
Installée depuis 1963 par Jean Leclant et Jean-Philippe Lauer, la mission archéologique franco-suisse de Saqqarah (MAFS) développe ses enquêtes sur la nécropole de la famille royale de Pépi I er et publie les Textes des Pyramides des rois et des reines de la VI e dynastie. Avec la coopération du ministère du Tourisme et des Antiquités, la mission travaille côté à côte avec l’Institut français d’archéologie orientale, le Centre National de la Recherche Scientifique, l’Institut national de recherches archéologiques préventives, l’Université Paris Sorbonne – Paris IV et de l’Université de Genève. Elle est désormais sous la responsabilité de l’égyptologue Philippe Collombert, professeur à l’Université de Genève et spécialisé à l’étude des textes. Interview
La MAFS est une mission qui s’attache à approfondir les recherches sur les Textes des Pyramides. Et cela avec une équipe internationale formée d’une dizaine de personnes. Pour deux mois dans l’année, la mission -qui était française au départ puis devenue franco-suisse renferme des spécialistes de différentes domaines, et travaille également côte-à-côte avec les services de restauration de Saqqarah et des inspecteurs aussi. Les Textes des Pyramides, qui sont les textes religieux les plus anciens conservés dans l’Histoire de l’humanité, sont toujours sujet des recherches.
« Ce sont des textes qui étaient écrits gravés à l’intérieur des pyramides des rois de l’Ancien Empire depuis Ounas. Ces textes, dès qu’ils ont été découverts à la fin du 19ème siècle, c’était une découverte très intéressante, parce qu’on avait un accès direct à ce que les Égyptiens anciens pensaient de la vie dans l’au-delà, donc dès la fin du 19ème siècle, on a publié ses textes. Mais on a publié tous les textes qui étaient sur les parois en place. Or il se trouvait aussi que ses textes avaient été partis détruits et donc il y avait au pied de ces parois encore des milliers de fragment de chacune de ses pyramides. Et donc cette mission a été créé pour ça : Récolter tous les fragments, et refaire le dessin assemblé de ces fragments, déjà les assembler sur papiers et ensuite si c’est possible les assembler sur les murs eux-mêmes. Par exemple, dans la pyramide de Pépi I, qui est vraiment le lieu principal de notre fouille, tous les textes ont été replacés et restaurés. C’est un travail très minutieux, parce qu’il faut déjà refaire les dessins de chaque fragment. Au début, on commence par faire le dessin de chaque fragment sur un transparent et on suit le contour du fragment lui-même, ensuite on le redessine sur l’ordinateur, puis on cherche les assemblages sur l’ordinateur, après réassembler dans la pyramide ces fragments », a commencé Dr Collombert.

Par ailleurs, la mission travaille avec des restaurateurs dépendant du ministère du Tourisme et des Antiquités ainsi qu’avec l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO). « On leur donne l’assemblage sur papier et eux à partir de cet assemblage, ils voient comment il faut replacer les blocs des fragments à l’intérieur des pyramides », a-t-il poursuivi.
De fait, dès 1963 le travail de récolte a commencé, pourtant il reste toujours beaucoup de travail à faire, selon le chef de la mission. « On a récolté presque tous les fragments qu’on a trouvé à l’intérieur des trois pyramides des rois Téti, Pépi 1 er et Mérenrê.
Pour la pyramide du roi Pépi 1er, on a fini les dessins et replacé tous les blocs à l’intérieur et les restauré aussi. Le roi Mérenrê a fini le dessin et la reconstitution sur les papiers, mais on n’a pas encore pu restaurer les blocs à l’intérieur des pyramides. Cette tâche sera un peu difficile à faire parce que le service des Antiquités et le ministère a peur que cela attire les pillards qui viennent à l’intérieur. », a confirmé Dr Philippe.
En ce qui concerne les autres pyramides dans la nécropole de Saqqarah, l’égyptologue français a expliqué que la mission a décidé d’ouvrir d’autres pyramides pour les explorer. Commençant par la pyramide de Pépi II qui avait été fouillée dans les années 1930 par un égyptologue suisse. La mission s’était intéressée de prendre tous les fragments de 1cm *1cm et elle a essayé de les remplacer.
Un travail très loin d’être terminé
A partir de 1980, la mission a aussi commencé à fouiller autour de la pyramide de Pépi Ier ainsi que son temple funéraire, qui se trouve tout à côté, pour récupérer les fragments épars et ensuite elle a fouillé le cimetière qui se trouve autour de la pyramide et là ils ont cherché les tombes des pyramides des reines des épouses du roi Pépi Ier.
Et depuis 1988, le principal travail de la mission, en plus de chercher à reconstruire les textes des pyramides, c’est de fouiller la nécropole des pyramides de reines des épouses du roi et depuis, la mission a trouvé une dizaine de pyramides de reine et parmi elles. « On a retrouvé la pyramide de deux reines, dont à l’intérieur est gravé des textes des pyramides aussi. Et donc ce n’était pas seulement un privilège d’avoir des Textes des pyramides pour les rois mais aussi pour certaines reines très importantes, dont elles ont eu le droit de faire graver des textes à l’intérieur de leurs pyramides. Et comme résultat, on a de nouvelles tombes avec de nouveaux textes de pyramides, et c’est-à-dire de nouveaux fragments à recomposer et restaurer. », a-t-il renchérit.
Concernant les fragments, les membres de mission commencent à les chercher dans les chambres funéraires. « Dans la plupart du temps, la pyramide elle-même a été détruite de deux manières : A l’époque de l’Égypte ancienne, les pilleurs qui sont entrés, ont volé tous les trésors. Quant à la deuxième, cette zone de Saqqarah est devenue une carrière de pierre, et depuis le Nouvel Empire les gens qui voulaient construire des maisons, sont allés à cette zone pour prendre des pierres de l’extérieur disant des pierres de calcaire de Torah. », a-t-il conclut.