Prénom : Saja
Nom : Mohamed
Âge : 12 ans
Année scolaire : 6ème primaire
Ecole : Saint Vincent de Paul
J’étais pantoise en voyant mon école. J’ai senti des égratignures, comme si quelqu’un tenait une épine dans la main et la plantait dans mon cœur. J’ai regardé les visages des passants : ils étaient horripilés. J’ai entrepris à me parler : « Je suis entourée de gens étranges, d’un air horrible et irrespirable. Les gens ont changé. À l’époque, quand quelqu’un avait des soucis, il souriait pour ne pas se plaindre de son destin. »
En marchant au loin, à chaque pas, je découvrais quelque chose de nouveau jusqu’à ce que je trouve un panneau où il était écrit : « La famille Soudune ». C’étaient les tombes de ma famille. Mes cheveux flottaient dans l’air à cause du vent. Mes pieds s’enfonçaient dans le sable. Je me suis souvenue des moments intéressants et chaleureux avec ma famille. Je me suis souvenue des mois où j’étais enceinte, de la joie que j’avais à l’idée d’avoir une fille avec qui jouer et à qui apprendre de nouvelles choses. Mais malheureusement, tout cela est fichu.
Quand je me suis approchée des tombes, j’ai senti comme si mon esprit sortait de sa place. J’ai vu ma mère avec des larmes aux yeux. Elle me manquait tellement… À ce moment-là, j’ai senti que j’étais dans une tornade qui m’arrachait pour m’emmener vers mes parents. Mon père… Je voulais discuter avec lui comme avant, mais je ne pouvais pas, car c’était impossible. Quand ma fille est apparue, j’ai senti que j’étais devenue une fleur noire, sans couleur ni personne pour l’aimer.
Mais le plus étrange était que mon mari n’est pas apparu. Je me suis précipitée vers un arbre pour m’y réfugier en attendant mon mari. J’avais l’impression d’être une télévision que tout le monde regardait mais qu’on a mise au grenier une fois cassée, loin des gens et des regards. Elle repose dans le noir, oubliée de tous, brisée… Son histoire figée à jamais. Nul ne peut la retrouver.
Je suis épuisée… Je sens que je suis un tapis sur lequel tout le monde marche sans ressentir ma douleur. Je me suis dit :
« Mon cœur s’est retiré…
Qui le ramènera ?
Mon cœur est déchaîné…
Qui le rattachera ?
Ma peur ? Ma peine ? Ou mon désespoir ? »
A suivre