En 2017, l’Egypte a signé avec le Japon une convention dans le domaine de l’éducation. Le partenariat est devenu effectif 2 ans plus tard, avec l’introduction dans le système éducatif égyptien du Tokkatsu, un modèle d’apprentissage japonais qui favorise l’acquisition des compétences générales. Le ministre égyptien de l’Education, Dr Tarek Chawki, avait fait savoir que son pays a envoyé 120 enseignants et directeurs au Japon pour leur permettre de s’imprégner de l’éducation japonaise, afin de mettre en œuvre dans les écoles égyptiennes le modèle éducatif connu sous le nom de «Tokkatsu». Cela fait partie de la stratégie du gouvernement visant à créer un système éducatif complet qui établit un équilibre entre l’aspect académique et le développement de la capacité des individus à penser et à innover. L’Egypte ambitionne en effet par cette réforme de résoudre les problèmes d’inadéquation formation-emploi en développant chez les apprenants le leadership, la communication et les capacités de prise de décision : des compétences générales actuellement recherchées par les employeurs
Progrès Dimanche a eu une interview avec le président de l’Université égypto-japonaise des sciences et technologies (Ejust), à Borg El-Arab, Dr Ahmed El-Gohary qui nous a expliqué les détails et le système suivi à l’Université.
Progrès Dimanche : Ejust est la première université de recherche en Egypte, quels sont les domaines disponibles pour les recherches scientifiques ?
Dr El-Gohary : L’Université égypto-japonaise des sciences et technologies (Ejust), a été créée en 2009 selon un accord bilatéral entre l’Egypte et le Japon. Elle bénéficie du soutien et de l’expertise d’un consortium de 13 universités japonaises et du « Japan International Cooperation Agency ». Elle est classée au 3ème rang des universités égyptiennes en termes de publications scientifiques. Ejust compte environ 300 étudiants et près de 90 enseignants titulaires. Organisées autour de 12 facultés couvrant les grands domaines scientifiques et technologiques, ses formations se répartissent sur les niveaux Master et PH-D. L’Université développe par ailleurs de nombreuses activités de recherche au sein d’une dizaine de laboratoires abritant environ 70 chercheurs permanents. La demande d’adhésion d’Ejust à l’AUF, en tant que membre observateur, s’inscrit aussi bien dans une dimension stratégique et partenariale vis-à-vis de la francophonie. En bref, nous nous intéressons au premier rang aux recherches scientifiques. En effet : – L’Université est engagée dans une coopération poussée avec le continent africain et reçoit de ce fait de nombreux étudiants en leur offrant des bourses d’études. Ces étudiants représentent 13% de la population étudiante totale. L’AUF pourrait relayer ce programme de bourses en le diffusant dans son réseau africain. – Cette ouverture sur l’Afrique impose une politique ambitieuse au niveau linguistique, notamment vis-à-vis de l’enseignement du français, aussi bien à l’adresse des étudiants accueillis qui sont francophones qu’à destination des professeurs japonais et égyptiens qui ressentent le besoin d’apprendre ou de perfectionner leur niveau en français. – Enfin, l’Université souhaite s’investir dans la mise en place de formations à distance en FOS et FLE, en partenariat avec l’Institut Français d’Egypte et souhaite solliciter pour cela les compétences de l’AUF.
Progrès Dimanche : Quant aux frais de l’Université, ça coûte combien ? Y a-t-il des bourses en faveur des premiers du Bac ?
Dr El-Gohary : L’Université offre des bourses aux 100 premiers du Bac. Les élèves qui ont pu passer le test de l’Université auront une réduction de 25% soit 60 000 (ingénieries) et 47 000 (business). Il s’agit des chiffres à la portée des foyers. La gratuité de l’enseignement n’est pas l’option parfaite, nous cherchons à créer une génération hautement éduquée tout en s’armant de culture et de principes les qualifiant à s’imposer sur le marché du travail.
Progrès Dimanche : Qu’en est-il pour les cursus ?
Dr El-Gohary : Bénéficier du modèle japonais d’éducation innovante, basé sur la recherche scientifique, l’application pratique et la méthodologie de résolution de problèmes. Fournir des spécialités universitaires en interaction avec tous les secteurs de production et de services, c’est donc une université de recherche de première classe selon les normes internationales. Servir le développement humain en Égypte, dans la région arabe et en Afrique. Programmes d’études disponibles : La Faculté d’ingénierie : Le collège délivre les diplômes de licence, de maîtrise et de doctorat et ses départements : – Génie électronique et des communications. – Informatique et ingénierie. – Génie électrique. – Génie industriel et de fabrication. – Mécatronique et robotique – Science et ingénierie des matériaux. – Génie chimique et pétrochimique. – Ingénierie des ressources énergétiques. – Génie de l’environnement. – Génie biomédical et bioinformatique (programme de baccalauréat). – Magistère en ingénierie après les études supérieures, aux sections suivantes : (Internet des objets – Communications sans fil intelligentes – Vision par ordinateur et multimédia – Transmission d’énergie sans fil – Systèmes embarqués – Nanoélectronique et nanopotons – Ingénierie des données – Sécurité cybernétique – Neurosciences informatiques et robotique cognitive – Modélisation et simulation – Ingénierie informatique quantitative). Le Collège des sciences fondamentales et appliquées, délivrant des diplômes de maîtrise et de doctorat dans quatre majeures : – Les mathématiques computationnelles et appliquées. – La biotechnologie. – Les nanosciences. – Les ressources énergétiques. Faculté des affaires internationales et des sciences humaines : – Le baccalauréat, comprenant le programme de ressources humaines et le programme de comptabilité. – Les études supérieures pour l’obtention de diplômes de magistère et de doctorat. – Programme des études du patrimoine pour décerner des diplômes et des masters. – Programme de MBA en administration des affaires
Progrès Dimanche : A propos de la conception de l’Université, est-il nécessaire que les étudiants habitent au sein des bâtiments résidentiels ?
Dr El-Gohary : La politique de l’Université repose sur le fait que les étudiants logent dans les apparts de l’Université pour éviter toute distorsion et assimiler tous les principes et valeurs requis. L’Université égypto-japonaise des sciences et technologies est un des édifices scientifiques géants que l’Etat a réussi à mettre en place durant les quelques dernières années avec d’autres projets visant essentiellement à améliorer la qualité de l’enseignement en Egypte. Ce qui augure de bon que le Chef de l’Etat pense également de la même façon. Nos visions se rencontrent, puisque cherchant à changer le système éducatif en Egypte pour produire des connaissances pour que l’Egypte puisse se redresser et se ranger aux côtés des superpuissances en matière de connaissance, d’innovation et d’économie.
L’Université se compose de :
– Cité universitaire et résidence étudiante : Elle comprend 25 bâtiments résidentiels pour loger étudiants et professeurs sur une superficie de 10,6 feddans, pouvant accueillir plus d’un millier d’étudiants. L’Université propose également des appartements meublés pour les familles d’étudiants mariés. – La maison d’hôtes universitaire comprend 3 bâtiments d’une superficie de 1,2 hectare composés de 85 chambres. – Le bâtiment des services éducatifs et administratifs couvre une superficie de 7500 mètres carrés (rez-de-chaussée + 2 greniers), et comprend 6 salles de classe équipées des derniers équipements, chacune d’une capacité de 40 : 100 étudiants. – Une salle de bal équipée des derniers équipements de sonorisation et d’éclairage, d’une capacité de 300 chaises. – Centre de données et guichet automatique pour 2 banques. – Le bâtiment des activités étudiantes s’étend sur une superficie de 3400 mètres carrés et comprend une piscine, un court de squash, une salle de sport et des jeux japonais. Progrès Dimanche : Y a-t-il une section pour apprendre la langue japonaise ?
Dr El-Gohary : Tous les quatre ans, les étudiants apprennent et maîtrisent la langue japonaise puisque étant une partie de la culture de l’Université.
Progrès Dimanche : Espérons faire plus de coopération avec Ejust et créer un supplément en japonais pour aider les étudiants à apprendre la langue japonaise.
Dr El-Gohary : Certainement, il s’agit d’une bonne idée. Nous cherchons à créer une génération qui maîtrise bien la langue japonaise faisant allusion aux étudiants de l’AUC.