Ah, la jeunesse ! Ce charmant monde parallèle où la langue se transforme en une jungle lexicale déroutante. Si vous souhaitez infiltrer ce territoire sans être immédiatement démasqué comme un dinosaure linguistique, cette rubrique est votre sésame. Muni de ces quelques expressions, vous pourrez converser avec aisance sans provoquer des regards interloqués.
Waksa : La cata, mais en pire
Dans le dialecte égyptien, on ne se contente pas de dire “c’est la catastrophe”, on dramatise, on amplifie, on donne une dimension quasi-tragique à l’adversité.
“Yadi al-waksa”, c’est l’équivalent local de “on est dans la merde”, mais avec un soupçon de fatalité en plus.
Et parce que la langue populaire adore les variantes, voici les déclinaisons : “Mawkossa” pour une femme frappée par l’infortune, “Mawkosse” pour un homme tout aussi mal loti. L’usage ? Pour compatir à une débâcle… ou pour gentiment enfoncer un ami en pleine déroute.
Tahn : L’art de l’exagération
“Tahn”, en arabe classique, signifie moudre. Mais dans le dialecte cairote, on broie autre chose: la mesure et la modération. “Tahn” devient l’ultime superlatif. “Cette robe est chic tahn” ? Comprenez “carrément canon”. On ne vit pas à moitié, on intensifie tout, et si ce n’est pas “tahn”, autant ne pas en parler.
Nafad : Philosophie du détachement
En arabe classique, “nafad” signifie dépoussiérer. Dans le dialecte égyptien, il prend une tournure plus existentielle : lâcher prise, ne pas s’encombrer de tracas inutiles.
Quelqu’un se plaint ? “Nafad !” Traduction : “Passe à autre chose, mon grand, la vie est trop courte pour ces conneries”.
Proverbes d’or
Laqini wala téghadini
L’hospitalité égyptienne se résume en une équation simple : mieux vaut une chaleureuse réception qu’un banquet sans convivialité. En clair, si votre hôte vous reçoit avec un sourire jusqu’aux oreilles mais un frigo vide, soyez flatté : c’est la pensée qui compte.
Youm assal wi youm bassal
Un jour c’est le miel, un autre c’est l’oignon.
La vie est une alternance douce-amère. Une belle manière de rappeler que l’existence oscille entre moments exquis et larmes cuisantes. Alors, votre journée, elle est “assal” ou “bassal” ?