Le ministre de l’Enseignement, Mohamed Abdel-Latif, a annoncé mardi 6 août dans une conférence de presse que le taux de réussite au Bac égyptien 2023/2024 a atteint 81,3 %. L’examen du Bac est souvent une source d’angoisse pour les lycéens rêvant de décrocher une place à l’Université. Le cycle secondaire du lycée constitue pour la plupart des élèves un cauchemar. Un mélange d’anxiété et de stress domine les sentiments de tous les membres de la famille ayant un élève en classe de terminal. La panique paraît clairement chez tous les candidats aussi bien que leurs parents pendant les jours d’examens. Au cours des époques, le système éducatif égyptien a connu plusieurs étapes de modernisation dans le système d’études et d’examens. Essayons de découvrir le développement de ce système depuis l’époque pharaonique jusqu’à nos jours…
Grâce à des sources tombales pharaoniques, on sait qu’un système d’éducation « publique » existait pour les fonctionnaires, les prêtres et les familles royales et ce depuis l’ancien empire, grâce au système des Maisons de vie ou per ânkh (liées à des temples). Cependant le reste de la population (marchands, paysans, militaires de rang, etc.) en était visiblement exclu. Il existait parallèlement une autre institution « publique » d’enseignement, l’ât sebayt (littéralement le « lieu d’enseignement », que l’on peut aussi appeler « école »). Cette dernière, étant plutôt réservée à l’apprentissage de la langue et des chiffres, était favorisée par les scribes dans leur formation, selon Wikipedia.fr. L’Egypte est ainsi le premier empire méditerranéen à avoir connu un enseignement systématisé et organisé.
L’éducation en Egypte connait un certain changement, voire un déclin, sous l’empire perse. En 331 avant notre ère, la nation est libérée par Alexandre, qui en fait un état hellénique, avec ce que cela implique de changements sociaux et éducatifs (utilisation prépondérante du grec ancien, ouverture aux savoirs helléniques, échanges avec les cités grecques du pourtour méditerranéen, envois de savants grecs en Egypte et d’Egyptiens en Grèce, maintien de bibliothèques).
Au temps des fatimides, Al-Azhar prend naissance
Au Xe siècle, les fatimides instaurent leur grande Université Al-Azhar au Caire, autour de la Mosquée du même nom. Après avoir essaimé ses instituts annexes dans tout le pays, elle reste, dix siècles plus tard, la référence mondiale de l’islam sunnite. L’institution accueil toujours environ 10 000 étudiants étrangers par an dans plusieurs dizaines de facultés.
Avec Mohamed Ali, c’est le boom éducatif
Un type de cursus éducatif « moderne » fut introduit sous les auspices du pacha ottoman Mohamed Ali qui régna de 1805 à 1848. Il mit en place un double système d’éducation : l’un servant des écoles traditionnelles (Mansourya) et l’autre appelé Madrasa (mot arabe pour «école ») pour l’élite des fonctionnaires.
La Mansourya enseignait aux étudiants les bases de la lecture et de l’écriture par la mémorisation et la récitation de versets coraniques, sans mettre l’accent sur l’expérimentation, la résolution de problèmes ou l’apprentissage par la pratique, tandis que la Madrasa offrait une pédagogie plus moderne et plus poussée. Ali Pacha fit envoyer deux missions organisées d’étudiants pour étudier à Paris et s’inspirer des méthodes françaises d’enseignement de l’époque (création d’une école républicaine, réforme de l’Université impériale sous Napoléon Ier, accords entre l’enseignement confessionnel et le gouvernement, etc.).
Participation française à l’éducation
La participation française à l’éducation égyptienne n’était pas initialement un projet gouvernemental, mais a plutôt évolué pour devenir un projet gouvernemental à la fin du règne du Pacha Mohamed Ali. C’est en 1798 qu’est fondé l’Institut d’Egypte au Caire, par Napoléon Ier. Une première mission étudiante est alors organisée à travers la Campagne d’Egypte, celle qui va – entre autres – permettre de créer l’égyptologie. Ali étant alors un « Viceroy » de l’Empire britannique, il perçoit aussi cette influence française comme un contrepoids politique et culturel à la domination anglaise.
Au début du XIXe siècle, le Pacha envoie des «missions égyptiennes » en France afin de former les savants égyptiens aux langues européennes et aux sciences modernes. Rifa’a Al-Tahtawi ramène à cette période son journal de voyage, L’Or de Paris (1834), qui décrit ses échanges en France, et va initier de nombreux projets de traduction entre le français et l’arabe.
Le gouvernement français participa aussi à une deuxième mission étudiante française de 1844. Elle était alors motivée par des intérêts coloniaux en Afrique du Nord.
Sous l’empire britannique, la négligence commence
Pendant la période de domination britannique en Egypte, le système éducatif connait une certaine négligence : Evelyn Baring (Lord Cromer), qui administra l’Egypte des années 1880 à 1903, avait déjà connu une expérience négative de l’éducation en Inde, où l’imposition d’établissements d’enseignement de style européen avait créé l’agitation politique et des sentiments nationalistes.
En Egypte, Baring réduit le budget de l’éducation, ferme de nombreux établissements post-secondaires spécialisés et réoriente le programme d’études vers des filières professionnelles. Des frais de scolarité furent aussi introduits, sur le modèle britannique, ce qui réduit la possibilité pour la plupart des Egyptiens de fréquenter l’école. Ces mesures furent progressivement contrées après son départ d’Egypte et sa retraite en 1907.
Indépendance et époque contemporaine
À partir de la présidence de Nasser, en pré-primaire, les activités sont conçues pour que les enfants apprennent des « valeurs religieuses saines », développent la coopération sociale et leur bien-être physique. Anouar El-Sadate libéralise la quasi-totalité des domaines de l’Etat ainsi que l’éducation dans les années 1970 (« infitah »). En 1977, un décret présidentiel soutien le développement de garderies (« Kindergarten ») par la création d’un Comité national pour le bien-être des enfants.
Dans les années 1990, la structure éducative fut révisée pour inclure progressivement la garderie dans l’enseignement de base, bien que sa fréquentation ne soit pas obligatoire. Le nombre d’inscriptions doubla de 1990 à1997.
La Conférence nationale pour le développement des programmes de l’enseignement primaire de 1993 a maintenu le double objectif des préoccupations religieuses islamiques et des préoccupations modernes laïques.