Un collectif rassemblant des chercheurs, des élus et des agriculteurs déplore, dans une tribune au « Monde », que le gouvernement ait mis fin aux aides au maintien de l’agriculture biologique. Dans un contexte d’urgence climatique, le mode de production le plus performant sur le plan environnemental doit être soutenu, selon LeMonde.
Fin août, le gouvernement a fait le choix, par le biais de son plan stratégique national, qui décline la politique agricole commune européenne, de mettre un terme aux aides au maintien à l’agriculture biologique. Cette aide a été remplacée par un « écorégime » hétéroclite dans lequel le montant alloué à la bio est beaucoup plus faible qu’auparavant et à peine plus élevé que celui apporté à l’agriculture autodéclarée « haute valeur environnementale », dont le cahier des charges n’apporte pas de garanties. Des aides publiques proches malgré des attentes radicalement différentes : le signal est mauvais.
Le travail des agriculteurs en bio est plus complexe qu’en conventionnel, car pour ne pas utiliser de produits chimiques, il s’agit de travailler avec la nature. L’aide au maintien permettait de reconnaître l’exigence technique de l’agriculture biologique et ses services environnementaux, démontrés par de nombreux travaux scientifiques : elle contribue à préserver la biodiversité, à protéger la qualité de l’eau, des sols et de l’air, et réagit mieux face au changement climatique. La bio est un modèle d’agroécologie, que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) préconise de massifier rapidement.
Cette agriculture n’emploie ni nitrates de synthèse (dont la production est gourmande en gaz, et dont l’épandage dégage du protoxyde d’azote, gaz à effet de serre puissant et rémanent) ni pesticides chimiques (dont la production est également énergivore). Les récentes expertises collectives de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur les impacts des pesticides sur la santé, et de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) sur leurs impacts sur la biodiversité, renforcent l’intérêt vital pour la société d’une agriculture se passant de pesticides chimiques.