Le Kirghizstan a annoncé un échange de territoires disputés depuis la chute de l’Union soviétique avec le Tadjikistan, trois mois après un accord historique pour mettre fin au conflit autour de la dernière frontière contestée d’Asie centrale, selon l’AFP Selon un décompte détaillé du chef des services secrets kirghiz, le Kirghizstan recevra environ 25 kilomètres carrés du Tadjikistan, contre des terres d’une superficie équivalente ou un meilleur accès à des ressources hydriques partagées dans ces zones parsemées d’enclaves où ont eu lieu des conflits meurtriers, notamment pour le contrôle de l’eau.L’accord doit encore être signé à une date inconnue par les chefs d’Etats kirghiz Sadyr Japarov et tadjik Emomali Rakhmon.Plusieurs routes controversées ont par ailleurs été déclarées neutres et “seront utilisées par les deux parties”, ainsi que des puits de pétrole, a déclaré Kamtchybek Tachiev, le chef des services secrets kirghiz, devant le Parlement.Le Tadjikistan, où l’information reste étroitement contrôlée, n’a encore rien annoncé mais réagit généralement après le Kirghizstan.Cet accord frontalier s’inscrit dans un contexte d’amélioration générale des relations longtemps minées par les rivalités entre les cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan).Ces dernières années, elles ont tour à tour annoncé des accords frontaliers, qui doivent faciliter les échanges commerciaux et assurer la stabilité de cette région stratégique et riche en ressources naturelles entre l’Europe et la Chine.Jeudi, le Kirghizstan a révélé avoir trouvé un accord avec le Tadjikistan sur une zone autour d’un canal crucial pour l’agriculture dans ces régions pauvres et rurales, où des routes entrelacées entre des villages faisaient office de séparation officieuse, créant de multiples enclaves.L’Asie centrale fait face à un stress hydrique croissant aggravé, selon les scientifiques, par le changement climatique, phénomène particulièrement ressenti dans cette région enclavée de 80 millions d’habitants largement recouverte de déserts et de montagnes.Les autorités vont déplacer des habitants des villages échangés, dont certains seront détruits et reconstruits, a précisé Kamtchybek Tachiev.De plus, l’échange doit assurer l’utilisation “sans entrave des installations agricoles et énergétiques” situées de part et d’autre de la frontière entre le sud du Kirghizstan et le nord du Tadjikistan.Après l’annonce d’un accord fin décembre, les chefs des services secrets kirghiz Kamtchybek Tachiev et tadjiks Saïmoumine Iatimov avaient paraphé la semaine dernière les documents.”Les documents ont été déclassifiés, le Parlement va les examiner, puis les présidents les signeront et les ratifieront ensuite. La version finale (de l’accord) sera signée par les chefs des deux États”, a poursuivi M. Tachiev.