Printemps annoncé, les Egyptiens se sont habitués depuis la nuit des temps à célébrer la saison gaie, aussi par des couleurs de joie et des coutumes culinaires. Consommer du fessikh en est une. Bien que ce plat soit préparé à partir du poisson salé, il n’est servi que pendant la fête de Cham Al-Nessim, qui est une célébration annonçant l’avènement du printemps. Le mot “Cham Al-Nessim” en arabe signifie flairer la brise, et c’est une fête qui puise ses origines chez les anciens Egyptiens. Le fessikh est donc le poisson mulet qui est fermenté, salé et puis séché.
A Cham Al-Nessim, c’est le grand pique-nique, où d’habitude les gens sortaient nombreux dans les parcs pour profiter du soleil rayonnant, du vent rafraîchissant et des ambiances festives.
Cette année, Cham Al-Nessim s’annonce peut-être un peu différent, à cause de la pandémie du coronavirus qui impose des mesures de prévention et des règles strictes de distanciation. Cette année, cette fête est aussi différente parce qu’elle tombe au mois de Ramadan où tous les musulmans jeûnent et la consommation du fessikh à l’iftar paraît un peu difficile ou bizarre. Ceci a d’ailleurs poussé quelques-uns à décider de ne manger le fessikh qu’au Petit Baïram, fête de fin du mois sacré de ramadan.
Sur le marché des poissons fumés, de la harangue et de la sardine, les prix varient et la clientèle est peu nombreuse cette année, constate-t-on.
Les plus fameux vendeurs de fessikh au Caire, se trouvent au centre-ville, notamment à Bas Allouq. Là, un des vendeurs les plus connus révèle que le kilo de fessikh fait 190 LE, le kilo de harangue, 75 LE et le kilo de sardine d’Assouan, 160 LE, tandis que celle venant de Rachid est vendue à 70 LE le kilo. Les prix n’ont pas varié par rapport à l’année passée, affirment les vendeurs et l’afflux est faible, constatent-ils.
La qualité est le facteur principal qui détermine les prix, expliquent-ils, appelant les citoyens à s’assurer de la validité pour consommation des poissons salés avant de les acheter, étant attirés par les prix bas de certains de ces produits.
Mais les habitants d’Assouan se vantent et disent que leur fessikh est tout autre ! Comment non, alors qu’ils affirment que les visiteurs de la ville touristique tiennent à acheter les poissons salés avec leurs différentes sortes avant de quitter.
Dans le souk touristique d’Assouan, le plus célèbre des vendeurs de fessikh et de poissons salés, est fier d’avoir acquis cette bonne réputation, parce qu’il offre à la clientèle un produit de qualité.
Le mulet du Nil pour en préparer le fessikh est bien particulier, affirme le vendeur. La durée de stockage peut s’élever à 30 jours pendant l’hiver et seulement 15 jours pendant l’été.
Il existe de nouvelles méthodes de stockage, affirme-t-il, surtout pour ne pas laisser échapper son odeur très âcre pour les voyageurs.
Le processus de stockage et de préparation du fessikh consiste donc à faire sécher le poisson au soleil puis à le saler, il est habituellement préparé par un spécialiste appelé “fassakhani”. Il est généralement stocké dans des bocaux en verre épais qui sont bien fermés. Le fessikh est généralement servi avec du pain égyptien ou “baladi”, des oignons et beaucoup de citrons.