Il était une fois, nichée entre collines et forêts, une petite ville appelée Solaria. Là-bas, le soleil brillait tous les jours, du matin jusqu’au soir, avec une ardeur constante. Les toits luisaient, les rues étincelaient, et les fenêtres étaient toujours inondées de lumière.
Mais les habitants de Solaria n’étaient pas heureux.
— Il fait trop chaud ! se plaignait la boulangère.
— La lumière me donne mal à la tête ! râlait le vieux facteur.
— Les enfants n’arrivent même plus à jouer dehors ! grognait une mère.
On fermait les volets, on portait des lunettes noires, on rêvait de pluie, de brume, de nuits fraîches et longues.
Un jour, les plaintes montèrent si haut qu’elles atteignirent le ciel. Le soleil, blessé dans son cœur brûlant, décida de se retirer. Il glissa lentement derrière les nuages, puis derrière l’horizon, et laissa Solaria dans une nuit profonde. Pas d’étoiles, pas de lune. Juste une obscurité épaisse comme de l’encre.
Au début, les habitants jubilèrent.
— Enfin un peu de répit !
Mais très vite, le froid s’installa. Les fleurs se fanèrent. Les horloges semblaient hésiter. Les visages pâlirent. Le pain ne levait plus, les enfants ne souriaient plus. Et surtout, un silence étrange s’installa, comme si la vie elle-même retenait son souffle.
Les jours passèrent, mais la nuit ne passait pas. Une semaine de noir. Une semaine de regrets. Alors les habitants se réunirent sur la grande place, et, tête levée, ils demandèrent pardon.
— Cher Soleil, reviens ! Nous ne savions pas que ta lumière était notre souffle.
Le ciel attendit. Puis, doucement, une lueur dorée perça les nuages. Le soleil revint, timide d’abord, puis généreux, réchauffant visages et cœurs.
Depuis ce jour, à Solaria, chaque lever du soleil est accueilli par des applaudissements. On a même peint les volets en jaune, et les enfants chantent des chansons au soleil chaque matin.
Et plus jamais personne ne s’en est plaint.