A force d’être scotchés à notre smartphone, nous craignons de manquer ce qui se passe sur les réseaux sociaux et pouvons ainsi développer une crise de FOMO.
En réaction, s’est développé le JOMO, une façon sûre de s’esquiver pour réussir sa digitale détox. Choisissez votre camp, il y en aura pour tout le monde…
Par Hanaa Khachaba
Depuis un certain temps, on parle de frontière entre le réel et le virtuel. Désormais, on n’arrive plus à distinguer l’un de l’autre, tellement le virtuel se confond au réel, voire c’est le réel même. D’où l’apparition de néologismes « Fomo » et « Jomo ». Si votre ami vous parle de sa « crise de Fomo » et de sa « volonté de Jomo », rien de surprenant. C’est dans l’air du temps. Sur-sollicité par son entourage, fatigué de l’info continue, il a opté pour le Jomo, pour (Joy of missing out) ou la joie de passer à côté de quelque chose, après avoir atteint le paroxysme de Fomo, pour (Fear of missing out). Enfin, en 2023, des retrouvailles avec soi !
Fomo et Jomo ? Mais de quoi s’agit-il ? Instagram, Twitter, Facebook et d’autres réseaux sociaux peuvent créer une dépendance. Cette hyperconnexion à ce que font les autres, provoque cette anxiété sociale, cette peur de manquer des opportunités, des expériences et des informations. Le phénomène Fomo, syndrome nommé et popularisé au début du XXIe siècle par l’expert en marketing Dan Herman, traduit la peur de passer à côté du dernier sujet de conversation à la mode, d’une tendance sur les réseaux sociaux, etc., lit-on sur TFI info.
Alors, s’agit-il d’un simple phénomène de mode que d’avouer son Fomo ? Des sociologues prennent le phénomène très au sérieux et évoquent une dépendance à Internet qui continue de progresser notamment chez les ados et les jeunes âgés. Les confinements lors de la crise sanitaire du Covid n’ont pas du tout coïncidé avec des moments de déconnexion, bien au contraire.
D’abord décrit comme un mal adolescent raillé par les parents et qui décrivait les angoisses multiples liées au manque de wifi ou de téléphone, le Fomo a vite gagné l’ensemble de la population, pendant la pandémie. Il demeure que les moins de 20 ans sont particulièrement exposés à cette course vers un trop-plein.
A rebours du Fomo, le Jomo. C’est donc la joie de passer outre, ou à côté. Le Jomo est un signal de rupture. Alors qu’il se réduisait à l’origine à une détox digitale, le Jomo détient aujourd’hui sur d’autres pans de notre quotidien, et ce besoin de rétropédalage recouvre autant de secteurs différents qu’il pleut d’acronymes, souligne Le Figaro. Ça devient un appel à la réaction, une volonté d’aller dans le sens contraire du flux, comme une envie de se « désemplir ».
Si le Jomo vous invite à filtrer les sollicitations de votre sphère sociale, son cousin le Romo pour (relief of missing out), en français le soulagement d’être coupé de l’extérieur), décrit l’apaisement que procure le fait de se tenir à l’écart du flux tendu des informations.
Plutôt que de participer à la prochaine soirée, les adeptes de Jomo restent sur leur canapé et regardent leur série préférée, sans le moindre souci ni regret. Ils profitent des moments simples de la vie et se sont détachés de l’idée que bien remplir sa vie signifie de toujours découvrir de nouvelles choses.
Nous vivons dans une époque offrant d’innombrables possibilités.
Internet nous les placarde en permanence sur les réseaux sociaux, mais aussi à chaque fois que nous cliquons sur les portails d’actualités, que nous regardons des vidéos YouTube et que nous écoutons des podcasts.
Les disciples de Jomo ne se laissent plus toucher par l’impression que la vie des autres est parfaite. Avec la Joy of missing out, la personne n’essaiera plus de participer à chaque nouvelle tendance qu’Internet idéalise. A la place, les personnes ayant le Jomo font le choix de décélérer et sont à l’écoute de leurs besoins.
Elles préfèrent la qualité à la quantité, ne prennent plus leurs décisions en se basant sur des « Il faudrait que… » ou des « Je devrais… » et se concentrent sur les personnes et les activités importantes de leur vie. Elles prennent régulièrement du temps pour elles, pour se détendre, réfléchir et ne rien faire.
Alors que le Fomo, Fear of missing out, fait l’objet d’une attention particulière dans les médias grand public depuis déjà plusieurs années, le Jomo est un phénomène relativement nouveau. Il a fallu attendre 2018 pour que la Joy of missing out soit présentée comme la nouvelle tendance de l’été par le New York Times touchant ainsi un public beaucoup plus vaste.
Le Jomo est donc le contre-mouvement logique au Fomo. Une étude américaine a démontré que la jeune génération était extrêmement stressée par rapport aux générations antérieures. 95% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles étaient stressées occasionnellement ou très souvent.
Internet joue ici un rôle considérable. 52% des personnes interrogées avouent passer trop de temps en ligne. Sur Internet, ils voient alors à quel point la vie des autres est « formidable » et découvrent quelles sont les nouvelles tendances pour être cool et branché.
La comparaison numérique via les réseaux sociaux entraîne un sentiment constant de trop grande sollicitation. L’école, les études et le travail comportent déjà de nombreuses obligations, mais si l’on souhaite pouvoir rivaliser avec la vie privée apparemment débordante de ses amis sur les réseaux sociaux, le temps libre est alors également pris d’assaut. Les générations Z et Y s’imposent des exigences élevées : faire du sport et adopter une bonne alimentation pour avoir un corps parfait, faire de la médiation et se développer personnellement pour maîtriser sa personnalité, participer à des soirées, des concerts et des week-ends pour entretenir les amitiés.
Malgré tous nos efforts, nous ne pouvons pas nous empêcher de ressentir de l’insatisfaction lorsque notre vie est encore loin de ressembler à la « formidable » vie Instagram des stars. 59% des personnes interrogées appartenant à la génération Z essaient donc d’entretenir leur santé mentale et de réduire le stress. Et pour faire face à la sollicitation constante et au stress permanent, un grand nombre d’entre eux sont ravis de se tourner vers la Joy of missing out.
5 conseils pour un quotidien avec
davantage de JOMO, selon le site ionos.fr
Le JOMO et le FOMO peuvent être gérés en prenant conscience de leurs effets et en développant des stratégies pour les gérer.
Les gens peuvent apprendre à prendre du recul et à se concentrer sur
leurs propres objectifs et leurs propres intérêts plutôt que sur ce que font les autres.
Les gens peuvent également apprendre à se déconnecter des médias sociaux et à prendre des pauses pour se détendre et se recentrer. Pour ceux qui auraient des difficultés à ne rien faire, voici cinq conseils pour vivre toujours plus de moments de JOMO dans son quotidien :
1. S’accorder le temps de penser : la joie de vivre n’augmente pas avec le nombre d’activités réalisées lors du temps libre. S’il est essentiel de faire des choses avec sa famille et ses amis, il est tout aussi important de s’accorder régulièrement des moments de solitude pour entretenir sa santé mentale. Dans l’idéal, sans smartphone, sans Internet, ni télévision. Réfléchissez à vos problèmes et à vos peurs, passez en revue vos expériences et donnez l’opportunité à vos désirs et à vos rêves de s’aventurer dans votre conscience.
2. Définir des priorités : plus vous prendrez de moments pour vous dans lesquels vous réfléchirez à votre vie, plus les facteurs essentiels dans votre vie vous apparaîtront clairement. Examinez vos obligations et vos activités afin de déterminer celles qui ne vous conviennent plus et mettez-les de côté pour avoir davantage de temps pour les personnes et les expériences qui ont de l’importance pour vous.
3. Apprendre à dire non : après avoir déterminé vos priorités, il vous sera plus simple de refuser des invitations, des demandes et des offres. Si vous avez du mal à dire non, concentrez-vous sur les facettes de votre vie pour lesquelles dire non vous octroierait davantage de temps. En effet, chaque non cache un grand oui à vos projets personnels.
4. Se fixer des moments hors ligne : lors de votre temps libre, vous vous jetez sur votre smartphone ou votre télévision ? Soyez plus malin que votre moi intérieur casanier. Utilisez des applications qui vous
bloqueront l’accès à certains programmes pour une période donnée ou rendez-vous dans un café sans Wi-Fi pour profiter de votre pause hebdomadaire.
5. Se concentrer sur l’ici et maintenant : vous ressentirez automatiquement plus de Joy of missing out si vous êtes en accord avec le moment présent. Même si ce n’est pas toujours facile, la méditation peut aider. Il est prouvé qu’elle réduit le stress et augmente le sentiment de bonheur. Il est important de méditer régulièrement, dans l’idéal chaque jour, et de ne pas mettre un terme à cette bonne habitude dès que vous ressentirez une évolution dans votre moral. Dans le cas contraire, la JOMO laissera rapidement place à la FOMO.