vous critiquent, travaillez et déployez l’effort pour les transformer en alliés. Il faut avoir la passion de ce que vous faites, pour pouvoir réussir, en évoluant et en développant ses propres atouts, voilà le secret.
Préférez-vous présenter des oeuvres dramatiques sous forme de capsules de six ou sept séries, ou êtes-vous plutôt pour les longues séries ?
• Cela dépend de l’oeuvre que nous voulons adapter. Si le travail peut supporter de longues séries, alors ça y est, aucun problème.
Comment peut-on changer la pensée des jeunes pour leur faire apprendre la culture des ateliers qui leur permettent de découvrir puis développer leurs talents ?
• Vous avez posé une bonne question. Il y a un lieu qui fait des consultations auprès des jeunes étudiants et leur donne des conseils concernant les endroits où ils peuvent apprendre pour satisfaire leurs tendances et leurs penchants. Ces endroits les aident à savoir ce qu’ils veulent vraiment. Les jeunes peuvent découvrir leurs talents depuis à bas âge et donc les ateliers les aident à les développer. Les ateliers ne sont pas dirigés ou ne visent pas tous les gens, mais ils sont plutôt bénéfiques pour les personnes possédant un talent quelconque et désirent le faire évoluer. Pour savoir ce que nous aimons faire vraiment, il faut suivre de près ce que nous aimons faire et que fait-on pendant le temps libre. Si vous faites quelque chose, il faut l’aimer pour être le meilleur à l’exercer. Le talent et la réussite reviennent à plusieurs facteurs, entre autres, un talent hérité et aussi la volonté de réussir, et finalement, il faut avoir un modèle à suivre.
Que conseillez-vous aux jeunes qui aiment écrire ?
• Je leur dis : Essayez. Ou bien vous ne serez rien ou bien vous ajouterez quelque chose. Il faut sortir des moules, arrêter de répéter les autres, et avoir une idée différente, en cherchant chacun sa propre philosophie. “Nous sommes tous là pour une raison”, c’est en résumé ma philosophie et c’est ce que j’ai écrit dans mon roman “Sérapium”. Après avoir découvert ce que l’on aime ou ce que l’on veut, je conseille aux jeunes d’avoir cette confiance en soi, pour savoir se distinguer, c’est très important pour vaincre les difficultés.
Finalement, quel est votre propre foi ?
• Moi, Khaled Zidane, je suis convaincu que je dois léguer un message et une bonne influence pour les autres. L’héritage que je lèguerai sera des lettres, des papiers, bref, un héritage intellectuel car l’héritage matériel s’épuisera.
Citations :
• Sortir des moules et apporter un ajout pour avoir une influence positive sur les autres
• Mon message est de laisser un héritage intellectuel qui ne s’épuise pas
• Savoir tout d’abord ce que l’on aime, puis travailler à le développer
• Transformer les personnes qui vous critiquent en alliés
• Avoir confiance en soi et savoir comment se distinguer