Deux essais cliniques récents suggèrent que la croyance populaire qui consiste à dire que la supplémentation en vitamine D protège des fractures et allonge l’espérance de vie, prenant racine dans les mécanismes biochimiques au sein desquelles la vitamine D intervient, n’est pas cliniquement fondée. Le marché des compléments alimentaires tente de répondre à un besoin de notre époque : les gens veulent prendre soin de leur santé, même s’ils vont bien. Ils souhaitent maximiser leur bienêtre, diminuer leur risque de maladie, s’émanciper parfois de l’autorité médicale, tant de raisons qui font que les compléments alimentaires sont une solution technique attrayante. En effet, la connaissance médicale est toujours située : elle ne se prononce généralement que pour un groupe de patients précis (le problème de la validité externe des essais cliniques que les essais multicentriques tentent de résoudre) et pour des critères de jugements particuliers (une pathologie, un marqueur, un symptôme, etc.). Pas de solution miracle pour les nouveaux objectifs santé d’une partie de la population. Le marché des compléments alimentaires s’encombre rarement de ces considérations. Des raisonnements mécanistes, basés sur les connaissances biochimiques de notre organisme ou des essais cliniques isolés, manquant de puissance statistique lui suffisent.
En effet, grâce à cela, les vendeurs de compléments peuvent attester d’une pseudo-efficacité en utilisant un langage scientifique complexe ou bien en suggérant que l’efficacité est cliniquement démontrée par des essais peu robustes qu’ils ont eux-mêmes financés la plupart du temps.