Que mangerons-nous demain ?
Par : Marwa Mourad
L’embarras du choix. C’est probablement – bien plus encore qu’aujourd’hui – ce qui nous attend lorsque nous voudrons passer à table demain. Imaginez, au supermarché, la viande non plus rangée par type de bête mais par catégorie : “animale”, “végétale”, “cellulaire”. Et, à quelques kilomètres de là, une ferme proposant en vente directe des colis contenant différentes pièces d’une vache charolaise élevée sur place. Au-delà même de la qualité et du prix de la nourriture, c’est une vraie question de société. Devons-nous remettre notre avenir alimentaire dans les mains des géants de l’industrie ? L’exemple pourrait d’ailleurs être décliné pour tout le panier de courses : légumes anciens ou “améliorés” en laboratoire ? Desserts maison ou préparés par une impriman-te 3-D ? L’alimentation de demain sera-t-elle plus proche de la terre ou plus techno ?
Moins d’additifs, plus de vitamines ?
La qualité de l’alimentation est désormais un critère de choix important. La charcuterie industrielle, par exemple, est pointée du doigt pour l’effet cancérigène des nitrites qu’elle contient. Dans d’autres aliments, le sel sera de plus en plus remplacé par des épices, des herbes aromatiques ou des arômes. Côté boissons, les taxes appliquées aux sodas ont fait évoluer les marques qui tentent d’en réduire la quantité de sucre. Certaines diversifient leur offre via une gamme sans cesse enrichie de thés glacés, par exemple.
Des végétaux réinventés
Manger pour lutter contre une carence en vitamine D ? C’est ce qui est proposé aux Américains. Tout récemment mise au point, une tomate génétiquement modifiée et enrichie en vitamine D arrive sur leurs étals. À l’opposé de cet exemple high-tech, des consommateurs innovent parfois plus naturellement, faute de trouver ce qu’ils recherchent. Des crèmes dessert enrichies en protéines de fève ont ainsi été mises au point par des chercheurs de l’Inrae. Une façon d’associer protéines animales et végétales tout en apportant une gamme plus complète d’acides aminés dans nos repas. Dans le même esprit, des pâtes aux légumineuses, mais aussi des pains, des brioches ou des cakes à la farine de lentilles, de pois chiche ou de haricots secs devraient trouver leur place dans les rayons.
De nouveaux types de viandes
Tous les experts s’accordent au moins sur un point. Pour préserver à la fois notre santé, le climat, la biodiversité, le bien-être animal et… le porte-monnaie, il s’avère crucial d’en réduire notre consommation ! Certes, les besoins en protéines n’ont pas changé – l’OMS recommande 50 g de protéines chaque jour -, mais un nombre croissant de personnes fait le choix de diminuer ses apports (autour de 85 g au quotidien, actuellement). Ainsi, si seuls 2 à 3 % de Français se déclarent véganes ou végétariens, 24 à 30 % se décrivent comme flexitariens. Toutefois, les innovations ne s’arrêtent pas là. À l’avenir, votre entrecôte pourrait bien sortir d’immenses bioréacteurs. C’est dans ces grandes cuves que sont déjà produits des composés pharmaceutiques ou de la bière. Les cellules de muscles ou de graisse se développeront et se multiplieront au sein d’un milieu nourricier pour, à terme, former un “morceau” de viande. Il faudra probablement attendre quelques années pour avoir la possibilité de déguster cette viande “désanimalisée” dans nos foyers. Est-ce seulement souhaitable ? Un vrai débat de société autour de ces questions serait le bienvenu.