Si le taux d’urbanisation a explosé au cours des dernières décennies, il n’a pas fini de s’accroître dans les années à venir. Cette croissance n’est pas sans conséquences sur le quotidien des citadins, de même qu’elle soulève des enjeux environnementaux de taille, qu’il devient urgent de prendre en considération.
Le concept de Smart City s’affirme comme un défi ambitieux, parce qu’il s’agit d’un projet collectif et collaboratif, la ville intelligente ne peut cependant prendre forme qu’à la condition que les secteurs publics et privés, ainsi que les habitants de la ville, en deviennent tous des acteurs de premier plan.

De nouveaux modèles futuristes
Par Alia Abou El-Ezz
La « ville intelligente », est une entité construite sur la base d’une infrastructure de communication et de technologies de l’information qui permet une gestion efficace de la ville, et promeut le développement économique durable et l’innovation.
Elle est également connue comme un complexe urbain basé sur trois piliers : un pilier technique, un pilier social, et autre environnemental.
Elle forme donc trois villes en une seule, à savoir la ville de l’information, la ville de la connaissance et celle de l’environnement. Cette ville comprend en effet trois éléments : l’information, les individus et l’environnement.
Avec l’accélération des efforts internationaux visant à réduire les émissions de carbone et à faire face à la crise du changement climatique, les villes intelligentes ont acquis un élan supplémentaire, d’autant plus que, selon les estimations, les villes représentent entre 60 et 80 % de la consommation mondiale d’énergie. Elles sont considérées à l’origine responsables de plus de 70 % des émissions de carbone annuelles.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), une ville intelligente et durable est une ville innovante qui utilise les technologies de l’information et des communications pour améliorer la qualité de vie, l’efficacité des opérations et des services urbains et la capacité d’être compétitive, tout en répondant aux besoins des générations actuelles et futures en matière économique, sociale, environnementale et culturelle.
Les caractéristiques des villes intelligentes
Une ville intelligente ou une ville durable a recours à des infrastructures basées sur les technologies et l’innovation. Pour être considérée comme Smart city, une agglomération doit posséder certaines caractéristiques, comme :
- La prise d’initiatives vis-à-vis de l’économie d’électricité et de la pollution ;
- Le réseau de transports publics optimisé ;
- Un sens pointu de l’urbanisme et de l’architecture du territoire ;
- Une maîtrise raisonnée de l’écosystème.
– L’intégration des infrastructures des technologies de l’information et de la communication, car la ville intelligente inclut des technologies qui la rendent capable d’absorber tout développement dans le domaine technique pour couvrir les services futurs.
– Le transport intelligent qui s’appuie sur les technologies de l’information, pour soutenir des infrastructures intelligentes et durables, à travers la transition vers des villes vertes durables.
– Un gouvernement intelligent qui utilise des moyens électroniques pour fournir des services gouvernementaux, et la capacité d’échanger des informations et de communiquer entre la population et le gouvernement, à travers des transactions électroniques.
– La disponibilité d’un organe administratif central de la ville ; il comprend un système de contrôle électronique sous la supervision de ressources humaines qualifiées, tout en adhérant à des normes de performance strictes pour atteindre l’efficacité des performances.
– La dépendance sur des sources d’énergie renouvelables, telles que l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’énergie hydraulique.
– Une économie intelligente, en vue d’améliorer la recherche et le développement, pour augmenter les opportunités d’emploi et la productivité, grâce à la flexibilité du marché du travail et à l’efficacité du rôle économique de la ville sur le marché local et mondial.
– Un citoyen intelligent, qui forme la pierre angulaire du système de la ville intelligente.

Des villes intelligentes, pourquoi ?
Par Hanaa Khachaba
Une ville intelligente, également appelée ville connectée ou ville numérique, est un concept qui vise à utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour améliorer la qualité de vie des habitants, la durabilité environnementale et l’efficacité des services urbains.
Dans ce contexte, l’Egypte se lance à grands pas. De nombreuses initiatives ont été menées pour moderniser les infrastructures urbaines et intégrer les technologies numériques afin de révolutionner des villes déjà existantes et en créer d’autres dites de la 4e génération.
Ces projets gigantesques visent à améliorer la qualité de vie des citoyens, améliorer la gestion du trafic, la surveillance de la sécurité et l’efficacité énergétique grâce à l’utilisation de capteurs, de systèmes de surveillance et de plateformes de données.
Ceci dit, les résidents, les entreprises et les organes gouvernementaux des villes intelligentes bénéficient d’une gamme d’avantages précieux, allant d’une sécurité accrue et de transports publics plus accessibles à la réduction des émissions de carbone et à une croissance économique plus forte.
Effectivement, les villes intelligentes utilisent des technologies intelligentes innovantes dans maints domaines. Qu’il s’agisse de l’eau, de l’électricité, des routes, des feux de signalisation, des services urbains ou des réseaux de communication, l’infrastructure est ce qui assure le bon fonctionnement d’une ville. Compte tenu de l’augmentation de la population urbaine et de la demande croissante de services numériques et d’infrastructures modernes, il est plus important que jamais pour les villes de fournir des infrastructures flexibles, résilientes et sécurisées. Dans les villes intelligentes, de nombreuses solutions technologiques sont adoptées en vue de permettre aux administrations de faire une multitude de tâches dans de brefs délais et avec la performance la plus minutieuse et inspirant confiance.
Les avantages des villes intelligentes
Améliorer la qualité de vie : Car les villes intelligentes utilisent une variété de technologies pour fournir des solutions de ville intelligente connectées aux résidents, ces villes sont d’excellents endroits où vivre et travailler. Ces zones urbaines offrent des trajets plus courts, des systèmes de transport faciles d’accès, des rues plus sûres, des espaces verts, un air plus pur, des services améliorés pour les résidents et de nombreuses opportunités économiques. Tout cela se traduit par une meilleure qualité de vie pour la population de la ville intelligente.
Fournir de meilleurs services : En raison des progrès constants de la technologie moderne, la communauté en est venue à attendre des services simples, sûrs et accessibles. Les villes intelligentes fournissent des services fiables et conviviaux qui placent les individus au centre de leur expérience, tout en sécurisant les informations publiques sensibles. Les habitants de ces villes plus intelligentes bénéficient de services publics modernes, de transports intelligents et d’expériences numériques fiables.
Stimuler la croissance économique : Les zones urbaines ont toujours été des centres névralgiques d’échanges et de commerce. Aujourd’hui, les villes intelligentes accélèrent leur croissance économique en investissant dans des technologies intelligentes. Les entreprises sont attirées par ces villes modernes parce qu’elles offrent de meilleurs réseaux de communication, une mobilité accrue, des infrastructures fiables, des services accessibles, des clients et employés potentiels en plus grand nombre. En outre, les villes intelligentes donnent accès à des données et à des informations précieuses sur les clients, ce qui permet aux entreprises de prendre des décisions stratégiques plus éclairées.
Optimiser les opérations : En plus d’améliorer la vie des résidents, la technologie permet aux organismes publics de rationaliser leurs opérations. Les organismes publics des villes intelligentes ont accès à une infrastructure numérique moderne qui leur permet de partager des données ouvertes, d’exploiter des informations en temps réel et de promouvoir la collaboration entre organismes. Ils peuvent ainsi accroître leur productivité, autonomiser leurs employés et améliorer les services aux citoyens.
Favoriser la durabilité environnementale : Car la durabilité est devenue une priorité absolue pour la population du monde entier, de nombreuses administrations municipales recherchent des technologies de ville intelligente pour les aider à encadrer leur empreinte carbone et à réduire leur impact environnemental. Les villes intelligentes exploitent des solutions numériques pour accroître l’efficacité énergétique, promouvoir des pratiques durables en matière d’eau et mesurer et réduire leurs émissions de carbone.
Rationaliser les transports : Les villes intelligentes du monde entier favorisent la transformation numérique dans le domaine des transports pour améliorer leurs infrastructures, moderniser les transports publics et permettre des opérations logistiques multimodales. Ces villes utilisent des solutions numériques connectées pour surveiller les conditions de circulation en temps réel, simplifier la perception des péages et des parkings, et donner aux employés des transports les moyens de servir la communauté plus efficacement sur le terrain.

L’écosystème Smart city
Par Nermine Khattab
Une Smart city est un écosystème qui met à contribution tous les acteurs de la ville (citoyens, entreprises, administrations publiques) afin de créer des synergies et de répondre aux besoins de chacun de manière efficiente et responsable.
Les Smart Cities sont des zones où technologie et connectivité sont au cœur de l’infrastructure. Elles offrent des espaces pour vivre, apprendre, travailler, entreprendre et développer des activités innovantes.
Selon Rudolf Giffinger, expert en recherche analytique sur le développement urbain et régional à l’Université technologique de Vienne, une Smart city doit répondre à 6 critères :
Une administration intelligente
Un mode de vie intelligent
Des habitants intelligents
Une économie intelligente
Un environnement intelligent
Une mobilité intelligente
La Nouvelle capitale, prémices de Smart cities
Les conférences autour du sujet « Smart cities » se multiplient en Egypte. La ville du Caire, a organisé une grande conférence autour du sujet des villes intelligentes, en Septembre 2016. Une 2ème édition de cette conférence a également été organisée en Septembre 2017. Plus de 35 intervenants, 1000 décideurs de haut niveau et 3000 visiteurs ont participé à cette conférence.
Ces évènements montrent l’intérêt que porte la capitale égyptienne au concept de ville intelligente. Le Méga projet « The capital Cairo » est la concrétisation de cet intérêt. La Nouvelle capitale de l’Egypte sera conçue pour accueillir 5 millions d’habitants. Cette nouvelle ville sera constituée d’un écrin d’espaces verts et de plans d’eau, des centaines de km² d’espaces verts, des fermes solaires qui s’étendent sur 91 km², un quartier d’affaire et des zones ultra-sécurisées pour les administrations et les institutions.
Ce projet de la Nouvelle capitale administrative et son impressionnante maquette ont été dévoilés en Mars 2016 à Charm El-Cheikh par le président Egyptien et le groupe émirati Capital City Partners.
« Douze fois plus étendue que Manhattan et sept fois plus que Paris intra-muros », comme le soulignent ses concepteurs, la Smart city devrait sortir des sables d’ici cinq à sept ans à 50 km du Caire, sur une zone encore désertique de 700 km2 située entre les quartiers Est de l’« ancienne ville » et l’entrée du canal de Suez.
L’objectif de ce méga projet serait également de désengorger le Caire, asphyxié et paralysé par la surpopulation et les embouteillages, et de délocaliser les principaux bâtiments administratifs, sièges institutionnels et représentations diplomatiques.
Parmi les piliers de la future capitale intelligente de l’Egypte, figurent les technologies de l’information, et la connectivité, les réseaux intelligents, les moyens de transport intelligents ainsi que l’administration intelligente.
Le concept de ville intelligente n’est pas nouveau en Egypte. Un Smart Village a été construit en 2001, entre les deux villes du Caire et d’Alexandrie et s’est vite imposé pour devenir le plus important centre high-tech d’Afrique.
Pyramide en verre bleu, navire d’un blanc immaculé, temple pharaonique stylisé : Smart Village et ses bâtiments futuristes sont semblables à un mirage sorti du désert aux portes du Caire.
Smart Village compte plus de 35 000 employés, d’élite polyglotte et souvent jeune au service des plus grandes sociétés égyptiennes et multinationales, IBM, Google ou Vodafone : une cinquantaine d’entreprises, dont toutes les stars des technologies de l’information et de la communication (TIC), se sont implantées au cœur de ce business park d’environ 3 kilomètres carrés, qui rayonnent sur l’Afrique et le Proche-Orient.

Essor de la vie urbaine : L’avenir est aux villes de la G4
Sous les changements démographiques et climatiques que connaît l’Egypte comme toute la planète, l’avenir est aux villes de la 4e génération (villes durables), comme l’affirment gouvernement et experts. Mais que désigne exactement une ville de la 4e génération ? Et pourquoi l’Egypte s’y tourne ?
Par : Marwa Mourad
2023 a été l’année de l’inauguration des premières phases des projets de construction de plusieurs villes durables dans le cadre d’une vision futuriste du développement urbain. 20 villes durables, construites sur une superficie totale de 580 000 feddans, sont en phase de construction et devront assimiler environ 30 millions de citoyens. Parmi elles la Nouvelle Capitale Administrative, la nouvelle ville d’Al-Alamein, la ville d’Al-Galala, la ville du nord de Port-Saïd, la nouvelle ville d’Ismaïliya sur le Canal de Suez, la nouvelle ville de Mansoura, la ville de l’Est d’Assiout en Haute-Egypte et la nouvelle ville de Tochka.
Ces méga-projets marquent le passage à la 4e génération d’agglomérations urbaines. Il s’agit notamment d’établir de nouvelles agglomérations urbaines durables, respectueuses de l’environnement et de l’urbanisme écologique, qui prennent en compte simultanément les enjeux technologiques, sociaux, économiques, environnementaux et culturels de l’urbanisme. Ces villes devraient changer l’aspect de la vie urbaine en Egypte, encourager les investissements, créer des offres d’emploi et contribuer à réduire la densité de la population dans la Vallée du Nil et le Delta. « La création des villes durables vise en premier lieu à offrir de meilleures conditions de vie aux Egyptiens. Il faut créer de nouvelles agglomérations urbaines pour absorber la croissance démographique accrue et non planifiée que connaît l’Egypte », a affirmé le président Al-Sissi lors d’une tournée d’inspection des travaux sur les chantiers de la Nouvelle Capitale administrative.
Si on parle de 4e génération, c’est que l’Egypte a déjà une longue expérience avec 3 précédentes expériences de création de villes nouvelles. La première a eu lieu à la fin des années 1960 et pendant les années 1970, avec la création des villes du 6 Octobre, du 15 Mai et de Sadate.
La seconde génération a été construite au début des années 1990, entre autres, la ville de Badr et celle d’Al-Obour, alors que la 3e génération est celle des années 2000, avec l’exemple du Nouveau-Caire. Toutes les villes de ces trois générations, malgré la différence de leur niveau, de la qualité des services et des infrastructures, ont été planifiées selon des normes urbaines traditionnelles. Aujourd’hui, c’est un essor important pour l’Egypte de se tourner vers les villes durables respectueuses de l’environnement, des principes du développement durable et de l’urbanisme écologique, qui cherche à prendre en compte simultanément les enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de l’urbanisme pour et avec les habitants. L’avenir est à ce genre de ville qui offre une multitude d’opportunités économiques et une qualité de vie exceptionnelle. En Egypte, avec l’explosion démographique et la pollution due à plusieurs facteurs dont l’usage de l’énergie non renouvelable, il était nécessaire de chercher des solutions inédites aptes à surmonter ces défis et garantir un avenir plus sûr, puisqu’il s’agit de villes capables de se maintenir dans le temps.
Ces mégaprojets devront changer l’aspect de la vie urbaine en Egypte, encourager les investissements, favoriser la croissance économique, créer des offres d’emploi, diversifier les exportations tout en contribuant à réduire la densité de la population dans la vallée du Nil et le Delta.

Partenariat public-privé pour les villes de demain
Pour aller de l’avant, il était indispensable de réfléchir autrement pour concevoir une urbanisation différente qui serait principalement durable. Les villes intelligentes en sont la déduction. Et pour y aboutir, un partenariat fructueux entre les secteurs privé et public a été établi pour présenter un produit innovant : une ville intelligente intégrant des populations plus nombreuses et diverses sur les plans ethniques et socio-économiques, vivant dans un milieu sûr, vert et dynamique.
Par Névine Ahmed
D’habitude plus de la moitié de la population en Egypte vit dans une ville. Confronté à maints défis, le gouvernement devait adopter de différentes approches pour produire de la richesse et de l’innovation, tout en assurant en même temps, la santé et la durabilité. La solution était de construire des villes intelligentes.
Le gouvernement égyptien a donc choisi de travailler de concert avec le secteur privé afin d’assurer la transition durable et intelligente. Ce concept de “smart city” implique donc le développement d’une dynamique solide entre toutes parties prenantes pour assurer la durabilité. Les experts estiment à cet effet, que dans le l’écosystème de la ville intelligente, le rôle du secteur privé est essentiel, voire crucial, puisqu’il s’agit d’apporter toutes compétences en matière de technologies avancées et de pointe et de financements.
Ce partenariat donc entre public est privé peut se résumer comme suit : les opérateurs privés apportent des solutions innovantes pour faire face aux défis de cette transition vers l’intelligent et le durable. Ils aident également le secteur public à concrétiser et à mettre en vigueur la vision prospective de la durabilité.
L’idée d’un partenariat entre le public et le privé en Egypte, a commencé en quelques sortes avec un partenariat conclu entre l’autorité des nouvelles agglomérations urbaines et quelques sociétés et entreprises privées pour construire plusieurs villes intelligentes et durables. La collaboration entre les deux parties repose donc notamment sur l’attribution de terrains à une grande société de promotion immobilière, reconnue pour son efficacité et possédant une longue expérience dans le domaine immobilier. Ladite société devrait par exemple, payer la valeur du terrain à échelons et sous diverses formes de paiement. En échange, ladite autorité aura une part des unités résidentielles entièrement terminées du projet.
Les responsables ont notamment expliqué que la question du partenariat entre les secteurs public et privé a dernièrement acquis une grande importance, étant donné que cette question représente l’un des points essentiels de la mise en œuvre des projets d’infrastructure, piliers sur lesquels les pays- en particulier les pays en développement- comptent sur l’élaboration et la mise en œuvre des plans de développement durable. Cela stimule, comme explique les économistes, la croissance économique et résout l’un des problèmes majeurs auquel ces pays sont confrontés, celui de trouver le financement nécessaire pour mettre en place ces projets.
Et pour conclure, soulignons que le chef du gouvernement a affirmé, à plusieurs reprises, que l’Etat encourage les projets basés sur le partenariat avec le secteur privé, en particulier dans les domaines qui servent les objectifs de développement en Egypte, tout en assurant la présence d’une vraie et solide volonté de fournir les diverses facilités, afin d’attirer davantage d’investissements à travers ce système de partenariat.