
La campagne de boycott lancée par l’opposition turque est largement suivie dans le pays. Visant notamment les produits taxés et ceux des entreprises proches du pouvoir, elle permet de s’assurer les soutiens d’artistes nationaux et internationaux, comme l’explique la presse turque, selon courier international. Fr.
Après l’arrestation puis l’emprisonnement du maire d’Istanbul et rival de Recep Tayyip Erdogan, Ekrem Imamoglu, qui devait être désigné comme candidat aux élections présidentielles, l’opposition se cherche de nouveaux modes d’action. Après les manifestations et les meetings (celui du samedi 29 mars a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes), elle se lance dans une campagne de boycott destinée à faire entendre sa colère.Le 2 avril, les Turcs ont ainsi été appelés à se priver d’achats, la “grève” de la consommation s’orientant en particulier vers les produits où les taxes, notamment l’équivalent turc de la TVA, sont les plus importantes (alcool, essence…).“Je soutiens l’appel au boycott lancé par les jeunes contre la répression dont sont victimes les étudiants et leurs familles, rejoignez ce boycott et utilisez votre pouvoir d’achat comme une force”, a appelé Özgür Özel, le leader du Parti républicain du peuple (CHP), la première force d’opposition, rapporte le média en ligne Bianet.
Les mobilisations récentes en Turquie, qui ont débuté à Istanbul le 19 mars, sont les plus vastes depuis le mouvement de Gezi en 2013, qui avait profondément ébranlé le pouvoir de l’AKP (le Parti de la justice et du développement, islamo-nationaliste, de Recep Tayyip Erdogan). Cette contestation trouve son origine dans l’arrestation, le 19 mars dernier d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et candidat du CHP (Parti républicain du peuple, kémaliste, laïque et social-démocrate) à l’élection présidentielle prévue pour 2028, ainsi que d’une centaine d’autres personnes, dont deux maires d’arrondissement d’Istanbul (Beylikdüzü et Sisli).Imamoglu, accusé par le pouvoir de corruption dans le secteur immobilier et de soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste, a remporté les élections municipales à trois reprises face à l’AKP. Sa dernière victoire, en mars 2024, est liée, d’une part, à sa capacité à unir différents courants politiques de gauche, dont le Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM Parti), issu du mouvement politique kurde, et d’autre part à mettre en œuvre des projets sociaux, tels que l’ouverture de crèches, de cantines populaires et de résidences étudiantes, ainsi que des programmes de rénovation d’ampleur. Sous sa férule, des bâtiments et des sites industriels, mais aussi des édifices historiques en mauvais état ont été réhabilités.