Le ghosting, issu du terme « ghost », fantôme en anglais, est une pratique de plus en plus courante dans les relations amoureuses, mais aussi sociale, où une personne rompt brusquement tout contact avec une autre sans donner d’explication. Depuis plus d’une décennie, le ghosting, qui consiste à couper les ponts sans explication, est un effet de la culture numérique moderne, où nous consommons les relations humaines comme nous consommons d’autres produits jetables. Il s’étend maintenant au-delà des relations amoureuses et touche également les amitiés et les liens familiaux, même après des périodes de temps plus longues que la norme. Cette culture de l’utilisation et de la consommation objective les individus et peut les consommer.
Ce phénomène dévastateur ne se limite pas aux relations amoureuses, mais s’étend également aux relations amicales et familiales et ne concerne plus seulement que des relations de courte durée, mais souvent des relations d’environ six mois en moyenne. Alors que de plus en plus de personnes “ghostent” ou se font “ghoster” par leurs amis, sachez que cultiver un réseau amical solide favorise le bien-être psychologique. Selon deux nouvelles études, disparaître de la vie d’un ami du jour au lendemain sans aucune explication (ou “ghoster”) n’est pas bon pour la santé mentale. A l’inverse, cultiver un réseau social solide favorise le bien-être psychologique, selon Pourquoi Docteur? La première recherche, publiée dans Telematics and Informatics, met en évidence que le “ghosting amical” dégrade in fine la santé mentale.
“Grâce aux nouvelles fonctions de blocage des appareils de communication numériques, le ghosting est devenu une stratégie courante pour mettre fin à des relations amicales” rappellent les auteurs de l’étude en préambule. “Environ 30% des jeunes ont en effet déjà ghosté un ami et 25% ont déjà subi ce phénomène”, poursuivent-ils. Après avoir menée deux enquêtes auprès de 978 personnes dans la vingtaine, les chercheurs ont constaté “que les jeunes ayant déclaré avoir ghosté des amis dans le passé étaient plus susceptibles de faire état de tendances dépressives accrues quatre mois plus tard”.
Effets négatifs du ghosting
Mais qu’en est-il des personnes « ghostées » ? La psychologie s’est longtemps penchée sur l’ostracisme (rejet social). L’ostracisme peut avoir des conséquences incroyablement négatives pour la personne rejetée. Des recherches suggèrent que le rejet déclenche en effet dans le cerveau les mêmes zones que celles qui « s’illuminent » face à la douleur physique. Ceux qui se retrouvent ghostés se retrouvent alors souffrants, et complètement désemparés.
« Rester en contact avec les autres est si important pour notre survie que notre cerveau a évolué pour devenir un système de surveillance sociale. Il cherche à détecter les signaux visant à nous permettre de réagir face aux situations sociales, explique Jennice Vilhauer, psychologue à l’Université Emory (États-Unis). Les signaux sociaux nous permettent de réguler notre propre comportement en conséquence, mais une personne qui vous ghoste vous prive de ces signaux habituels ».
Ghosté ou Ghosteur
Darcey N. Powell, professeure de psychologie au Roanoke College, a voulu savoir qui se cachait derrière le phénomène de ghosting. Après avoir sondé 1275 personnes, elle a réussi à identifier les personnalités types qui pouvaient être susceptibles de se faire ghoster ou de ghoster, rapporte le site Internet canadien Salut Bonjour. Les personnes ayant un type d’attachement anxieux sont celles qui sont le plus souvent victimes de ghosting de la part d’un partenaire amoureux. Ceux qui ont ce profil ont, généralement, peur du rejet et ont besoin d’approbation sociale. Ils deviennent anxieux lorsqu’ils sentent qu’une distance s’installe entre leur partenaire et eux. Cette étude a aussi repris d’anciens travaux réalisés sur le ghosting. Il a été établi, une fois de plus, que ceux qui avaient l’habitude de ghoster croyaient au phénomène de l’âme sœur. Ce faisant, si une relation amoureuse ne démarre pas de la façon dont ils se l’étaient imaginé, ils croient que celle-ci échouera. Pour en arriver à ces résultats, la professeure de psychologie s’est associée à des collègues qui étudient les relations amoureuses et le rejet.