L’Etat égyptien place l’éducation au cœur de ses priorités nationales, reconnaissant son rôle essentiel dans le développement socio-économique du pays. Face à de nombreux défis, tels que le manque d’infrastructures, la qualité de l’enseignement et l’adéquation des programmes avec les besoins du marché du travail, le gouvernement a lancé plusieurs réformes ambitieuses dont certaines ont déjà porté leurs fruits. Sous la direction de plusieurs ministres de l’Enseignement, l’Egypte avance à pas sûrs vers son objectif : révolutionner le système éducatif pour forger des générations à même de prendre le relais.
Trois piliers fondamentaux dans le viseur
Les ambitions futures de l’Egypte en matière d’éducation sont de continuer sur cette lancée, en visant un système éducatif inclusif et de qualité qui prépare les jeunes à relever les défis d’un monde en constante évolution. En promouvant l’innovation et la recherche, le pays aspire à former une génération capable de contribuer activement à son développement et à sa compétitivité sur la scène internationale. Pour y arriver, il est tout d’abord essentiel de s’attaquer à ces trois dossiers de prime importance.
Par : Hanaa Khachaba
1- Les enseignants, architectes de l’avenir


Les enseignants jouent un rôle crucial dans le développement de la société, car ils sont responsables de la formation des jeunes générations. Cela étant, ils doivent eux aussi suivre une formation bien encadrée.
Le président a affirmé à plusieurs reprises, lors de conférences sur la jeunesse, que la mission des enseignants est sacrée et qu’il n’y a pas de réforme de l’éducation sans les enseignants, qui sont le pilier de l’ensemble du processus éducatif.
Lors d’une des conférences sur la jeunesse, il a indiqué que la situation des travailleurs de l’éducation sera améliorée dès que l’économie égyptienne se redressera. En 2015, un projet national intitulé « L’éducation d’abord » a été lancé pour former les enseignants. Au cours de la première phase, 8 571 cadres administratifs des écoles ont été formés sur un objectif total de 20 122 stagiaires, incluant 4 275 directeurs d’écoles, enseignants et spécialistes. De plus, 731 directeurs d’écoles publiques de langues et 286 enseignants d’anglais ont été formés lors de la deuxième phase du projet « L’éducation d’abord » en janvier 2016.
Actuellement, la formation de 90 000 enseignants, spécialistes et dirigeants scolaires des écoles d’éducation générale intégrative de tous les gouvernorats a été achevée. avec des modules de formation spécialisés tels que : stratégies modernes d’enseignement, gestion de classes à forte densité, approche Montessori, élaboration de plans éducatifs individuels, modification du comportement et développement des compétences.
De nombreux accomplissements ont été réalisés avec l’annonce d’un concours de recrutement pour 150 000 enseignants sur une période de 5 ans. 30 000 enseignants ont été recrutés pour les classes inférieures afin de combler le manque dans les spécialités requises. Le ministère de l’Enseignement a organisé des tests pour plus de 14 000 diplômés candidats à des postes dans les jardins d’enfants, ainsi qu’environ 15 000 candidats pour des postes d’enseignants dans les classes inférieures.
De plus, le ministère a lancé une initiative pour sélectionner et former 1 000 jeunes enseignants afin qu’ils suivent un programme de formation d’excellence pour devenir directeurs d’école, en plus de former les conseillers pédagogiques sur les méthodes et la formulation des questions selon le nouveau système d’évaluation du cycle secondaire.
Le ministère de l’Enseignement a également mis en place un programme pour les enseignants intitulé « Je suis l’enseignant ». Il s’agit d’un programme incitatif offrant aux enseignants des réductions chez certains commerçants. L’enseignant inscrit sur le site web du ministère peut consulter les noms des commerçants, leurs succursales, et le pourcentage de réduction accordé par chaque commerçant, puis choisir parmi les commerçants disponibles pour bénéficier d’une remise.
Dans le cadre de son engagement à soutenir les enseignants, le projet « Soutien à l’enseignant » a été lancé, incluant plusieurs services : le service « Payez plus tôt », le service « Offres de paiement échelonné », et le service « Payez vos factures ». Ce projet vise à donner aux enseignants un sentiment de sécurité face aux situations d’urgence et aux crises, tout en augmentant les services que le ministère s’efforce de fournir aux enseignants. Le projet « Soutien à l’enseignant » permet aux enseignants de recevoir leur salaire en avance, jusqu’à une semaine ou plus avant la fin du mois, et d’obtenir 300 % de leur salaire, à rembourser sur 10 mois.
2- Des systèmes d’éducation à toutes les sauces


Le président Abdel Fattah Al-Sissi a veillé à développer le système éducatif en instaurant divers modèles d’éducation selon des expériences mondiales, notamment par la création de nouveaux types d’écoles. L’expérience japonaise a particulièrement retenu l’attention du président pour son potentiel à améliorer l’éducation. Grâce aux directives de la direction politique et en collaboration avec le Japon, le ministère a réussi à établir de nombreuses écoles à travers le pays, atteignant actuellement 52 écoles dans 26 gouvernorats. L’objectif est d’étendre ce modèle et de construire 100 autres écoles. Environ 9 000 élèves fréquentent les écoles égyptiennes japonaises, y compris 147 élèves ayant des besoins spéciaux, avec 1 450 enseignants.
Il existe également des écoles internationales publiques égyptiennes, une initiative lancée par le ministère de l’Enseignement en 2014, dans le cadre d’un protocole tripartite avec l’Organisation du Baccalauréat International (IBO), les écoles internationales Greenland et le ministère de l’Enseignement. En 2018, le ministère a décidé d’élargir l’expérience des écoles publiques internationales en signant un protocole de coopération avec la Fondation des écoles internationales en Egypte, en réponse à la demande croissante des parents pour ce type d’école. Aujourd’hui, le nombre d’écoles a atteint 18 dans différents gouvernorats.
Ces écoles proposent des programmes accrédités internationalement, que ce soit le Baccalauréat International ou le diplôme britannique, permettant aux élèves d’obtenir à la fin de leur parcours éducatif un certificat IB ou IG, reconnu dans toutes les universités, qu’elles soient égyptiennes ou étrangères. Ce qui les distingue, c’est le coût relativement bas des frais de scolarité, qui commencent à 15 000 livres égyptiennes et n’excèdent pas 20 000.
Le ministère a également élargi la création des « écoles du Nil », avec 14 écoles établies jusqu’à présent dans différents gouvernorats. L’objectif est de construire 30 autres écoles à travers le pays, avec l’ouverture de quatre nouvelles écoles du modèle des écoles internationales du Nil prévue pour l’année scolaire 2024/2023.
Les écoles technologiques appliquées sont également considérées comme un axe important sur lequel la direction politique souhaite se concentrer dans les années à venir. Un certain nombre de nouvelles écoles ont été créées pour développer des modèles éducatifs qui ont fait leurs preuves en Egypte.
Les écoles technologiques appliquées sont l’un des modèles réussis d’investissement dans l’éducation, avec un total de 52 écoles actuelles. Elles visent à relier l’éducation aux besoins du marché du travail, notamment avec l’émergence de nouvelles professions. L’Egypte vise à atteindre 420 écoles d’ici 2030. En réponse à la demande de la Fédération des industries égyptiennes pour la désignation d’écoles techniques spécifiques pouvant être transformées en écoles de technologie appliquée en partenariat avec des investisseurs privés, 85 écoles techniques ont été identifiées, dont neuf sont actuellement vides.
Le ministère de l’Enseignement cherche également à lancer davantage d’écoles de technologie appliquée dans divers domaines économiques et de services, avec de nouvelles spécialités correspondant aux métiers de l’avenir.
3- L’enseignement technique, un pont vers l’emploi


Des réalisations ont été accomplies par l’Egypte dans le domaine du développement de l’éducation technique, notamment la création d’une autorité indépendante pour garantir la qualité, ce qui entraînera un véritable saut en avant dans la qualité des diplômés de l’enseignement technique.
Des programmes d’études basés sur une méthodologie de compétences ont été adoptés. Une nouvelle autorité indépendante a été créée pour garantir la qualité et l’accréditation dans l’enseignement technique et la formation professionnelle (Ittqan), et une nouvelle direction (CEQAT) a été instaurée au ministère pour créer une culture de qualité et soutenir les écoles techniques dans leur démarche d’accréditation par l’autorité (Ittqan). Plus de 90 programmes d’études ont été adaptés selon la méthodologie de compétences sur un total de 125, et ils ont été examinés par des représentants du marché du travail. En septembre 2019, 107 écoles techniques avaient déjà mis en œuvre ces programmes, 118 en septembre 2020, et 453 en septembre 2021. En septembre 2022, le nombre total d’écoles appliquant ces programmes développés était de 881, couvrant tous les types d’éducation technique (industrielle, agricole, commerciale, hôtelière, et éducation double).
Les programmes d’études développés ont également été appliqués à tous les élèves inscrits en première année de lycée dans toutes les écoles techniques (publiques et privées) qui mettent en œuvre ces programmes variés. Il est prévu que le développement de tous les programmes d’études soit achevé et appliqué dans toutes les écoles techniques d’ici septembre 2024.
Le ministère de l’Enseignement a également adopté un règlement sur l’évaluation et la vérification du ministre de l’Enseignement en 2022, qui repose sur l’évaluation formative, visant à suivre les progrès des élèves et à leur fournir des retours d’information pour les aider à progresser dans l’étude des unités du programme. Les enseignants et les élèves reçoivent des informations sur les progrès réalisés par l’élève dans la partie étudiée de l’unité, suivies d’une vérification interne et externe. A cet égard, plus de 4000 vérificateurs internes et externes ont été préparés et formés pour garantir la validité des décisions d’évaluation, dans le cadre de l’assurance qualité de l’application des programmes d’études développés.
Actuellement, la formation du personnel de l’enseignement technique reprend, avec la participation de partenaires de développement tels que le programme TVET financé par l’Union européenne et le gouvernement égyptien, le projet de soutien à l’emploi et le projet d’assistance technique pour l’initiative de l’éducation technique intégrée financé par le gouvernement allemand par l’intermédiaire de l’Agence allemande de coopération internationale, ainsi que le projet de main-d’œuvre en Egypte financé par l’USAID, visant à former 40 000 enseignants. Le secteur de l’enseignement technique a ainsi réussi petit à petit à changer l’image stéréotypée de l’éducation technique.