Êtes-vous féru du sport au point de sombrer dans la dépression si votre silhouette de rêve reste inatteignable ? Méfiez-vous. Horace nous dit « il faut de la mesure en toutes choses ». Même dans les choses les plus utiles à la santé, l’outrance peut mener à des résultats, du moins, indésirables. Ce symbole de vertu et de bien-être qu’incarne le sport peut chambouler des vies. Ce poète latin en savait bien des choses, la bigorexie n’était pourtant dans l’aire du temps à son époque !
Par Hanaa Khachaba
Dans l’Egypte antique, le sport était une pratique régulière. Tous genres confondus étaient couramment pratiqués, comme l’atteste des tombes. Au fil des siècles, cet engouement pour le sport a perdu de son éclat. Modernisme pointé du doigt, la société égyptienne qui vit à un rythme effréné, se détourne peu à peu des activités physiques. Faute de temps, la culture du sport a reculé au profit d’une vie plus ou moins sédentaire. Après une longue journée de travail, il est normal de ne plus avoir envie de quitter son canapé. On pourrait prétendre que la culture de pratiquer un sport de façon régulière n’est revenue en force qu’avec les générations Y et Z. Les salles de Gym poussent comme des champignons. Cet espace mixte ne se désemplit que rarement. Il y en a aussi qui fixent des heures pour filles seulement. Question de se mouvoir plus librement dans son legging et son débardeur de sport.
Le sport devient viral chez les jeunes
De plus en plus de jeunes égyptiens s’adonnent à cœur au sport. Cela devient viral dans leur entourage. On s’encourage à aller ensemble à la salle de gym qui devient parfois un lieu de sortie idéal. De nouvelles rencontres s’y font, des amitiés naissent. Un nouveau monde sportif s’ouvre à eux où ils se sentent à l’aise aux côtés de personnes qui leur partagent les mêmes envies. Envie d’une musculation parfaite ? D’un corps singulièrement sculpté ? D’un fessier bien en saillie ? D’un ventre plat à faire rêver ? Une forme d’addiction commence à se façonner.
Reculons un peu dans le temps…en 2019. La crise sanitaire battait son plein. Si le temps était long pour tout le monde, il l’était encore plus pour les personnes sportives. Celles-ci n’étant pas habituées à se barricader entre quatre murs, s’exaspéraient plus rapidement que les autres du confinement. Elles s’étouffaient et ressentaient un manque fort pressant de leur routine quotidienne dans les salles de gym. La première angoisse de ces gens-là c’était qu’il fallait que ça reparte. Une fois que les confinements étaient du passé, les activités redémarrèrent à l’excès ! Ceci peut expliquer, entre autres raisons, le phénomène.
Le corps médical a néanmoins découvert ce drôle de symptôme dans les années 70, alors que la musculation était en vogue. Quand la mode du running débarque trente ans plus tard, le syndrome Musclor est ainsi talonné par cette nouvelle expression du sport à outrance, la bigorexie, dont la dépendance à l’effort physique n’est qu’un visage.
Modelage musculaire, désir de minceur, culte de la performance ou besoin de socialisation…la dépendance à l’effort physique transforme parfois certains rêves au cauchemar. La bigorexie commence par une dépendance psychologique, puis devient une dépendance physique. Le sportif, à la fin de sa séance, sécrète une hormone de bonheur, la fameuse endorphine. Si le sportif ressent le besoin d’avoir sa dose journalière, c’est le signal d’alarme.
Ceci dit, pour la plupart des sportifs, professionnels comme amateurs, l’activité sportive devient une addiction, au même titre qu’une drogue. Que l’objectif soit une augmentation de masse musculaire, pour une course ou même juste pour décompresser, tout le monde peut rentrer dans ce cercle vicieux.
Développer des comportements compulsifs
Pratiquer une activité physique à dose modérée est sans nul doute bon pour la santé. Mais consommé à l’excès, le sport aurait des répercussions physiques et surtout psychologiques. La bigorexie peut entraîner des conséquences négatives sur la santé physique et mentale. Les personnes qui en sont atteintes peuvent développer des comportements compulsifs et des troubles alimentaires. Elles sont souvent prises dans un cycle de surentraînement et de régimes alimentaires restrictifs, ce qui peut entraîner des conséquences. Il est important de reconnaître les symptômes de la bigorexie et de rechercher un traitement approprié pour aider les personnes atteintes à retrouver une vie saine et surtout équilibrée où le sport reprend sa place normale parmi d’autres activités. Notons, d’autre part, que l’Etat égyptien prend conscience de l’importance du sport dans sa stratégie de développement durable. La santé étant un capital majeur, le Chef de l’Etat avait lancé de nombreuses initiatives ciblant la santé de la femme et surtout de l’enfant. Des équipes médicales expertes ont fait le tour des établissements scolaires pour recenser les enfants atteints d’obésité ou de malnutrition afin de les accompagner au long d’un traitement complet. Complet signifie qu’il couvre tous les aspects physique et psychologique de ces enfants. La femme aussi a sa part de l’attention de l’Etat. Des examens gratuits à l’endroit des femmes sont donc mis à l’œuvre. La population n’est pas en reste. Le test de diabète, de l’hépatite C et des maladies du cœur est également fourni aux habitants pour que les malades soient correctement guidés et pris en charge par des équipes spécialisées. Si le Chef de l’Etat se montre aussi soucieux de la santé publique, c’est que lui-même donne un bon modèle à suivre. Homme bien fait, de corpulence sportive, il ne cache pas son engouement pour le sport. A toute occasion qui se présente, le Président Al-Sissi inspecte des projets en cours d’exécution, enfourchant son vélo. Un nouveau rituel présidentiel que les masses, surtout les jeunes, sont priés d’adopter pour une meilleure santé. Le Président égyptien réitère souvent que le meilleur investissement est celui dans l’individu. Pour construire un individu productif et résilient, son moral tout comme sa santé physique doit être pris en compte. Bref, un esprit sain dans un corps sain, rien de plus primordial pour un développement durable.