C’est le Seigneur qui est maître de la vie. C’est Lui Seul qui détient le sort de ses créatures. Partant de cette croyance, il est interdit -selon le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam- d’ôter la vie de quelque manière que ce soit. Accepter la condition humaine jusqu’à la mort est une sagesse naturelle qui laisse l’individu, bien entouré des siens, faire ses adieux et partir, sereinement, vers l’au-delà. La vie, cette valeur fondamentale et universelle ne peut aucunement dépendre du choix humain. Mais, et si l’on voulait « humaniser » la mort ? Et si l’on voulait « assister » une personne profondément souffrante en fin de vie ? L’euthanasie serait-elle une solution ? Le débat est lancé…
Par : Hanaa Khachaba
Le droit au suicide assisté ou l’euthanasie est un sujet de débat complexe et controversé dans notre société. Certaines personnes considèrent cela comme une forme de compassion, permettant à ceux qui souffrent d’une maladie incurable de mettre fin à leur vie avec dignité et sans douleur. D’autres, cependant, croient que cela va à l’encontre de la valeur de la vie et, serait donc immoral.
Pourtant, pour ceux qui souffrent de maladies incurables ou de douleurs chroniques, le droit au suicide assisté peut être considéré comme une solution à leur souffrance. Ces personnes peuvent être confrontées à une vie de douleur et de misère, incapables de trouver un soulagement ou un espoir de guérison. Pour eux, la mort peut sembler être la seule issue.
Bien sûr, il y a des risques liés à l’euthanasie et au suicide assisté. Les gens pourraient être forcés ou manipulés à prendre cette décision, ou pourraient en abuser pour des raisons financières ou autres. C’est pourquoi il est important de mettre en place des mesures de sécurité strictes pour protéger ceux qui choisissent cette option, dans les pays qui autorisent cette pratique.
Le droit au suicide assisté soulève également des questions éthiques et religieuses. Certaines personnes croient que la vie est sacrée et qu’il est immoral de mettre fin à la vie d’une personne, quelle que soit la raison. D’autres croient que les personnes ont le droit de choisir leur propre destin et que cela inclut le choix de mettre fin à leur vie.
Les religions célestes, qui incluent l’Islam, le Christianisme et le Judaïsme, ont des vues différentes sur l’aide active à mourir, ou l’euthanasie.
Le suicide, un péché majeur
Dans l’Islam, l’aide active à mourir est considérée comme une violation du droit sacré de Dieu sur la vie humaine. Le Coran interdit explicitement le suicide et considère que la vie est sacrée et intouchable. Les musulmans croient que la souffrance et la maladie sont des épreuves envoyées par Dieu pour tester la patience et la foi des croyants, et que ces épreuves doivent être acceptées avec grâce. Qui serait plus miséricordieux qu’Allah, le Miséricordieux, le Tout-Puissant et le Clément ? Personne.
En Egypte, tout comme dans le reste des pays musulmans, il est catégoriquement interdit de se donner la mort quelle qu’en soit la raison. Le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allah lui soient accordées) a dit : « Celui qui se jette du haut d’une montagne et se tue, entrera en Enfer où il répétera cet acte infiniment. Celui qui avale du poison et se tue ainsi, entrera en Enfer avec son poison dans la main et il l’avalera infiniment. Celui qui se tue avec une barre de fer, entrera en Enfer, sa barre de fer dans la main, avec laquelle il se frappera le ventre infiniment » (Boukhari et Mouslim). Ceci étant, le médecin musulman doit appeler à la religion d’Allah, par les actes et la parole. Et il doit se doter du savoir légal qui lui permet de s’acquitter de cette noble mission. Ainsi, en soignant les corps, il peut aussi soigner les cœurs en les guidant vers Allah. Il est interdit au médecin d’aider le malade à commettre même une petite désobéissance et, à plus forte raison, un péché majeur qu’est le suicide. Un médecin musulman est donc tenu d’expliquer au malade le danger de se suicider, et s’il n’est pas convaincu, il ne doit pas l’aider à commettre cet acte. S’il peut l’éloigner d’un mal quelconque, qu’il n’hésite pas à le faire.
Le Seigneur, maître de la vie
Le Christianisme considère également que la vie est sacrée et qu’elle ne doit pas être délibérément interrompue. L’euthanasie ou l’aide active à mourir sont considérées comme des péchés graves contre la vie humaine, car elles vont à l’encontre de la volonté de Dieu. Cependant, il est important de noter que certaines branches du christianisme, telles que l’épiscopalisme et le luthéranisme, ont des positions plus nuancées sur l’aide active à mourir.
Dans le judaïsme, la vie est également considérée comme sacrée et intouchable. L’euthanasie et l’aide active à mourir sont considérées comme des violations du commandement de Dieu de ne pas tuer. Cependant, il est également considéré que la souffrance inutile peut être évitée par des moyens légitimes, tels que la sédation palliative.
En France, les responsables religieux sont opposés à toute aide active à mourir, selon le Figaro. Sans s’exprimer d’une seule voix, les religions en France s’opposent à une éventuelle « aide active à mourir », à laquelle le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a ouvert la porte mi-septembre. Et ce, même si cette « aide active » est encadrée par « certaines conditions strictes ». Des représentants de cultes en France ont été consultés à ce sujet par le gouvernement et le président de la République.
Le président de la Fédération protestante de France, le pasteur Christian Krieger a dit : « S’il s’agit d’humaniser la mort, le développement d’une offre de soins palliatifs et une meilleure application de la sédation profonde constituent des priorités ». Même refus chez les protestants évangéliques, représentés par le Conseil national des évangéliques de France (CNEF). «Au nom de l’Évangile, nous sommes attachés au fait que la valeur de la vie ne saurait être liée à son utilité ni à sa performance sociale», explique Erwan Cloarec, leur président. Il propose même le «quoi qu’il en coûte» pour «se donner collectivement les moyens de développer l’offre de soins palliatifs». Mohammed Moussaoui, vice-président du Conseil français du culte musulman, partage l’opposition au projet de suicide assisté car «il est interdit de donner la mort. Accepter la condition humaine jusqu’à la mort est une sagesse naturelle qui laisse la personne, bien entourée des siens, faire ses adieux et partir vers l’au-delà». Même désapprobation à l’Union bouddhiste de France (UBF). «Nous ne sommes pas favorables» au suicide assisté, explique son coprésident Antony Boussemart. Dans la perspective bouddhiste, un suicide a des « conséquences graves » pour la « réincarnation ».
Dans ce combat, les religions savent qu’elles ne sont pas isolées. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, parlant au nom des évêques, assure :« Nous ne sommes pas seuls, il n’y a pas que les croyants qui sont engagés sur ce sujet ». Il espère même, « et particulièrement à notre époque, qu’une alliance de la science et de la foi se produise avec l’évolution des soins palliatifs contre la douleur et la souffrance ». En charge de la communication de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, Carol Saba résume l’enjeu :« Qu’on le veuille ou non, l’éthique a une dimension métaphysique. Une lame de fond voudrait faire table rase pour imposer de façon totalitaire une élasticité des valeurs. Mais les chrétiens et autres croyants sont ici comme des objecteurs de conscience. Ils rappellent des valeurs fondamentales. C’est le Seigneur qui est maître de la vie ».
En résumé, les religions célestes considèrent généralement que la vie est sacrée et qu’elle ne doit pas être délibérément interrompue. L’euthanasie et l’aide active à mourir sont donc considérées comme des péchés graves, bien que certaines branches de ces religions aient des positions plus nuancées sur cette question.
Le débat sur le droit au suicide assisté et l’euthanasie ne sera probablement jamais résolu de manière définitive. C’est un sujet complexe qui soulève des questions importantes sur la vie, la mort et la dignité humaine. Néanmoins, il est important de continuer à en parler et à explorer les options pour aider ceux qui souffrent de maladies incurables à trouver la paix et la dignité dans la mort, ne serait-ce qu’à travers les services des soins palliatifs.
C’est quoi la sédation palliative ?
Mais de quoi s’agit-il au juste ? La sédation palliative est une pratique médicale qui consiste à administrer des médicaments pour soulager la douleur et les autres symptômes d’une personne en phase terminale d’une maladie incurable. Cette pratique est utilisée pour aider les patients à être plus à l’aise et à réduire la souffrance, tout en leur permettant de rester conscients et de communiquer avec leur famille et leur entourage.
La sédation palliative est différente de l’euthanasie ou de l’aide active à mourir, car elle ne vise pas à mettre fin à la vie du patient. Au lieu de cela, elle vise à soulager la douleur et à améliorer la qualité de vie du patient pendant ses derniers jours. La sédation palliative peut être utilisée pour traiter des symptômes tels que la douleur, l’essoufflement, l’agitation, la confusion et la nausée. Les médicaments sont administrés par voie intraveineuse ou orale, et la dose est ajustée en fonction de la réponse du patient.
La sédation palliative est considérée comme une pratique éthique et légale dans le traitement de la douleur et des autres symptômes en phase terminale d’une maladie incurable. Elle est souvent utilisée en conjonction avec d’autres soins palliatifs, tels que la thérapie de soutien et les soins spirituels, pour offrir un traitement complet et holistique aux patients en phase terminale.