Par: Marwa Mourad
La Vallée d’Arnaud Sagnard
Dans La Vallée, roman dystopique, Arnaud Sagnard nous relate l’ascension d’un jeune codeur surdoué, issu d’un milieu paysan morvandeau, engagé dans une start-up franco-américaine qui développe le Programme permettant de mêler notre vie à celle fictionnelle de nos héros favoris. L’auteur interroge sur les dangers de la dématérialisation tout en n’omettant pas les émois des transfuges de classe. La Vallée est « à la limite de l’anticipation » et c’est bien un de ses principaux intérêts, à l’opposé d’une certaine littérature non fictionnelle qui a dominé notre premier quart de siècle. Recommandé ! (Editions du Seuil – 3 janvier 2025) – critique complète
Le lac de la création de Rachel Kushner
Rachel Kushner, sensation littéraire américaine de saison, Prix Médicis étranger 2018, adoubée par ses pairs (Bret Easton Ellis, Hernan Diaz) nous propose une plongée dans une communauté d’éco-activistes (inspiré par l’affaire de Tarnac et son leader Julien Coupat) par le biais de Sadie (ex-agente du FBI) qui va tout faire pour instrumentaliser ce petit monde vivant dans un village périgourdin. On y croise le fantôme de Guy Debord, Michel H., un ex-activiste spécialiste des Neandertal, des black blocs et des mégabassines. Plus qu’un thriller qu’on dévore, c’est aussi une interrogation philosophique sur notre monde. Pourquoi pas le best-seller de cette rentrée hivernale ? (Stock – 8 janvier 2025)
J’écris L’Iliade de Pierre Michon
Pierre Michon revient chez Gallimard, où il avait publié l’indépassable Vies minuscules en 1984, pour nous proposer J’écris L’Iliade un livre dont Homère est le héros. Nous n’en savons guère plus sinon les mots de l’auteur : « Ce récit est souvent érotique. Quand il résiste à l’appel du désir, il écoute les voix des bêtes, des arbres, des pierres, de ceux qu’on a appelés les dieux — les voix de la guerre, aussi. L’amour et la guerre sont père et mère de tout récit, depuis le premier, qui est le Chant d’Homère. ». L’excitation est donc très grande de découvrir ce nouveau texte d’un des plus grands stylistes de la langue française. (Gallimard – 6 février 2025)
Mémoire céleste, de Nona Fernández
Cette autrice acclamée au Chili nous propose de nous replonger dans les années de sa dictature. Dans un geste autobiographique elle se met sur les traces de vingt-six prisonniers politiques suppliciés dans le désert d’Atacama par les escadrons de la mort. Son récit entrelace des réflexions sur l’astronomie (Atacama oblige), l’astrologie, les neurosciences, la mémoire et l’oubli. Elle fait œuvre auprès de la jeune génération rappelant que les idéologies racistes, sexistes et autoritaires menacent toujours autant la liberté et la démocratie. Bref c’est tout à fait de saison… (Globe – 6 février 2025)