Par Walid Alaa Eddine
Le discours sur la laïcité ne doit pas se focaliser sur le rejet des religions et la dévalorisation de leurs conceptions du monde ; ceux qui s’y sont adonnés ont nui à la science et à la laïcité plus qu’ils n’ont réussi à libérer les esprits de l’emprise du modèle clos dans lequel les religions emprisonnent leurs adeptes.
L’effort doit être concentré sur le traitement de l’emprise de ces conceptions sur la nature des processus intellectuels de l’homme, permettant ainsi à l’esprit humain de tester toutes les possibilités d’évolution et de réussite.
Si la libération de l’esprit est une condition essentielle à la réussite de la méthode scientifique, combattre les religions pour le simple fait de les combattre n’est – sans aucun doute – pas l’un des objectifs de la science.
Quiétude indispensable qu’apporte la religion
Il y a de grands dangers à confondre la tentative de libérer l’esprit de l’emprise du modèle clos avec la lutte contre l’idée de la religion en elle-même ; à côté de ce que la religion offre à l’homme en termes de tranquillité, en lui donnant un sens et un but pour lesquels il vit, et en lui procurant une énergie dont il puise sa volonté de vivre, de continuer, de travailler et de produire, elle devient souvent la ligne de démarcation entre les gens et l’abandon de leur vie ou de la vie des autres ! Surtout dans les sociétés où les opportunités de vie décente sont rares – et elles sont de plus en plus nombreuses ces jours-ci – ou qui souffrent de la misère ou de la malchance, pour lesquelles la science ne propose pas de solutions.
Ill est vrai que cette tranquillité peut se transformer en calmants entre les mains du pouvoir sous diverses formes, et devenir un outil privant les gens de leurs droits et restreignant leurs libertés, mais cette crainte semble – pratiquement – moins oppressante pour les gens que de leur enlever ce que la religion leur apporte en termes de quiétude indispensable, sans quoi la vie se transformerait en une jungle où chaque individu cherche à obtenir ce qu’il considère comme son dû au détriment des droits des autres.