Sous le ciel azuré d’Egypte où la splendeur du passé murmure à chaque souffle de vent, se dressent les majestueux palais des pachas et des nobles, écrins de faste et de magnificence. Ces édifices, véritables joyaux architecturaux, témoignent d’une époque où l’aristocratie égyptienne régnait en maître sur des cours aussi opulentes que raffinées.
Parmi ces joyaux figure le palais de Charkas Pacha dont les façades ornées de motifs délicats et de couleurs chatoyantes captivent le regard, tandis que les jardins luxuriants qui l’entourent offrent un havre de paix et de sérénité.
Ce palais, gardien silencieux d’une histoire empreinte de mystère et de grandeur, invite à la rêverie et à la contemplation, comme pour rappeler que la beauté véritable réside dans la mémoire d’un passé glorieux.
Par : Hanaa Khachaba
Le Palais du Prince Naguib Abdullah Hassan Charkas, situé dans la région de Gazirat Al-Dahab (l’île d’Or) dans le gouvernorat de Guizeh, représente un modèle unique de l’architecture mamelouke apparue en Egypte au XVIe siècle. Bien qu’il ait été construit à la fin du XXe siècle, il réunit de manière unique les différents styles architecturaux mamelouk et islamique. Le Palais du Prince Naguib occupe un emplacement unique sur l’île d’Or au cœur du Nil dans la capitale égyptienne, offrant une vue, d’un côté sur le Nil et de l’autre sur une vaste étendue de terres agricoles.
Il a été construit par le prince Naguib Hassan Abdullah Charkas, le dernier descendant vivant de sa famille d’origine circassienne mamelouke. Bien qu’il ait grandi à l’étranger, entre la France et la Suisse, le prince a décidé de construire son palais dans le style des palais édifiés par ses ancêtres. Il a acheté ce terrain au milieu des années 1990 et a confié à l’un des meilleurs ingénieurs d’Egypte la tâche de construire le palais, qui combine dans son design le style islamique et celui qui prévalait dans l’architecture mamelouke du XVIe siècle. La construction de ce majestueux palais a duré plus de quinze ans, période pendant laquelle le prince Naguib a vécu dans une tente installée à côté du site pour superviser les travaux et s’assurer que le palais soit réalisé selon ses aspirations. Son objectif était de faire revivre l’art architectural apparu à l’époque mamelouke.
Le prince Naguib descend d’une célèbre famille mamelouke et est fier que son arrière-grand-père soit le prince Hassan Charkas Abdullah, qui était l’un des grands chefs de l’armée égyptienne à l’époque mamelouke. Il a participé à de nombreuses batailles contre la campagne française en Egypte à l’époque de Napoléon Bonaparte. Son autre grand-père maternel, Hassan Bek Abdullah le Grand, occupait le poste de directeur des affaires khédiviales sous le règne du Khédive Ismaïl. Ce passé prestigieux a été la raison principale qui a poussé Naguib, connu parmi les habitants de l’île d’Or sous le nom de « le Prince », à quitter la France où il est né, pour retourner à ses racines en Egypte et construire ce palais qui imite celui où vivait son grand-père, afin de passer le reste de sa vie sur l’île d’Or.
Le visiteur entre dans le Palais du Prince Naguib par un long passage au milieu des cultures qui entourent le palais sur trois côtés, avant d’atteindre le portail voûté du palais. C’est l’un des deux chemins permettant d’accéder au palais, l’autre étant un petit embarcadère pour bateaux construit en face du palais, du côté du Nil. Cet embarcadère mène à une petite marche qui conduit le visiteur au jardin du palais, entièrement construit avec des pierres sculptées dans le style islamique célèbre à l’époque mamelouke.
Le Prince Naguib a rencontré de nombreuses difficultés pour transporter ces pierres par voie fluviale jusqu’au site de construction du palais, en raison de leur taille imposante. Cependant, les ouvriers participant à la construction, dotés d’une large expérience et jouissant d’une grande compétence en ce qui concerne la sculpture et l’édification, n’ont eu aucun mal à réaliser le design conçu par un ingénieur formé par l’architecte de renommée mondiale, Hassan Fathi.
Le palais du prince semble aux yeux des observateurs être une œuvre d’art de l’époque mamelouke, bien que sa construction ait été réalisée dans les années 1990 par un groupe d’ouvriers qualifiés. Ces derniers se sont consacrés à la sculpture des pierres extraites du mont Mokattam et à leur assemblage dans un style architectural élégant et sans complexité. Cela a fait du palais une destination prisée par les étudiants des arts de l’architecture, en raison des styles architecturaux uniques qu’il recèle, s’étendant sur une superficie de plus de dix mille mètres carrés, principalement composée de jardins et d’espaces esthétiques, comprenant des statues, des fontaines, des escaliers et des colonnes en bois rassemblés de divers endroits en Egypte, provenant de maisons et de palais anciens dont les propriétaires souhaitaient vendre l’ancien pour moderniser ou chercher de l’argent, sans réaliser la valeur et l’importance du patrimoine qu’ils possédaient. A l’intérieur, chaque pièce dévoile un univers où l’art et la richesse s’entrelacent harmonieusement, révélant des trésors insoupçonnés à ceux qui osent franchir leurs portes.
Le palais du prince contient de nombreux objets historiques que le prince Naguib a réussi à acquérir lors de plusieurs ventes aux enchères organisées par les grandes maisons de ventes artistiques en Europe. Il a trouvé ces objets appropriés pour être placés dans le palais. Bien que le prince, âgé de quatre-vingts ans, vive seul dans ce majestueux palais, assisté par un groupe d’habitants de la région, il permet aux visiteurs de se promener dans son somptueux palais, heureux de l’accomplissement qu’il a réalisé. Il affirme qu’il rend hommage à l’architecture mamelouke érigée par ses ancêtres en Égypte, il y a plus de quatre siècles.