Imaginez que vous êtes en train d’écouter un sermon, un dimanche matin, ou un discours de la prière du vendredi, cependant, ces mots pleins de sagesse, de piété et d’exhortation, vous parviennent d’une IA ! L’intelligence artificielle pourra-t-elle à un moment se faufiler en toute douceur dans nos moments de spiritualité censés être très personnalisés ?
![Et si l’IA se faufile dans nos vies spirituelles … 4 - Le Progrès Egyptien Et si l’IA se faufile dans nos vies spirituelles … 3 - Le Progrès Egyptien](https://www.progres.net.eg/media/2025/02/IMG_4384.webp)
Par : Hanaa Khachaba
L’univers prolifique des applications d’IA n’a pas raté le monde des religions qui offre deux caractéristiques propices à cette technologie : la référence constante à des textes fondamentaux : la Bible ou le Coran et leurs millions de commentaires écrits ; la relation intime du croyant avec le spirituel qui peut passer par l’usage d’un ordinateur ou d’un smartphone, lit-on sur Le Figaro.
Or, les autorités religieuses aussi bien que les pratiquants affirment qu’aucune machine ne pourra jamais remplacer la dimension personnelle de la vie spirituelle qui passe par la relation humaine.
L’intelligence artificielle, par sa capacité à traiter et à analyser de grandes quantités d’informations, peut effectivement jouer un rôle dans nos moments de spiritualité. Elle peut offrir des réflexions, des conseils et des mots de sagesse adaptés aux besoins individuels, et ce, à tout moment. Cependant, il est essentiel de considérer la nature du lien spirituel. La spiritualité est souvent ancrée dans des expériences humaines profondes, des émotions et des connexions personnelles. Une IA peut fournir des discours inspirants et des exhortations, mais elle ne pourra jamais remplacer l’authenticité d’une interaction humaine, ni la profondeur des expériences vécues par un être humain dans sa quête spirituelle.
Cela dit, l’IA peut compléter nos moments de spiritualité en nous offrant des ressources, des réflexions et des outils pour approfondir notre compréhension. Elle pourrait également aider à rassembler des communautés, à faciliter des discussions sur des thèmes spirituels et à rendre la sagesse accessible à davantage de personnes. Oui, l’intelligence artificielle peut s’intégrer dans nos moments de spiritualité, mais son rôle devrait être celui d’un complément, et non d’un substitut à l’expérience humaine authentique. Cela soulève également des questions éthiques sur l’utilisation de la technologie dans des domaines aussi personnels et sensibles, ce qui mérite réflexion et discernement.
![Et si l’IA se faufile dans nos vies spirituelles … 6 - Le Progrès Egyptien Et si l’IA se faufile dans nos vies spirituelles … 5 - Le Progrès Egyptien](https://www.progres.net.eg/media/2025/02/IMG_4382.webp)
Le 28 janvier, le Vatican a publié un document officiel « Antiqua et Nova » approuvé par le pape qui salue les immenses potentialités de l’intelligence artificielle tout en s’inquiétant du risque « d’idolâtrie ». Il convient, selon l’Eglise catholique, de contenir cette technique. Elle poursuit « L’IA devrait être utilisée seulement comme un instrument complémentaire de l’intelligence humaine et pas se substituer à sa richesse ». Le Vatican appelle même à une « réglementation attentive » de l’IA, rapporte Le Figaro.
En 2020, il avait lancé un « appel » pour une « intelligence artificielle éthique » signé par plusieurs entreprises mondiales dont Microsoft, IBM et Cisco.
En attendant, l’IA est-elle déjà entrée dans les lieux de culte ? Et si un cheikh ou un prêtre teste dans son établissement la diffusion audio d’un sermon entièrement généré par l’intelligence artificielle ? Et si sa voix est si bien imitée que ses fidèles n’y voient que du feu, sûrs et certains que c’était lui qui parlait à travers les haut-parleurs ! Cela ne relève plus de l’imaginaire. Un miracle ? Non plus.
A l’aide d’un « data scientist », ingénieur spécialiste de l’intelligence artificielle, un prêtre ou un cheikh pourra facilement mettre au point un chatbot, un robot de dialogue, capable d’engager des discussions avec les fidèles autour de questions théologiques complexes. Sa voix de synthèse, imitant parfaitement son timbre et son rythme, répondra du tac au tac avec pertinence et subtilité.
![Et si l’IA se faufile dans nos vies spirituelles … 8 - Le Progrès Egyptien Et si l’IA se faufile dans nos vies spirituelles … 7 - Le Progrès Egyptien](https://www.progres.net.eg/media/2025/02/IMG_4381.webp)
Nourrie par tous les textes de commentaires spirituels écrits par l’homme de religion pour en faire une base de données complète, la machine a ensuite appris à reproduire la voix de son commanditaire avec ses intonations, des nuances, pour le faire « parler », en n’utilisant que ses seuls écrits et raisonnements. Des textes sans cesse adaptés et reformulés, c’est là le miracle de rapidité et de gestion de données de l’IA, qui permettent de répondre aux questions posées !
Cependant, même si l’IA va apporter un texte structuré, argumenté, illustré, convaincant et exact sur le plan exégétique, elle ne produira jamais une bonne homélie qui, dans son essence, est le fruit de l’union de trois facteurs : le texte sacré, le prédicateur et l’assemblée (les fidèles). En revanche, l’IA peut aider à la préparation du prêche par la recherche de citations ou de traductions possibles de tel verset de l’écriture ou d’images parlantes. Mais si elle peut aider « à parler aux intelligences », elle ne peut pas « toucher les cœurs », estime Denis Le Chatelier, un ingénieur en agriculture qui préside le service d’optimisation des homélies (SOH), en France.