Dr Rania Adel Khalifa s’exprime à cœur ouvert au Progrès Egyptien
Rania Adel Khakifa, chef du département de français à la faculté Al-Alsun, à l’Université d’Aïn Chams a obtenu sa licence en traduction et littérature en 1998, suite à cela, elle a entamé ses études supérieures. Elle a eu son magistère en 2002 en sociolinguistique chez Azouz Begag. Cela a été suivi par sa thèse de doctorat en 2005 toujours sur la littérature de la deuxième génération de l’immigration, plus précisément sur l’analyse du français des cités, des banlieues, l’argot, le verlan. En 2017, elle devient professeur de sociolinguistique, mais n’oublie pas qu’elle porte un double casque étant aussi bien une traductrice et interprète. Dans le domaine de la traduction écrite, elle a déjà traduit l’œuvre la Reine du Silence, un roman de Marie Nimier qui a reçu le prix Médicis en 2005.






Elle a également participé à la traduction de l’ouvrage « La Description d’Egypte » qui était un projet colossal fait par l’Organisme général du Livre. De même, elle a contribué à la confection du dictionnaire bilingue « Kalimât » (Des mots) qui a été publié par la Maison d’édition Ellipses en France, un travail en coopération avec l’Université Aïn Chams et l’Université Lyon II, Lumière. Mais, son vrai début était dans la presse francophone en tant que rédactrice et correctrice.
Si Khalifa a commencé dans la presse, elle a vite passé à l’enseignement et trouve les deux univers totalement complémentaires. Elle a assuré : « C’était un passage assez paisible parce que les deux mondes sont liés par la langue française. J’ai enseigné la langue française et parfois, j’ai enseigné la composition. Le journalisme m’a aidé à consolider mes compétences dans le domaine de l’écriture. Et, lorsque j’ai enseigné la composition à la quatrième année universitaire, j’ai opté pour l’écriture journalistique. Donc, j’ai pu profiter de mon travail et j’ai exploité mon savoir journalistique dans le domaine de l’enseignement. D’ailleurs, j’ai commencé à initier les étudiants à rédiger un article et la différence entre un éditorial, un reportage, une interview. Il y a un va-etvient entre les deux mondes. Un autre lien entre les deux mondes c’est l’idée de transmettre. Dans le journalisme comme dans le professorat, l’idée est de transmettre un message à un public cible et transmettre un certain savoir.
A la Faculté, c’est un savoir académique et scientifique, dans le journalisme, c’est un savoir culturel ou varié ». Etant chef de département, Khalifa a évoqué que les programmes universitaires sont constamment revus de sorte à préparer les étudiants au marché du travail. Pour elle, études et marché du travail sont deux faces d’une même monnaie : « Nous révisions les programmes chaque année, mais aussi chaque quatre ans, après la diplomation des étudiants, nous révisons les programmes.
C’est ce qui a amené à intégrer des matières comme le Français sur objectif spécifique dans les quatre années d’études. Auparavant, nous n’enseignons pas cette matière, mais ça a été intégré dans le cursus universitaire depuis 2018. Ainsi, nous enseignons le français du tourisme, du secrétariat, de l’hôtellerie, des affaires, scientifique, et médical. Et, nous avons une matière consacrée à la traduction audiovisuelle, voire le sous-titrage et le doublage, une matière sur le traitement automatique des langues, de la terminologie. Bref, nous essayons de savoir ce qui est demandé dans le marché du travail et de répondre à ces besoins. Cela se fait de manière très régulière, très systématique. C’est un travail infini ». Après le coronavirus, l’enseignement a beaucoup changé, a reconnu Dr Rania Khalifa. « La pandémie du Coronavirus a vraiment impacté notre vie sur le plan social et surtout au niveau éducatif. C’est vrai qu’avec la propagation de cette pandémie, nous avons eu recours à tout ce qui est en ligne. Nous avons commencé à concevoir une plateforme pour les cours et à travers cette plateforme, nous étions amenés à faire un remaniement des programmes, du cursus, des méthodes d’enseignement, des exercices.
Je crois que ça va être une tendance mondiale qui va continuer et qui a déjà continué. C’était une arme à double tranchant. D’une part, ça nous a permis de ne pas suspendre les cours, de continuer le processus éducatif, de donner les cours et faire des activités. Les plateformes de zoom et de teams, nous ont permis de mettre en place un nouveau système éducatif. Nous entendons certainement continuer, pas dans tous les domaines. Si nous parlons du domaine de l’apprentissage de la langue française, il ne faut pas oublier qu’il y a une composante fort importante à savoir le contact et l’interaction. Ce qui fait défaut à d’innombrables plateformes dans l’enseignement en ligne.
La présence des étudiants dans une classe avec un professeur est une nécessité. On ne peut s’en passer : la relation prof-étudiants qui compte. Pendant un moment, il y a eu les cours bimodale (présentiel et à distance), comme nous avons levé tous les gestes barrières, nous avons décidé de revenir à la normale. Et, il y a des activités en ligne. Mais n’oublions pas que les différents masters en ligne permettent à des étudiants dans des zones lointaines de poursuivre leurs études ».