Dans une ruelle animée du Caire, un petit restaurant servait, chaque matin, les plats les plus prisés du pays : le foul (les fèves bouillies assaisonnées) et la taameya (les falafels à base de fèves). Chaque jour, clients et cuisiniers débattaient : lequel des deux était le roi du petit-déjeuner égyptien ?
Foul, le sage, mijotait lentement dans une grande marmite en cuivre. Il était fier de sa texture crémeuse et de sa capacité à nourrir les travailleurs, les étudiants et même les rois depuis l’époque des pharaons.
— « Moi, je suis le plat des anciens, celui qui réchauffe et rassasie, celui que l’on mange avec du pain baladi et un filet d’huile d’olive », se vantait-il.
De l’autre côté, Taameya, pétillante et dorée, croustillait joyeusement dans une bassine d’huile chaude.
— « Et moi, je suis la modernité ! Croquante, légère, accompagnée d’un peu de tahina ou de salade. Je suis la star des sandwichs et le plaisir des papilles ! »
Leur rivalité s’intensifiait jour après jour. Les clients eux-mêmes prenaient parti. Certains juraient ne jamais pouvoir commencer leur journée sans une assiette de foul, tandis que d’autres ne concevaient pas un bon matin sans un sandwich de taameya.
Un jour, un vieux sage du quartier, habitué du restaurant, écouta leurs querelles et décida d’intervenir. Il s’approcha des deux plats et déclara :
— « Arrêtez cette dispute, mes amis. Avez-vous oublié que vous venez du même grain ? Vous êtes tous deux faits de fèves ! Vous êtes frères ! »
Foul et Taameya se regardèrent, stupéfaits. Ils avaient toujours cherché à s’opposer, oubliant qu’ils partageaient la même origine.
Le sage ajouta en souriant :
— « Et puis, qui a dit que l’on devait choisir ? Un bon petit-déjeuner égyptien n’est complet que lorsque vous êtes ensemble ! »
Depuis ce jour, au lieu de se disputer, Foul et Taameya se complétèrent. Dans les assiettes, on les retrouvait côte à côte, offrant un mélange parfait de douceur et de croquant. Ils comprirent que leur force ne résidait pas dans leur différence, mais dans leur union.
Et c’est ainsi qu’en Egypte, au petit matin, on continue de savourer le foul et la taameya ensemble, unissant tradition et gourmandise dans chaque bouchée.