




Sous les lumières tamisées de la salle Adam Henein, au cœur du Centre El Hanager des Arts, une immersion saisissante dans la nature égyptienne s’offre aux visiteurs. Ici, chaque cliché raconte une histoire, chaque battement d’ailes fige un instant d’émerveillement. Du 7 au 12 février, la quatrième édition de l’exposition “Les Photographes d’Oiseaux en Égypte”, portée par l’Association Égyptienne des Photographes de la Vie Sauvage, a dévoilé un patrimoine naturel souvent méconnu, mais d’une richesse inestimable.
Parmi les visiteurs, une présence marque les esprits : celle de la ministre de l’Environnement, Dr Yasmine Fouad. Arpentant les allées du salon, elle s’arrête, observe, contemple. Les images, empreintes de délicatesse et de précision, capturent l’instant fugace où un héron déploie son plumage au crépuscule, où un faucon fend le ciel azuré, où un martin-pêcheur effleure la surface d’une rivière scintillante.
« Ces photographies sont bien plus qu’un simple hommage à la beauté de la faune aviaire, » souligne la ministre. « Elles témoignent d’un éveil collectif, d’une prise de conscience essentielle : la préservation de la biodiversité passe par l’émerveillement, par cette capacité à regarder autrement. »
Car au-delà de l’esthétique, ces clichés racontent un combat. Celui de la sauvegarde des écosystèmes, de la protection des espèces menacées, de la lutte contre la pollution et le braconnage. La ministre insiste sur l’importance du rôle des artistes dans la sensibilisation environnementale et annonce la signature prochaine d’un protocole de coopération avec l’association pour soutenir ses initiatives, encourager la photographie naturaliste et promouvoir l’écotourisme en Egypte.
Un carrefour migratoire d’exception
L’Egypte, pont naturel entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique, est une terre de passage pour des millions d’oiseaux migrateurs. Ses 34 sites ornithologiques offrent des refuges essentiels à ces voyageurs ailés, faisant du pays le deuxième plus grand couloir migratoire au monde. Des zones humides du delta aux oasis du désert occidental, la faune ailée trouve ici un sanctuaire, à condition que les hommes sachent en préserver l’équilibre fragile.
« Nos efforts pour promouvoir une approche durable du tourisme, en partenariat avec le ministère du Tourisme et la société civile, doivent intégrer pleinement cette richesse écologique, » rappelle la ministre. Une récente mission à Assouan et au lac Nasser a permis d’explorer des pistes pour faire de ces régions des destinations phares de l’écotourisme, alliant préservation et développement économique.
Le président de l’Association des photographes de la vie sauvage, le conseiller Mohamed Hani, salue les avancées réalisées en matière de sensibilisation environnementale. Il rappelle avec fierté l’évolution du regard porté sur la nature en Egypte.
« Nous ne parlons plus seulement de protection, mais d’interaction, d’un dialogue renouvelé entre l’homme et son environnement. Le bannissement du braconnage et la mise en place d’alternatives économiques pour les chasseurs témoignent de cette transformation. »
L’association, qui a vu naître cet événement en 2021, a su fédérer une communauté grandissante. Cette année, 108 photographes, âgés de 14 à 70 ans, exposent leurs œuvres, avec des prix décernés aux dix meilleurs clichés. L’engouement est tel que l’initiative s’étend au-delà du Caire : des festivals dédiés voient le jour à Port-Saïd et Damiette, offrant à chacun la possibilité de capturer l’invisible, de révéler les détails imperceptibles de la nature.
Loin d’être un simple loisir, la photographie ornithologique se mue en un acte militant. Chaque image interpelle, alerte, invite à la contemplation et, surtout, à la responsabilité.
« Nos rivières, nos lacs, nos forêts sont le théâtre d’une vie secrète, fascinante. La protéger, c’est nous protéger nous-mêmes, » conclut la ministre.
Alors que l’exposition se referme, une promesse se dessine : celle d’un avenir où l’homme, armé de son regard et de son objectif, deviendra le gardien attentif de cette nature fragile et splendide.