Par Ghada Choucri
Le 23 janvier, la 56ème édition du Salon International du Livre du Caire a été lancée sur le site des expositions au Nouveau Caire. Le président de l’Autorité générale du livre et chef de cette 56e édition, Ahmad Bahei a déclaré que cette édition constitue une véritable plateforme de dialogue culturel et d’échange de vues et d’idées.
Selon lui, jusqu’à mardi dernier, le Salon avait accueilli plus de 1,5 million de visiteurs d’Egypte, du monde arabe et du monde entier. Un véritable centre de rencontre entre tous les intéressés par le livre et la créativité, et les spécialistes du domaine. Parmi les acteurs de la culture arabe qui prennent part à cette édition, il y a le Centre d’Abou Dhabi de langue arabe. A la salle 2, le pavillon dudit centre rayonne et est une vraie inspiration de la culture et de la civilisation arabe.
A noter que le Centre d’Abou Dhabi de langue arabe a été établi en vertu d’une loi du chef de l’Etat et dépend du Département de la culture et du tourisme d’Abou Dhabi, et ce pour soutenir la langue arabe et élaborer des stratégies générales pour son développement et son avancement sur les plans scientifique, éducatif, culturel et créatif.
L’objectif de ce centre est de renforcer la communication interculturelle et de promouvoir la maîtrise de la langue arabe aux niveaux local et international, et aussi de soutenir les talents arabes dans les domaines de l’écriture, de la traduction, de l’édition, de la recherche scientifique, de la création de contenu audiovisuel, et de l’organisation de salons du livre.
Le Centre Abou Dhabi :
Un engagement pour la langue arabe et la créativité
Présidé par son excellence Dr Ali ben Tamim et dirigé par son excellence Dr Saïd Hemdan Al Teneiji, le centre œuvre à atteindre ses objectifs à travers des programmes spécialisés, des ressources humaines compétentes et des partenariats avec de grandes institutions culturelles, académiques et techniques à travers le monde, depuis son siège dans la capitale émiratie, Abou Dhabi.
Ledit centre compte 2700 publications, 148 lauréats des différents prix, et 780 prix et bourses offerts aux auteurs et maisons d’éditions.
Le pavillon du Centre Abou Dhabi a tenue nombre de conférences sur différents sujets liés à la culture arabe et au domaine de l’édition. Le lundi 27 janvier, s’est tenue une conférence sur le Prix Cheikh Zayed du livre et le soutien des industries créatives arabes. M. Mahmoud Sharaf, journaliste et professionnel de médias égyptien, a dirigé la rencontre animée par 3 invités : Dr Fatma El Boudy, fondatrice de la maison d’éditions Al Ain, Dr Shaimaa El Demerdach, chef du département des recherches du patrimoine à la bibliothèque d’Alexandrie. Dr Ahmed Al Saïd, fondateur et directeur exécutif du groupe La Maison de Sagesse pour la culture.
Selon Dr Sharaf, les trois institutions ont remporté le prix du Cheikh Zayed du livre et du soutien des industries créatives arabes lors des trois dernières années.
La conférence portait sur l’importance du Prix, et le rôle que joue ledit prix à soutenir les industries créatives et la publication dans le monde arabe. Les invités se sont penchés également sur les critères nécessaires pour remporter ledit prix, tout en partageant leurs propres expériences en tant que lauréats, et expliquer les moyens par lesquels tous centres ou maisons d’édition pourraient répondre à ces demandes et critères nécessaires au prix.
Les enjeux de l’édition :
Entre défis et opportunités
M. Sharaf indique que le Prix date de 2007 et est considéré comme le plus important prix dans le monde dans le domaine de l’édition. Le prix a commencé avec un certain nombre de sections, qui sont arrivés de nos jours à 10 sections. Le prix est offert par le Centre Abou Dhabi de langue arabe.
La conférence organisée par le Centre portait également sur les obstacles que rencontre l’industrie de la publication dans le monde arabe en général, et le rôle des salons du livre dans le renforcement de l’industrie d’édition en particulier.
Parmi les défis, les droits de propriété intellectuelle figurait en tête de liste. Selon Dr Sharaf, la question des droits de propriété intellectuelle, a été soulevée récemment dans le monde arabe et a encore besoin davantage d’efforts et d’intérêt.
D’autre part, l’industrie de publication, est l’un des domaines particuliers, dont l’objectif principal n’est pas uniquement financier, mais culturel.
Par contre, il existe dans le domaine de l’édition, certains acteurs qui visent uniquement les profits financiers, ce qui affecte le domaine, poursuit-il, ce qui nécessite un organisme pour contrôler, non seulement le contenu des œuvres publiées, mais aussi la déontologie de l’industrie.
A cet égard, Dr Sharaf, a présenté un exemple de ces problématiques, au début du Salon international du livre du Caire, une des maisons d’éditions, exposait une 16ème édition d’un livre, dont la première a été lancée au début du Salon. «En trois jours, parvenir à une 16ème édition, est une question suspicieuse, c’est souvent une contrefaçon », explique-t-il en ajoutant que ce n’est qu’une des problématiques rencontrées dans le domaine de la publication.
Une autre question sur laquelle reposait la rencontre était le soutien des gouvernements à l’industrie de publication, vu la particularité de cette industrie, et notamment le soutien des maisons d’éditions privées.
Le Prix Cheikh Zayed du livre : Un catalyseur un catalyseur des industries créatives arabes
De son côté, Dr Ahmed Al Saïd, directeur exécutif du groupe « La maison de la sagesse pour la culture », lauréat du prix Cheikh Zayed de livre, section de la publication et des technologies culturelles 2024, a indiqué que le prix est l’une des plus importantes motivations pour la qualité de la créativité dans le monde arabe.
Le prix, poursuit-il, est non seulement des plus grands prix dans le monde arabe, mais il incite le lauréat à s’engager aux critères de qualité, voire les développer, puisqu’il devient au centre d’intérêt de tout le monde, et donc le prix devient un soutien oral et matériel.
Ce côté durable, représente l’objectif du prix qui opte à évoluer la qualité de la créativité d’une manière durable dans le monde arabe.
Parmi les défis que rencontrent les auteurs, selon Dr Al Saïd, il y a le pouvoir des réseaux sociaux, et le contenu de qualité inférieure circulant sur ces réseaux, aussi le manque d’intérêt accordé à l’enseignement de la langue arabe et les programmes de langue arabe, ce qui fait que la jeune génération se tourne vers les livres anglophones, sans oublier le manque des réseaux de distribution de qualité des publications imprimées. Enfin l’immaturité de la pensée sur les droits de propriété intellectuelle dans le monde arabe fait également partie des défis rencontrés dans ce domaine.
Concernant le rôle que joue le Salon du livre dans l’industrie de l’édition, Dr Saïd indique que les salons sont un espace ouvert pour exposer des produits avec pour objectif d’attirer un plus grand public et d’interagir avec ce public et le Salon international du livre du Caire est l’un des plus grands salons fréquenté par nombre de visiteurs, ce qui permet d’atteindre un public large, car cela est bénéfique à l’industrie de l’édition.
L’Egypte au carrefour de la diffusion de la langue arabe
De son côté, M. Abdel Rahman Al Nakbi, directeur de l’administration des prix littéraires au centre d’Abou Dhabi de langue arabe, a souligné que le Salon international du livre du Caire est un pilier stratégique pour le Centre Abou Dhabi et l’administration des prix littéraires. « On s’intéresse fort à faire partie chaque année du Salon, qui est un des plus grands dans le monde arabe, ce qui nous permet de rencontrer les plus grands acteurs de la culture dans le monde arabe », dit-il. D’autre part, leur participation au salon, leur permet également de faire la promotion des activités du Centre Abou Dhabi.
Concernant les prix sous la direction de l’administration des prix littéraires, M. Al Nakbi, indique qu’il existe trois prix : Prix Cheikh Zayed du livre, un des plus un des plus anciens et des plus intéressants prix avec 10 sections, ensuite, le prix «Kanz Al Jeel», «Trésor de la génération», un prix lancé par le Centre d’Abou Dhabi de langue arabe dans le but d’honorer les œuvres poétiques, les études folkloriques et la recherche nabatéennes. Il est décerné aux étudiants et aux créateurs qui ont présenté des œuvres abordant le patrimoine lié au nabatéen, la poésie et ses valeurs authentiques. La poésie Nabati date au moins du XIVe siècle. La Nabati connaît à la fin du 20ème et au début du 21ème siècle un net renouveau, particulièrement aux Émirats arabes unis. Le troisième prix est celui de «Sard Al Zahab», «Narration d’or» qui vise à soutenir l’art populaire du récit arabe dans le monde arabe. Le prix a été créé en reconnaissance de la longue tradition de narration en langue arabe, y compris la diffusion constante de contes et de mythes populaires, qui font partie intégrante du patrimoine, de la culture et de la pensée arabes. Le prix vise également à présenter et soutenir cette tradition, son étude et son expression dans la culture contemporaine. Selon Dr Nakby, le prix accorde l’intérêt à la narration populaire, les narrations visuelles, et aussi les conteurs et la narration émiratie. Il existe deux autres domaines du prix, celui des recueils de nouvelles publiés, mais aussi pour les recueils non publiés, ce qui aide et encourage les créateurs en herbe et qui n’ont pas les moyens de publier leurs publications.
Enfin, Dr Al Nakby a indiqué que l’Egypte est une plateforme importante qui réunit tous les intéressés et spécialistes de la langue arabe.