Au Japon, un essai clinique précoce sur 20 patients atteints par la maladie de Charcot, incurable à ce jour, a offert des résultats prometteurs. Éléments d’explications sur les tests réalisés et leurs résultats. La sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi appelée maladie de Charcot, est une maladie neurodégénérative qui détruit les neurones moteurs (ou motoneurones) et qui entraîne une paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire (pour la marche, la parole ou encore la déglutition). Il existe actuellement trois médicaments approuvés par la Food and Drug Administration pour cette maladie incurable mais leurs bénéfiques restent limités, se concentrant surtout sur la réduction des symptômes. Pour la maladie de Parkinson, le ropinirole est un médicament efficace qui pallie le déficit en dopamine – caractéristique de la maladie – et améliore notamment le temps de marche. Les chercheurs s’intéressent à ce traitement déjà approuvé pour traiter d’autres maladies neurodégénératives comme la SLA. Les résultats d’un essai clinique précoce, publiés dans la revue Cell Stem, montrent que le ropinirole est prometteur contre la SLA, retardant sa progression de 27,9 semaines en moyenne. « Nous avons constaté que le ropinirole est sûr et tolérable pour les patients atteints de SLA et qu’il est prometteur sur le plan thérapeutique pour les aider à maintenir leur activité quotidienne et leur force musculaire », a déclaré le coauteur Satoru Morimoto, neurologue à l’école de médecine de l’université Keio à Tokyo.L’équipe de recherche a recruté 20 patients japonais atteints de SLA non familiale (aucun des patients n’était porteur de gènes prédisposant à la maladie). Pendant les 24 premières semaines de l’essai, ces personnes ont reçu soit du ropinirole, soit un placebo, sans savoir de quoi ils bénéficiaient. Si certains patients ont dû abandonner l’essai à cause de la pandémie de Covid-19, les autres ont tous reçu le médicament par la suite. La mobilité, la force musculaire et la fonction pulmonaire des patients qui avaient reçu le ropinirole pendant les deux phases de l’essai diminuaient moins vite que celles des patients qui avaient reçu un placebo en première phase. Pour plus d’efficacité, le traitement doit donc être administré sur une plus longue durée. Les chercheurs ont également recherché des marqueurs moléculaires de la maladie, afin d’élucider les mécanismes à l’origine des effets du ropinirole. À partir du sang des patients, ils ont généré des cellules souches pluripotentes induites et les ont cultivées en laboratoire pour les différencier en motoneurones. Ils ont constaté que les motoneurones des patients atteints de SLA présentaient des différences de structure et d’expression génétique par rapport aux motoneurones sains, mais que le ropinirole réduisait ces différences.« Nous avons trouvé une corrélation très frappante entre la réponse clinique d’un patient et la réponse de ses motoneurones in vitr, explique le neurologue. Les patients dont les motoneurones répondaient de manière robuste au ropinirole in vitro avaient une progression clinique de la maladie beaucoup plus lente avec le traitement, tandis que les patients dont la réponse était sous-optimale présentaient une progression beaucoup plus rapide de la maladie malgré ce même traitement. »On ne sait pas exactement pourquoi certains patients réagissent mieux au ropinirole que d’autres, mais les chercheurs émettent l’hypothèse de différences génétiques qu’ils espèrent révéler dans de futures études.